jeudi 12 février 2015

MAYOTTE : UN COUPE-GORGE ! / Mayotte en danger

Et vous voudriez faire venir les touristes ??? 

Notes sur les propos d’Anchya Bamana, premier magistrat de Sada s’exprimant à Kwezi FM le 26 janvier 2015.

Contexte compliqué, vendredi 23 janvier. Victime d’un vol à la roulotte, en plein jour, en pleine ville, paniquée suite à l’agression et voyant son sac partir avec le voleur à plaindre (qu’il serait criminel d‘accabler de baffes... sous peine de passer au tribunal... une justice à l’envers, les droits des coupables toujours reconnus ! celui des victimes ???) la maire de Sada s’est retrouvée sans papiers. La PEUR gangrène les esprits, l’insécurité à Mayotte loin d’être une vue de l’esprit, est une réalité. 

Il faudra revenir sur la marche blanche à Sada suite aux coups de couteau reçus par un cambriolé qui voulait récupérer son téléphone ! Anchya Bamana a su raisonner une foule prête à se faire justice elle-même sinon à expulser les clandestins de la localité comme à cette époque qui vit un long exode des étrangers chassés de Sada vers Mamoudzou.
Madame la maire exprime cependant le ras le bol de la population du quartier de Doujani (celui de la gendarmerie !) mis en coupe réglée ces derniers mois. Les services de la gendarmerie, justement, comptent 18 personnels pour 37000 habitants ! Elle parle, après échanges avec le préfet et le chef de cabinet, de demander des policiers municipaux supplémentaires malgré une commune en déficit. Elle souligne aussi que la majeure partie des agressions sont le fait de l’immigration clandestine. 
L’an passé, si, à propos de la démographie, sur la base certainement biaisée des chiffres de l’INSEE, l’idée qu’il y avait sur l’île plus d’étrangers que de nationaux s’est imposée, aujourd’hui certains font état de 300 à 400 000 personnes à Mayotte ! D’après Anchya Bamana l’État qui n’assume pas ses responsabilités a tendance à minimiser la délinquance (par rapport aux moyennes nationales !). On minimise les délits tant qu’il s’agit d’ordinateurs volés (mais bien sûr, braves gens, un ordi ça s’achète... pourquoi en faire un pataquès ?) or les atteintes aux personnes se généralisent ! Pourquoi fustiger la mise en place de « comités de quartiers » tant que les services de l’État ne sont pas à la hauteur des nuisances subies ?
Sur les causes de la marche blanche à Sada : "Oud Ouman"(1) à l’hôpital, gravement blessé suite à deux coups de couteau par l’auteur d’un vol dont il était victime (histoire des portables)
Le chef de la rédaction de France Mayotte Matin rappelle que les autorités disent que la réalité ne correspond pas au repli alarmiste.
La maire poursuit que Valls va venir, qu’il faut préparer ce qui doit lui être dit. Il faut aussi alerter les parlementaires.
Tout le monde a entendu que l’unique médecin de Labattoir va partir après avoir été cambriolé de trop nombreuses fois. Les profs, tout le monde part, il n’y aura plus personne ici. 

Les élus n’ont pas cette force d’être unis (bisbilles politiques). « J’ai reçu Taubira la ministre et le sénateur alors que nous ne sommes pas dans le même parti et j’ai reçu des coups pour cela de mon propre parti que je n’avais pas à recevoir l’opposition mais je ne pense pas cela... »
Dimanche à Sada, les slogans qui font peur ciblent les Anjouanais. Certains éléments étaient près à en découdre avant que la maire ne calme les choses. La maire précise que la coordination des municipaux avec les gendarmes, déjà existante, doit être confortée.
En conclusion, Anchya Bamana, précédemment dépouillée en sortant des studios de Kwezi, en pleine ville, en plein jour, sur un axe très fréquenté, se demande pourquoi la Réunion est unie toutes tendances confondues alors qu’ici nous ne sommes pas capables de nous mettre ensemble pour défendre l’île. Le ras-le-bol ne justifie pas que nous fassions n’importe quoi. La marche s’est bien terminée. Il y a urgence en matière de prévention (des patrouilles systématiques pourraient y contribuer). Il faut 1 gendarme de proximité pour 1000 habitants, c’est un minimum vital qu’on pourrait demander...
Il faut l’exiger madame le maire, la population est derrière vous !

(1) pardon de l'orthographe phonétique. 

photos autorisées et peut-être sponsorisées pixabay.com

mercredi 11 février 2015

LES CHEVAUX DE 14 (suite & fin) / Fleury en France


« Mais non, mais non, rassura-t-il aussitôt, c’est l’ordre de démobilisation, on peut aller le chercher le cheval, à Lyon ! ». Quel accueil alors, quelle liesse ! Tous se précipitèrent pour l’embrasser, lui et son papier toujours au-dessus de sa tête !
Un jour de décembre 1918, une foule nombreuse s’est pressée à la gare. Notre cheval n’en fut pas impressionné : il en avait vu d’autres et puis, il revenait sourd de trop de canonnades ! Il s’est laissé gentiment atteler et sans plus pouvoir se laisser guider à la voix, il est parti de lui même vers son foyer. Le petit-fils, monsieur Parella, à qui nous devons la belle histoire, ajoute, avec des trémolos dans la voix : « Le seul changement, c’est qu’il est parti au petit trot ! ». Brave soldat, va !
Excusez-moi si cette histoire me prend aux tripes. D’abord la coïncidence fait que notre héros est perpignanais, de notre SUD que des esprits encrassés de "parisianonombrilisme" s’entêtent à nommer « sud-ouest », non sans ajouter « à l'accent rocailleux ». Il habitait un mas maintenant encerclé par les quartiers périphériques, entre les temples du rugby, que sont Gilbert Brutus, Aimé Giral (1), et la localité de Bompas. Depuis la gare, il est parti sans hésiter vers son mas et son écurie et cet itinéraire, je le connais, à vélo (2) et à pied, au moins jusqu’au Bas et Moyen-Vernet, quand je travaillais à Marcel Pagnol. Trente ans en arrière, les bretelles de la Pénétrante et les boulevards s’entremêlaient déjà. Du coup, j’ai du mal à imaginer ce jour de décembre 1918, entre les vignes nues et les maraichages, passée la Têt ! Plus viscéralement encore, cette histoire m’empoigne parce que si mes grands-pères, en théorie ennemis, ont eu la chance d’en réchapper, notre oncle Pierre, lui, est revenu d’Alsace amoché... Il les aimait, les chevaux de travail, admirant longuement le nôtre, sifflant pour l’aider à pisser. Ces chevaux, ces intimes (4) qui sur des millénaires, ont tant aidé l’espèce humaine à progresser ! Avant le déclin des années 60, ils étaient encore nombreux, à commencer par "L’AMI", le trait breton de papé Jean, "MIGNON" celui de l’oncle Noé. Hélas, comme on jette les vieux outils, on les vendit pour la boucherie, manière de dire merci, de solder en quelques années une si longue coopération... Personne ne demandant pardon, le mutisme, l’omerta, attestent encore de la honte, du remords des viticulteurs, ingrats mais si fiers, par ailleurs, d’étrenner le tracteur ! A leur sujet on peut toujours parler d’une « noble conquête », surtout ne la confondons pas avec une « noblesse de conquérant ». On sent bien que ces expressions antagonistes ne sauraient s’appliquer au bipède qui nous représente. 





J’aimerais savoir son nom, au brave percheron de la route de Bompas qui a retrouvé sa stalle comme s’il l’avait quittée la veille. En repensant à son histoire, si l’orgueil mal placé de ces officiers de cavalerie à particule me revient, je comprends mieux Francis Jammes, le poète qui voulait, à sa mort, rejoindre le paradis des ânes. 

(1) Stade Aimé Giral du nom de l’ouvreur (n° 10) qui, à Toulouse, fit gagner Perpignan en finale du championnat de France 1914... juste avant le coup de sifflet final et surtout dans une insouciance à des lieues de la tragédie de l’été 14 et des quatre années de guerre dont Giral, lui, ne revint pas.
(2) On me le vola, le vélo, pas à la gare mais au collège, où le concierge manquait de cran pour contrer la racaille, déjà dans les années 80 !
(4) A Landivisiau, la capitale du trait breton, ne dit-on pas « Bon dieu d’en haut, prends ma femme laisse mes chevaux ! ». Plus recevable, malgré un siècle de décalage, le sentiment qui force à accepter l’obligation de la mobilisation pour l’homme mais qui n’est pas d’accord avec la réquisition du cheval. 

Photos François Dedieu : 1) L'AMI et le chariot aux roues ferrées
2 & 3 suite à la loi imposant les pneumatiques