vendredi 6 janvier 2017

TITIN DE TOUS LES REFRAINS ! / De l'importance des surnoms !

André, c’est ce petit garçon assis en tailleur sur une table du casino disparu de Saint-Pierre-la-Mer (1). En short, il porte un marcel tricolore. Juste à côté, sur des chaises bistrot pliantes dans une version tube, plus solides apparemment que celles, plus classiques, en fer plat, ses parents, des couples proches, des amis, une bonne quinzaine de personnes, une joyeuse assemblée qui boit de la limonade et de la bière. Peut-être panachent-ils ? On distingue le col blanc dans les verres à pied ; on reconnaît les bouchons à levier en céramique avec le joint de caoutchouc. Sur la photo ne manquent que la couleur, les rires, les éclats de voix, et pourquoi pas quelques airs à la mode avec, de temps à autre, le pschitt d’une bouteille se mêlant à la conversation, accompagné de ce tintement caractéristique de la céramique sur le verre, en préambule au plaisir.
 

Des chaussures en toile, des bretelles, des pantalons larges, un béret,
Une cravate, un chapeau de paille, des robes tabliers, un ceinturon
Des manches courtes, des moustaches, des serre-têtes, des chignons...
Un inventaire moins inspiré que celui de Boris Vian dans sa Complainte du Progrès même si j’ai essayé d’en respecter la mélodie. Pardon, pardon de changer d’époque sans raison : la scène à la terrasse du casino est de 1938 et non de 1954. Il flotte une atmosphère de congés payés, de cette douce insouciance refusant de voir les signes annonciateurs d’une Europe au bord du suicide.
C’est la vogue des opérettes marseillaises synonymes de douceur de vivre au soleil du Midi. Ça chante le cabanon, le pastis, la pétanque, les pescadous, la bouillabaisse, la Canebière et le pays qui manque quand on monte à Paris. Ainsi Vincent Scotto qui a mis le Midi en musique, évoque-t-il la nostalgie des pins, des cigales dans sa Venise Provençale, Martigues, la ville entre l’étang de Berre et le golfe de Fos (sans les pétroliers en rade ?). Dans ses personnages figure aussi Titin des Martigues, joué par Henri Alibert...       

Sûr que « Le Tango Merveilleux » et « Ma Chiquita » devaient passer souvent à la T.S.F. car, à cause de cette opérette (filmée aussi en 1938), le petit garçon qui joue ou gesticule avec un objet allongé, une boîte ou un éventail emprunté aux femmes qui le couvent, sur une table du casino fut surnommé Titin.
Pas plus tard qu’hier, André, maintenant octogénaire, m’a repris quand j’ai dit «Tintin » (2) tout en avouant ne rien savoir sur l’origine de son surnom. C’est son aîné et complice d’alors, mon père, maintenant nonagénaire, au premier plan avec le béret et les chaussures de toile, qui a levé le voile en trois mots seulement : « Titin des Martigues » !

(1) Outre l’édification des blockhaus, l’immersion de chevaux de frise, le creusement de canaux antichars,  les champs de mines, la destruction du casino et des villas d’avant-guerre caractérisait le dispositif de défense allemand contre un éventuel débarquement allié (guerre 39 - 45).
Encore une chanson où seul le mouvement de la mer est en contradiction :
«... Tu cherches des morceaux d'hier pépère
Dans des gravats d'avant guerre
L'Casino c'est qu'un tas d'pierres.../
... La mer est déjà repartie
Le vieux casino démoli, c'est fini
Pépère t'aurais pas comme une vieille nostalgie...» A. Souchon.
 Y'a de la rumba dans l'air, Titin... ça change du lac des cygnes... je sais et puis, ton smoking à toi n’est pas de travers, comme chez Souchon...
(2) en grand ordonnateur mais non sans logique, s’agissant du prénom Augustin (sauf erreur de ma part), le hasard a attribué ce même surnom "Titin" au boulanger dont la maison se trouve dans ce même quartier (la rue Neuve, juste au-dessus de la rue des Barris d’André). D’où ma méprise...  

En complément :
1. à écouter https://wn.com/titin_des_martigues_1937
2 & 3. à consulter http://www.imdb.com/title/tt0194452/combined
https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9rette_marseillaise

A papa qui se bat contre un avc avec toute sa tête, à André l’ami lointain toujours présent.
 
Photo de famille : la terrasse du premier étage (accès par un escalier monumental)... merci à qui voudra bien envoyer une photo du casino, assez monumental pour une station balnéaire plus fournie en campement disparates sur la plage qu'en hôtels et villas en dur...

mardi 3 janvier 2017

BONS VŒUX POUR 2017 / Vœux en Occitanie


Si on entrait dans la nouvelle année le 25 décembre (c'était le cas sous Charlemagne et les vœux sont encore souvent exprimés à Noël en Provence) (1), la date a pu varier pratiquement jusqu'au 1er avril.

Quelques souhaits exprimés pour le nouvel an :

" Bona annada
Plan granada
De plan maitas acompanhada "  

« Vous soueti la bouno anado Dé pla acoumpanhado »
Lou souc de Nadal

" Bonjorn e bon an nou !"

" Bona e urosa annada "

" Bona annado, pla granado !"

" Bona annada de forças autras acompanhada !"

"Bonjorn e bona annado melhora que la passada !"

" L’an que ven es un brave ome que promet tot ço qu’om vol. cadun pren e cadun dona, bona annada e bon an nou. "

" Per tant pichonet que siogesse, ie ei passat pel pont malgrat le fret e la torrada per vos souetar la bona annada."

   Celle ou celui qui recevait les souhaits répondait parfois d'une formule facétieuse, en
manière de plaisanterie ou de familiarité :
" Ieu, soi de Carcassona,
Qual me la soèta
Me la dona !"
Moi, je suis de Carcassonne,
Qui me la souhaite
Me la donne !
   Puis il donnait une friandise ou une petite pièce de monnaie et les enfants prenaient congé
en souhaitant les meilleures choses du monde :  

"Que l'an novèl
Vos siaga encara pus bèl !
Que l'an nouveau
Vous soit encore plus beau !

Qu'ajètz de blat
Duscas al teulat !
Que vous ayez du blé
Jusqu'au toit !

Qu'ajètz tant de drollons,
Coma de plècs als cotilhons !"
Que vous ayez autant d'enfants
Que de plis aux jupons !

Il arrivait parfois que la personne visitée et honorée soit des plus pingres. Si elle ne
donnait rien en échange de leurs voeux, les enfants marmonnaient entre leurs dents :
"Que la foira t'escane
Tota l'annada !"

Que la diarrhée t'étouffe
Toute l'année !

"Que lu chiol te pruse
Coma un sac de piuzes !" (2)

Que le cul te démange
Comme un sac de puces !

De nos jours, au moment de trinquer au nouvel An, les anciens disent souvent :
A l'An que ven
Se sèm pas mai,
Que siaguèm pas mens !

(1) Marcel Pagnol fait dire à Lili, son copain des collines : " A l'an que vèn, si sèn pas pus que siogessen pas mens !" À l'année qui arrive, Si on n'est pas plus, Que l'on ne soit pas moins
(2) les Chevaliers du fiel rajoutent (dans l'esprit)"... et que ton bras trop court t'empêche de te gratter !" 



photo autorisée 1 fragon ou petit houx (wikipedia) aut Fritz Geller Grimm
2 diplotaxis fausse rouquette derrière le moulin de Fleury.