Aude, Languedoc, Tchécoslovaquie, Ariège, Pyrénées, Océan Indien, Lyon, Brésil, ports familiers mais unique maison des humains. Apprendre du passé, refuser la gouvernance cupide suicidaire. Se ressourcer dans l'enfance pour résister, ne pas subir. Passer ? Dire qu'on passe ? Sillage ? Aïeux, culture, accueil, ouverture aux autres, tolérance, respect, héritage à léguer (amour, écoute, cœur, mémoire, histoire, arts...) des mots forts, autant de petites pierres bout à bout qui font humanité.
samedi 28 juin 2014
dimanche 22 juin 2014
DOUCE RIVIERE AUX COLERES TERRIBLES, L'AUDE QU'ON DIT BELLE...
Retour sur Achille Mir, le félibre d'Escales.
Toujours dans sa "Cansou de la lauseto", après une réponse à deux amis "qui l’avaient menacé d’une satire s’il ne
 rimait pas en français", et entre autres un sonnet sur l’hiver « ... Al
 cagnard lou bièl s’assoulelho... », puis le bouton de rose et la 
dame-jeanne, suivent les animaux des fables rappelant forcément La 
Fontaine «... un Cagarau...Amé soun oustal sus l’esquino...» ou « La 
Tatiragno e la baboto » (1). Après un « Esprit du vin » qui traduit 
littéralement Baudelaire (2), nous retrouvons notre cher curé conseillé 
par Batisto, le bedeau « Fasèts baneja Lucifer... E beirets lous cors 
pus tanats... magnaguets coumo d’agnèls... » (... Faites pointer les 
cornes de Lucifer pour voir les cœurs les plus endurcis doux comme 
des agneaux...)
Vers la deux-centième page, presque à la fin,
 une ode au Païcherou (3) pour louer sans réserve aucune, et c’est moins
 moderne, l’énergie des hommes à dompter les rivières. Les mots sont 
durs pour fustiger la "rivière" Aude, belle et pourtant capable, en 
quelques heures de tout détruire après avoir aidé les meuniers, les 
drapiers.  
    « Anfin t’aben bridado, Ribièro d’Audo redoutado... 
Moustre afamat.../... Bai, podes escoupi ta fangouso chalibo...
... Sul pauré Paichérou delarguères ta billo,
I briseres lous rens e delaissères l’Illo
Per fugi de l’autre coustat... »
Moustre afamat.../... Bai, podes escoupi ta fangouso chalibo...
... Sul pauré Paichérou delarguères ta billo,
I briseres lous rens e delaissères l’Illo
Per fugi de l’autre coustat... »
    (Nous t’avons enfin bridée, Rivière d’Aude redoutée... 
    Monstre affamé... /... Va, tu peux cracher ta salive boueuse... 
    ... Sur le pauvre Paichérou déverser ta bile, 
    Lui briser les reins et abandonner l’Ille
    Pour t’enfuir de l’autre côté.. ») 
   
 Achille Mir, finalement, se réconcilie avec la « bèlo ribièro » quand 
il évoque le battoir des lavandières rythmant les chansons, les nageurs 
qui croisent les pêcheurs, l’eau bienfaitrice pour les maraîchers de 
l’île : 
    «T’aiman quand, dins l’estiu, de troupos de nadaires, 
Se crousan amé lous pescaires...»
Se crousan amé lous pescaires...»
    (On t’aime [quatre strophes au moins commencent ainsi], quand dans l’été, des bandes de nageurs,
    Se croisent avec les pêcheurs...)
   
 ... Au Paychérou, on danse toujours à l’ombre des guinguettes et si, 
l’été, la joie reste à la baignade, pardonnez-moi d'alourdir d'un bémol l’optimisme de notre auteur audois. 
    Les gens se sont toujours 
gardés de l’eau perfide, des remous qui aspirent, des fosses même 
qualifiées à tort d’insondables ; une méfiance pour l’eau qui dort qui, 
si elle a nourri de vieilles superstitions, se fonde, hélas, sur des 
noyades trop présentes à l’esprit de chacun pour moquer, à la légère, 
les vouivres, ondines et autres génies des eaux qui attireraient les 
malheureux dans les profondeurs. 
    Le doux Paychérou, c’est aussi 
l’image floue de Pierre, l’ami de papa, qui écrivait souvent en 
languedocien (ils disaient "patois", comme Mir d’ailleurs, avant eux, rabaissés au même titre que leur langue régionale). Il signait parfois « Toun amic, Buto-Garo (Es yeu, aco) ». C”est au 
Paychérou qu'il s'est noyé, le 22 juin 1941. 
    « ...J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur. »
Et le souvenir que je garde au cœur. »
   
 Pourquoi, Le Temps des Cerises (4), de Jean-Baptiste Clément, mêlant le 
chagrin d’amour au désespoir politique ? Parce qu’Achille Mir a écrit à 
l’époque de la Commune et si son opinion personnelle  reste aussi 
discrète que celle de Pergaud disant « SON dieu » à propos du curé de 
Melotte, il n’en pense pas moins, toujours dans l’ode au Paichérou : 
    « ... O Franço ! lum de las nacius !
As pagat de miliards e lou trabal s’atudo !... »
As pagat de miliards e lou trabal s’atudo !... »
   
 (Ô France, lumière des nations ! tu as payé des milliards et le travail
 s’éteint !... [les points de suspension sont de l’auteur]). 
    Achille Mir ? un auteur régional et modeste mais à connaître et à relire, sans modération ! 
(1)
 Un escargot avec sa maison sur l’échine. Rappelons aux ramasseurs du 
Sud qu’il est interdit de ramasser le petit gris closco mol : sa 
coquille non bordée indique qu’il n’a pas atteint l’âge adulte (1 an). 
Quant à l'araignée se moquant de la babote, elle m'apprend que cet être 
qu'enfant je voyais synonyme de sorcière, n'est que le ver à soie... 
(2) Alors que le « portillon d'entrée » au Curé de Cucugnan indique bien Birat, Roumanille et Daudet comme sources. 
(3)
 Viendrait de l’occitan : la « paichèra » serait une retenue pour un 
usage domestique des riverains. L’Aude, fleuve côtier, est connu pour 
ses colères aussi soudaines que puissantes. Mir parle d’une crue 
soudaine un premier août, ce qui semble étonnant, hormis en cas d’orage ou
 de trombe comme ce fut souvent le cas dans le Sud, notamment à Nîmes. Or, le 1er 
août 1872, il y a bien eu un phénomène météorologique qui a provoqué une
 crue exceptionnelle de l’Aude avec des hauteurs de 5.50 mètres d’après 
Rousseau et 6.50 m d’après Pardé. 
(http://la.climatologie.free.fr/intemperies/tableau4.htm)
(4) 3,90 € l'autre jour, les bigarreaux, au marché de Saint-Pierre-la-Mer. 
NOTE : j’accepte toute correction et remarque sur la traduction proposée.
Photo autorisée Wikipedia / l'Aude à Carcassonne.  
samedi 21 juin 2014
Fleury en Languedoc / GÉNÉROSITÉ BIEN ORDONNÉE...
Si la générosité des
 contribuables locaux à l'égard des touristes est avérée (rappelons que 
Fleury est dans le top 5 languedocien des communes qui dépensent le plus
 en emplois communaux, des communes qui paient le plus d'impôts, des 
communes qui sont le plus endettées...), la pose de certains panneaux 
explicatifs donne à méditer sur la prétention de certains à tout savoir. 
Concernant l’Étang de Pissevaches, on peut lire que le nom viendrait de l'occitan piss vaga et "signifierait l'endroit où les vagues entrent en pointe (piss) sur la plage".
Pourquoi pas, en effet... même si l'acception de "piss" est plus courante dans le "pissadou", "lo pisso-freg" et les pissotières... Mais à employer le conditionnel, le préposé à l'instruction des touristes pourrait tempérer son propos en indiquant que son hypothèse figure parmi d'autres possibilités dont celle des sources (les vaches... le plateau de Millevaches) qui jaillissent lors des aigats, ces pluies torrentielles "comme vache qui pisse" justement, plutôt d'automne s'infiltrant dans le calcaire de la Clape pour alimenter les exsurgences appelées aussi "caudiers"... pour l'idée de chaleur ou celle du chaudron qui n'est pas sans évoquer un bouillonnement éventuel...
Concernant l’Étang de Pissevaches, on peut lire que le nom viendrait de l'occitan piss vaga et "signifierait l'endroit où les vagues entrent en pointe (piss) sur la plage".
Pourquoi pas, en effet... même si l'acception de "piss" est plus courante dans le "pissadou", "lo pisso-freg" et les pissotières... Mais à employer le conditionnel, le préposé à l'instruction des touristes pourrait tempérer son propos en indiquant que son hypothèse figure parmi d'autres possibilités dont celle des sources (les vaches... le plateau de Millevaches) qui jaillissent lors des aigats, ces pluies torrentielles "comme vache qui pisse" justement, plutôt d'automne s'infiltrant dans le calcaire de la Clape pour alimenter les exsurgences appelées aussi "caudiers"... pour l'idée de chaleur ou celle du chaudron qui n'est pas sans évoquer un bouillonnement éventuel...
lundi 9 juin 2014
Mayotte en danger / BRONCA GENERALE CONTRE LA REFORME DES RYTHMES
Ce
 9 juin 2014, lors d’une réunion organisée par la mairie, une 
protestation générale est montée en puissance contre la lamentable 
réforme des rythmes scolaires initiée par un ministre parti se planquer à
 Bruxelles, passée en force parce que plombée de gredinerie et 
finalement amendée par son successeur. Encore un peu et le soufflé 
providentiel qui ambitionnait de lutter à la fois pour l’emploi, contre 
la délinquance et accessoirement en faveur des élèves (sans jamais 
parler des méthodes, des programmes et des enseignants !!!) devrait 
retomber pour retrouver la dimension qu’il n’aurait jamais dû dépasser, à
 savoir la semaine de 4,5 jours.  
      La
 mairie, apparemment sous pression en amont, a commencé par annoncer une journée type, de 7h 
30 à 15h 30 en arguant qu’il serait bien de proposer aux enfants autre 
chose que la classe. HUIT heures ? HUIT heures... HUIT heures ! Chacun 
devait compter dans sa tête avant que la réaction ne prenne forme et 
enfle pour finir en tsunami ! HUIT heures ! Une HORREUR cette réforme 
qui prétend rendre la journée de classe moins longue et moins 
fatigante ! 
Une
 première intervention a exprimé que Sada n’était pas prête, qu’il ne 
fallait pas foncer sans réfléchir, sans définir ce que devaient être le 
repas et le repos des gosses. 
Un
 autre parent a évoqué l’école religieuse ainsi que le cas des parents 
qui vont travailler en ville, qui partent tôt le matin et qui ne 
sauraient lâcher leurs gosses plus d’une heure avant que l’école 
n’ouvre. 
L’adjointe à l’éducation a précisé que l’encadrement des enfants lors de la pause relevait des obligations légales. 
Un
 troisième a laissé entendre qu’il ne fallait pas prétendre aider les 
élèves sans avancer des moyens financiers et humains, qu’un état des 
lieux préalable s’imposait et qu’il était regrettable que les parents ne
 puissent pas décider. (LIBERTÉ comme c’est marqué sur notre devise !)
Un
 quatrième revient sur la sécurité des enfants qui n’est pas assurée 
avant les heures d’ouverture et qu’il ne faudra pas envoyer les enfants à
 l’école tant que les solutions ne seront pas trouvées. 
La prise de parole suivante en a déduit qu’il ne pouvait y avoir de loi sans les moyens pour l’appliquer. 
Un
 élu, conseiller pédagogique de profession a alors expliqué que tout 
serait mieux, pour l’enfant avec la semaine de 4,5 jours au lieu de 
celle de 4 jours mise en place par le gouvernement précédent... 
Est-ce
 l’évocation d’une politique passée pourtant honnêtement rejetée par un 
élu UMP de Sada qui a été la goutte faisant déborder le vase ? A partir 
de ce moment là l’argumentation initiale a laissé place à la contestation
 en règle et point par point de cette réforme incompréhensible dont 
personne ne veut, encombrée qu'elle est d'extensions aussi malvenues qu’inutiles. 
Sans
 revenir sur les termes de ce chambardement des rythmes et parce que les
 propos de Benoît Hamon le confirment, l’horaire scolaire dépend d’un 
pouvoir central qui ne peut (contrairement à ce qui était 
asséné antérieurement !) obliger les mairies à investir dans le 
périscolaire. A Sada, donc, la mairie est tenue d’assurer l’encadrement 
des enfants lors de la pause méridienne de 1h 30 au moins. 
Sans
 qu’il soit question de la carotte allouée par l’État, une dotation en 
gros de 100 à 140 euros en métropole, (donc qui devrait être bien 
inférieure à Mayotte (1)), prévue sur deux ans mais prolongée d’un terme
 supplémentaire pour s’escamoter ensuite en laissant municipalités et 
contribuables à leurs ressources et impôts locaux, le 1er 
adjoint a informé que le repas coûterait 50 cts aux familles, que les 
éventuelles activités périscolaires seraient payantes (2). Il a aussi 
confirmé qu’il était pour un début de journée à 7 heures et ajouté que 
le fait que la réforme ne s’applique pas à un établissement sur les 
quatre de la commune pouvait être interprété comme discriminatoire. 
Finalement,
 au moins les élus seront-ils informés du rejet d’une réforme qui, 
rapport au climat et aux conditions matérielles, s’imposait d’autant 
moins ici que Mayotte répondait déjà à l’essentiel (3). 
On
 ne comprend plus, en effet, pourquoi le peuple (le mot a été employé 
par une maman) doit toujours subir le pouvoir. On ne comprend plus 
pourquoi l’autoritarisme monolithique serait légitime pour imposer 
partout la même chose, sans aucune considération pour un environnement 
différent (climat, développement, langue régionale, particularisme, 
etc.). On a du mal à accepter des réformes à la hussarde ne servant que 
des arrière-pensées insincères. 
Il
 ne reste plus qu’à déballonner une Vème République autoritaire dont 
la trame repose sur des franges d’éminences grises, de hiérarques 
inamovibles (4) (ceux qui pondent les réformes venues d’en haut), des 
bataillons de fonctionnaires devant obéissance avant tout, des 
parlementaires faisant d’abord allégeance aux partis jadis majoritaires 
(une conception de la FRATERNITÉ ) et tout en haut de la pyramide sur un
 singleton, monarque légitimé qui décide ad libitum, en tant que dernier exemple, du découpage du 
pays en nouvelles méga-régions. 
Et comme si la restauration de la démocratie et du bien public le demandaient, le dernier mot de la réunion a été « RÉSISTER ».  
(1)           (1)   comme pour les allocs limitées ici au 3ème enfant et du niveau de ce qu’on reçoit en métropole pour 2 ! ÉGALITÉ qu’il y a marqué sur la devise ! 
(2)              (2)  dit en aparté qu’il n’y avait pas d’argent... on le savait déjà mais c’est aussi honnête que lucide de sa part.
(3)             (3)   7h-11h
 ou 12h sur cinq jours / 175 jours de classe donc 1 de moins seulement 
que ce qui était préconisé par la réforme au début (mais on n’en parle 
plus... étrange... )
(4)          (4)Du
 genre Aquilino Morelle, l’énarque-conseiller qui faisait venir (à l’Élysée je crois) un cireur de pompes ne se déplaçant que pour cinq 
paires à 25 euros l’unité (2 chaussures quand même)... Fera-t-il frotter
 aussi, un jour, les casseroles qu’il traîne... ?  
Photos autorisées Wikipedia
dimanche 8 juin 2014
Fleury en Languedoc / TU T'EN VAS DÉJÀ ? (retour sur Achille Mir)
"Tu t'en vas déjà ? Reste plutôt, allons voir Achille, que la dernière fois, nous sommes passés en coup de vent !"
 Emportés par les bisbilles liées aux curés de Ginestas, Cucugnan ou 
Cucuron, Melotte et Sorgeat avec l’illustration de Fernandel en Don 
Camillo, nous sommes passés un peu vite sur la rencontre avec Achille 
Mir (1822 - 1901), félibre d’Escales, de Carcassonne et de l’Aude. 
Les circonstances ont réservé un destin particulièrement remarquable à l'enfant audois, né à Escales le 30 novembre 1822 dans une famille de petits propriétaires. Si sa mère ne s’en était mêlée, tout semblait écrit, en effet, pour que, ancré à la terre des aïeux, son horizon se limitât aux abords immédiats du village natal. Sans préjuger, en bien ou en mal, de l’épanouissement personnel dans un cadre familier, reconnaissons aussi, en parlant de sociabilité, que de se risquer à l’extérieur, de se frotter aux autres, n’est pas sans effet.
Boursier à l’École Normale de Carcassonne, Achille en sort pour enseigner à Aigues-Vives puis Capendu. Remarqué par sa hiérarchie, l’instituteur est vite nommé directeur de l’école annexe où il va mettre au point une méthode d’écriture à la main qui remontera jusqu’au ministère. Après un passage par le petit séminaire (jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’Instruction Publique et la religion restent imbriquées), Mir qui écrit des fables en français puis en languedocien, déjà lauréat de prix littéraires divers (à Béziers, à Montpellier), démissionne de l’enseignement pour devenir directeur de la manufacture de la Trivalle (1).
Conciliant son activité professionnelle et l'écriture, il nous a laissé , Lo lutrin de Ladern « boffonada en tres estapetas » (bouffonnade en trois petites étapes), La Cansou de la Lauseto (avec l’avant-propos de Frédéric Mistral), Lou sermou dal curat de Cucugna (vers 1875).
Dans un recueil réédité de ces œuvres (1907/ imprimerie G. Servière & F. Patau à Carcassonne) (disponible sur http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/559), et pour revenir au village d’Escales d’où tout est parti, les premiers vers de l’homme d’esprit souvent gai et espiègle qui prétendait « S'ai pas de bi me fau trapisto, sans bi podi pas pus tchiarra » (2).
Les circonstances ont réservé un destin particulièrement remarquable à l'enfant audois, né à Escales le 30 novembre 1822 dans une famille de petits propriétaires. Si sa mère ne s’en était mêlée, tout semblait écrit, en effet, pour que, ancré à la terre des aïeux, son horizon se limitât aux abords immédiats du village natal. Sans préjuger, en bien ou en mal, de l’épanouissement personnel dans un cadre familier, reconnaissons aussi, en parlant de sociabilité, que de se risquer à l’extérieur, de se frotter aux autres, n’est pas sans effet.
Boursier à l’École Normale de Carcassonne, Achille en sort pour enseigner à Aigues-Vives puis Capendu. Remarqué par sa hiérarchie, l’instituteur est vite nommé directeur de l’école annexe où il va mettre au point une méthode d’écriture à la main qui remontera jusqu’au ministère. Après un passage par le petit séminaire (jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’Instruction Publique et la religion restent imbriquées), Mir qui écrit des fables en français puis en languedocien, déjà lauréat de prix littéraires divers (à Béziers, à Montpellier), démissionne de l’enseignement pour devenir directeur de la manufacture de la Trivalle (1).
Conciliant son activité professionnelle et l'écriture, il nous a laissé , Lo lutrin de Ladern « boffonada en tres estapetas » (bouffonnade en trois petites étapes), La Cansou de la Lauseto (avec l’avant-propos de Frédéric Mistral), Lou sermou dal curat de Cucugna (vers 1875).
Dans un recueil réédité de ces œuvres (1907/ imprimerie G. Servière & F. Patau à Carcassonne) (disponible sur http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/559), et pour revenir au village d’Escales d’où tout est parti, les premiers vers de l’homme d’esprit souvent gai et espiègle qui prétendait « S'ai pas de bi me fau trapisto, sans bi podi pas pus tchiarra » (2).
« Escalos, moun païs, amé sa bièlho tourre
Que menaço lou cèl de soun grisastre mourre...
(Escales, mon pays, avec sa vieille tour
qui menace le ciel de sa hure grisâtre...)
... Escalos, dount la fount as embirouns fa’mbejo :
L’aigo fumo l’iber e l’estiu sang-glacejo
Escalos e soun pech ount lou foc de Sant-Jan
Brando al lèng que diriots la gulo d’un boulcan !
Escalos, mièch quilhat sus rocs, mièch sèit en plano,
Floucat d’un castèlas que gat et gous proufano !...»
(Escales, dont la fontaine fait envie aux voisins :
L’eau fume l’hiver et glace le sang, l’été
Escales et son mont où le feu de la saint-Jean
Rougeoie si loin qu’on dirait la gueule d’un volcan !
Escales, mi-quillée sur les rocs et à moitié en plaine,
Floquée d’un grand château que chiens et chats profanent !)
Le second poème, d’une grande actualité, pleure le vieux mûrier de la place, mis à bas par une hache implacable.
  « Pouriò biure cent ans e mai, 
Que debrembarèi pas jamai
Lou bièl amouriè dal bilatge :
Soun paro-soulel sans parèl
Es espandit dabant moun èl
Coumo dal tems qu’éri mainatge... »
(Je pourrais vivre cent ans et plus
Que je me souviendrais toujours
Du vieux mûrier du village :
Son pare-soleil sans pareil
Est étalé devant mon oeil
Comme du temps que j’étais enfant...)
Que debrembarèi pas jamai
Lou bièl amouriè dal bilatge :
Soun paro-soulel sans parèl
Es espandit dabant moun èl
Coumo dal tems qu’éri mainatge... »
(Je pourrais vivre cent ans et plus
Que je me souviendrais toujours
Du vieux mûrier du village :
Son pare-soleil sans pareil
Est étalé devant mon oeil
Comme du temps que j’étais enfant...)
(1) ancienne manufacture royale de drap dans le quartier de la Trivalle, du nom de la rue qui le traverse (ancienne voie romaine) et aboutit au Pont Vieux. (Ne pas confondre avec Mons-la-Trivalle au confluent des trois vallées de l’Orb, du Jaur et de l’Héric).
(2) Si je n’ai pas de vin, je me fais trappiste, sans vin je ne peux plus causer.
photos autorisées Wikipédia et Wikimédia 1. Vieille tour d'Escales 2. mûrier. 3. morus nigra 
(A SUIVRE...) 
mercredi 4 juin 2014
Mayotte en Danger / LE « COUX » EXCESSIF DE LA REFORME DES RYTHMES A MAYOTTE
 Un
 vice-recteur s’en va en laissant l’île dans l’indifférence et le 
découragement. Si les deux années passées sont finalement marquées par 
des intentions volontaristes, en particulier dans le domaine de la 
construction scolaire, on doit néanmoins regretter l’autoritarisme qui 
perdure de la part d’un État trop centralisé pour autoriser des 
adaptations locales de bon sens : le monolithisme d’une réforme des 
rythmes scolaires imposée à la hussarde en atteste.   
  
  
  
  
Rien
 de nouveau sous le soleil de Mayotte qui , si elle ne croit pas plus 
que la métropole au Père Noël, en a assez de la prétention et du mépris 
affiché par ces pères fouettards que Paris nous envoie.  
Que
 François Coux, vice-recteur de Mayotte, a été moins lyrique que son 
prédécesseur Perrin, à propos de l’utérus des Mahoraises et de l’accent 
des îliens, c'est sûr... la barre était trop haute. Mais pas au point 
que la presse et les médias locaux en soient à lui tresser des colliers 
d’adieu ! Voilà que nos journalistes retombent dans l’absence de sens 
critique et leur fâcheuse manie de passer la brosse aux autorités, ce 
qui est d’autant plus gênant que les wazungus (métropolitains) sont 
surreprésentés dans la profession. L’un de ces médias, toutefois, 
KwéziFM et télé, s’est particulièrement distingué, dans un passé proche,
 et dans des affaires plus que délicates puisque mettant directement en 
cause la gendarmerie impliquée dans un trafic de stupéfiants et la mort 
d’une jeune fille de 18 ans. Il était pourtant plus courageux d’attaquer
 les gendarmes que de critiquer le dogmatisme de l’Éducation Nationale, 
qui plus est, s’agissant de la lamentable réforme des rythmes scolaires.     
            Si
 la critique foncière de la gestion jacobine sinon « colonialiste » (et 
c’est à peine caricatural de le dire ainsi) suivie de l’obéissance 
servile démontrée par les hauts fonctionnaires relève d’une opinion, ce 
n’est pas pour autant que les médias doivent se limiter à un rôle de 
courroie de transmission. La population, ultramarine ou non, n’a plus à 
gober une propagande d’État insincère dont la finalité consiste 
seulement à faire admettre ou oublier les boniments initiaux, la 
traîtrise et les parjures de gouvernance ordinaire qui en découlent... 
Mettra-t-on un jour au rebut ces pratiques politiques dépassées ?  
  
            Dans
 cette logique, comme tous les « grands commis » et autres 
« serviteurs » zélés de l’État, le vice-recteur, pourtant issu du corps 
des chefs d’établissements de Mayotte, ne sert qu’à faire redescendre 
autoritairement les décisions de Paris. Comme tous, il ne fera pas 
remonter les attentes propres au territoire et ses interventions sont 
banalement émaillées de mensonges éhontés. 
  
            Son
 dernier bobard concerne son départ de Mayotte nié pourtant 
catégoriquement quelques jours à peine avant que la mutation ne soit 
confirmée. L’avant-dernière dissimulation concernait le nombre de 
communes qui embrayent sur la réforme des rythmes (mauvaise sur bien des
 points / voir les articles antérieurs)... Se gardant bien d’en donner 
les noms au prétexte qu’il n’avait pas à distribuer des mauvais ou bons 
points, monsieur Coux a en effet prétendu que huit communes se lançaient
 en 2014 et qu'il suffisait d'ouvrir le site du vice-rectorat pour 
savoir... Un mensonge supplémentaire puisque rien n’est dit sur le 
chiffre allégué. Or le grand succès à Mayotte de ce chambardement au 
sujet duquel on se garde bien de faire connaître les aménagements 
apportés par le nouveau ministre Hamon (2) tient au chiffre 2 parce que 
les municipalités ne seraient que 2 (dont Chirongui) à adopter la 
réforme alors que les 2 communes du Nord déjà engagées font plutôt grise
 mine. 
  
            Le
 mois de juin verra peut-être le dernier coup de Coux pour tordre le cou
 à ces enseignants qui partent avant la date des vacances et reviennent 
après la rentrée... si ce n’est pas le vice-rectorat qui délivre des 
billets (à coût exorbitant) en dehors de la période de congé. Dans tous 
les cas, l’éleccicon (3) qui y gagnerait beaucoup ne jalousera pas la 
promotion que courent les courtisans sans courage de notre démocratie 
dévoyée ! 
  
            Bon vent, monsieur Coux.   
  
(1)    Rappelons
 que la remise en question des décisions arbitraires et impératives de 
la hiérarchie relève, chez les fonctionnaires, d’une faute 
professionnelle. Remarquons aussi comment la pyramide centralisatrice 
phagocyte ses aspirants provinciaux qui, à l’image des janissaires du 
pacha, en deviennent les plus virulents défenseurs... Ne dit-on pas que 
les enfants battus deviennent des parents qui battent ? 
  
(2)    La
 possibilité notamment d’une semaine scolaire de huit demi-journées avec 
regroupement du périscolaire sur une seule après-midi... les parents 
pourront donc partir en week-end le vendredi dès 11 h 30... Alors que 
Peillon voulait "que les enfants aient des journées moins longues et 
moins fatigantes", ce qui est sûr est que le temps d’enseignement peut 
encore diminuer d’une heure pour passer à 23 ! Ne nous étonnons pas, 
dans ces conditions, d’une baisse du niveau toujours plus marquée !  
  
(3)    Eleccicon = électeur + citoyen + contribuable. 
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