Aux marcheurs d’Au fil du Temps
qui nous laissent de jolies photos en écho de leurs balades.
Photo de Catherine, collines de Nissan, début avril 2018. |
Le 10 avril, Catherine surprend
une colonie d’iris nains main dans la main. Eux aussi marquent le printemps
dans nos garrigues. La nature nous fait dire qu’il serait temps de prendre soin
d’elle, de l’accompagner plutôt que de détruire !
IRIS, dans la mythologie grecque,
fille de Thaumas et d’Electre, messagère des dieux aux ailes irisées, qui
voyage entre ciel et terre. L’arc-en-ciel est son écharpe. La généalogie ès
coumplicat et alors chez les Grecs, je vous dis pas ! Pour Electre,
Elektra, on a l’embarras du choix mais ce Thaumas et sa drôle d’orthographe,
mystère… D’ount sourtis aquèl Thaumas ? A Fleury, on en connaissait un de
toumato, euh, un Thomas. C’est papa qui nous le rapporte, dans ses pages sur
les surnoms de Fleury :
« … Toumassou (le petit Thomas) Alban
Biau de Salles avec qui nous avons vendangé plusieurs années. Il travaillait
parfois pour l’oncle Noé, a été également ramonet pour Henri Carrière, après
Bantoure, et estropiait le français de façon plaisante :
« Je te l’avais pas fa bu[1] ?
C’est ma nebeude ! » (rapporté par Pujolet le peintre).
« Je l’ai compris au remènement des
pots »,
« Le cagarot, il a des banes »,
« Dans un obus, quand ça pète, es pas
tant lou machin que fa mal, ès mai que mai lou dacòs[2] ! »,
« Quand eri sus la Côte d’Usure[3],
vejeri qu’abion uno guerro d’azur » etc. c’était le frère de « Thomas
de les huîtres ».
iris pseudacore auteur Jonathan Billinger Creative Commons licence.
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Revenons à nos si jolies fleurs,
les IRIS, apparus il y a 80 millions d’années dans un secteur qué s’appelario
Antarctique aujourd’hui !
Le plus représentatif, pas celui
qu’on pense, est l’iris des marais faux acore, aux tépales dépourvus de barbes.
Encore une énigme ! Les sépales, verts d’ordinaire, comme supportant les
pétales autrement colorés, on connait. Les tépales sont à mettre entre les
deux, plus tout à fait sépales et pas encore pétales… Cet iris jaune, emblème
de Lille, de la région Bruxelles-Capitale aussi, apprécié par la médecine
d’autrefois pour ses propriétés astringentes et hémostatiques (qui arrête
les hémorragies), poussait abondamment sur les rives de la Lys…
La fleur de Lys qui figurait sur
le blason du seigneur d’Armentières fut adoptée par Clodion le Chevelu (vers
440), roi des Francs Saliens, nouveau suzerain après ses conquêtes au sud des
bouches du Rhin, sur un territoire correspondant à la Belgique actuelle. Par
ailleurs, une légende liée à la bataille de Vouillé (507), raconte qu’initialement repoussé par les
Wisigoths sur les rives fangeuses de la Vienne, Clovis (peut-être
l’arrière-petit-fils de Clodion), voyant une biche emprunter un gué, put faire
traverser ses hommes là où les iris fixent les berges de leurs rhizomes.
Finalement vainqueur, le roi des Francs gardera la fleur comme symbole.
Wikimedia Commons Fleur de lys blanc Author No machine-readable author provided. PRA assumed (based on copyright claims). |
Tout se complique avec les
Carolingiens soucieux de s’appuyer sur la Bible avec les fleurs ornant le Temple
à Jérusalem, le lis, insigne de pureté, de sainteté, fleur du roi Salomon, le
polygame au millier de femmes et plus tard de Marie, enfantant Jésus sans le
concours d’un homme.
Wikimedia Commons Fleur_de_lys Artist Sodacan |
La confusion entre l’iris et le
lis viendrait du dessin stylisé de la fleur. L’eusses-tu cru en voyant cet iris
jaune pseudacorus qui pousse derrière les tamaris, entre les vignes de Gaysart
et les marais de la Joncasse (piémont nord-est de la Clape) ?
[1]
« Je ne te l’ai pas montrée ? C’est ma nièce ! »
« Je l’ai compris au remuement des lèvres »
« L’escargot, il a des cornes. »
[2] « Dans un obus, quand ça pète, ce n’est pas
tellement le machin qui fait mal, c’est principalement le truc ». “Dacòs”
désigne un objet ou une personne dont on a oublié le nom : presta-me lo dacòs,
prête-moi l’objet ; dacòs es pas vengut, un tel n’est pas venu’.
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