mercredi 23 avril 2025

DÉTOURS pour NOUGARO dans les CORBIÈRES (1).

Merci amie poésie nostalgie... Même si ta lame va cette fois trop profond, tu fais venir à moi des émotions dont l'Ia de fb, bien trop robotique, est incapable... 
Merci encore, tu es dans le vrai, les chansons font songer jusqu'à divaguer, partir ailleurs ou revenir sur le film de sa vie, du chemin qu'elle aurait pu prendre ; il s'en trouve toujours une qui soit vous oblige à fredonner, ou qui, sans rien de la musique, ne livre que les quelques pieds de mots triés par la mémoire ; rengaine en boucle mais cachotière si elle ne donne que son air, souvent en résonnance avec une affinité esthétique sinon une période de sa vie, un cap à passer ou indépassable ; taquine quand elle revient pour s'éclipser, en tac-au-tac à la flemmardise à noter, afin qu'on la mérite, augmentant la difficulté, sans laisser la moindre petite piste de trois notes, complice souvent d'un sentiment fort, d'émotion, de tristesse, d'amour ou parce qu'on s'imagine, manière de pimenter le train-train. 

Claude Nougaro, dernier concert dans le parc de Vincennes le 7 juin 2003 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Auteur Pkobel
  
Et toi muse, comme disait Claude qui lui n'en avait pas qu'une, ne te détourneras-tu pas de moi ?  Nougaro, ici cité pour m'avoir mis en tête une mélodie sans que je le veuille, à l'insu de mon plein gré (1). Lui en tant qu'auteur interprète, aucun doute... Donc, faut consulter la discographie, youtuber frénétiquement, limiter ou plutôt se laisser aller dans des échappatoires parfois sans issues, souvent digressives mais qui par chance permettent parfois de glaner par la même de nouveaux trésors... 

La chanson s'intitule « Rimes ». Ah ah ! l'ia de Qwant ne mérite pas ses majuscules, elle se plante en effet sur la date : « Rimes », pas de 1987 mais de 1981, album « Chansons nettes » ! 

« J'aime la vie quand elle rime à quelque chose... » voilà la pièce à conviction, par là que j'ai été harponné ; cette fois, derrière, pas plus un souvenir qu'un regret, qu'un remords d'amour, juste le plaisir esthétique ; pas de femme derrière enfin si, si on est fait pour vivre à deux, en ménage, en couple : 

« ...Rime, rimons tous les deux, 
Rime, rimons si tu veux, 
Même si c'est pas des rim' riches
Arrimons nous on s'en fiche... »

Fête foraine, Fleury-d'Aude 1990


Et ce brin de nostalgie accordéon, harmonica, quand on croit entendre l'orgue de barbarie d'une fête foraine :

« ...J'aime les manèges quand ils riment avec la neige... » 

Oui, ce côté bal populaire aussi, à chantonner sur une valse rapide peut-être. Et l'inspiration débordante de Nougaro, nous ouvrant sur ses muses, offrant ses muses, à 180 degrés, si fort qu'un tour complet fait suite, coupant un peu le souffle, centrifuge à en perdre la tête (dommage pour centripète... la rime). 

Y aurait tant à dire sauf que la nôtre de poésie intrusive n'a pas lieu de parasiter celle du poète à qui nous la devons. Alors parlons-en de façon plus neutre, l'exercice en resterait-il subjectif. 

Rue_Condeau,_vue_sur_le_clocher_des_Minimes_-_carré_(Toulouse) 2024 Auteur Abdoucondorcet


Dans ses rimes avec « chose », il y a « rose », « cause », « prose »... Sudistes, nous avons bien la chance redevable à un rejeton Nougaro agrafé au Sud jusqu'à sa quatorzième année, dans le quartier des Minimes à Toulouse, chez les grands-parents paternels. Ensuite Paris, Sorèze, Vence, Cusset, tous azimuts. Cela participe-t-il des métamorphoses obligées pour passer de la chenille à l'imago ? Pour un artiste désireux de reconnaissance, cela procède d'une ténacité hors normes... vingt années chrysalide avant de sortir papillon. Et quand un sudiste ouvrant tous ses « O » l'entend prononcer en bon français « chôse, rôse, côse, prôse », il ne réalise pas la chance de l'avoir pourtant gardé dans un cocon d'accent languedocien. (à suivre)    

(1) expression devenue célèbre par la voix de Richard Virenque minimisant sa culpabilité de dopage lors du Tour 1998. 


mardi 15 avril 2025

BALADE à AUDE (5) jardins et gabions.

Horte d'Andréa pour inaugurer cette sortie du 30 mars, Horte de Lamy à présent (de par son origine « de Barthélémy », peut-être ainsi orthographiée), des maraîchages grâce à l'eau indispensable de la rivière ; sa proximité a favorisé cette activité plus professionnelle que vivrière aujourd'hui, avec des parcelles encloses où les rangs d'artichauts présentent leurs grosses inflorescences de chardons domestiqués ; des faisceaux de fèves semblant avoir surmonté les fortes séquences inversées de vent marin puis de Cers, un rang de blèdes ; des serres. Ce n'est pourtant pas cet enjeu économique qui nous vaut la quasi disparition des guigniers aux abords des berges, sinon est-ce seulement parce que les arbustes n'en sont encore qu'à bourgeonner ce dimanche 30 mars 2025 ? 
Adieu gelées et confitures d'un temps où mon arrière grand-mère aimait renouveler son « Per Pentacousto, la guino gousto », un dicton théorique (1) seulement mais relevant d'une pratique des cueillettes ouverte à ce que donnait la nature : poireaux des vignes, salade sauvage, prunelles...  la stricte propriété s'appliquant alors à ce qui était semé, planté, cultivé : asperges, câpres, arbres fruitiers. De nos jours, l'interdit généralisé s'impose ; il n'arrête pas les professionnels, pas même les voleurs ordinaires, souvent doublés de saccageurs pas occasionnels du tout, systématiques, sans scrupules ; les panneaux et indications usuelles ne dissuadent que le promeneur tenté par quelques guines ou une figue au bord du chemin (2). 
À côté des terrains acquis par des vacanciers, Robinsons de l'été, reste un jardin “ d'amateur ” éclairé, déterminé sinon acharné en dépit des risques inhérents à l'éloignement : contre les vols et les dégradations, contre les souffles violents aussi, il a clos son périmètre d'efforts d'un grillage doublé d'un rang de carabènes. Que cette vaillance (jadis partagée, au Puits-Sûr notamment, par bien des familles du village, moins exposée déjà grâce au nombre) ne soit pas mise à mal par un vandalisme hélas trop actuel ! 

Le pont autoroutier depuis celui de Fleury. 

Ce qui reste des gabions et de la route. 

Un peu en aval du pont de Fleury (3), la rive concave, déjà plus soumise à l'érosion, a vu ses gradins de gabions ainsi qu'une partie du chemin emportés... En amont, visible depuis le pont de Fleury, au milieu du lit, d'après notre ami Guiton, les piles du pont de l'autoroute sont directement impliquées dans une dégradation complète de la berge interdisant la circulation automobile (ce qui, entre nous soit dit, n'a pas que des inconvénients). 

Pourtant, les cancans et caquetages venaient bien de là...
  

Et les oiseaux ? À part les groupes joyeux de passereaux (je suis bien embêté pour en déterminer l'espèce !), à la vue de leurs becs recourbés, un vol de quatre ou cinq ibis à la plume sombre, remontant la rivière et plus loin, une bande caquetante de canards ou sarcelles, à l'oreille sans le moindre doute bien qu'invisibles malgré une incursion au bord de l'eau. 

(1) la floraison, la maturation des fruits suivent le rythme saisonnier alors que la  fête de Pentecôte tombe, suivant les années, entre le 10 mai et le 13 juin. Les deux calendriers pourraient concorder cette année sinon en 2030 ou 2038, qui sait ? 

(2) Faut avouer qu'avec Jo (1949-2024), dans une camaraderie synonyme d'amitié, de chasse, de course à pied, de belote, de pêche à Aude, de soirs de bals à St-Pierre-la-Mer, l'élevage de loisir des graines de vers à soie nous a fait prélever des rameaux de mûrier. On n'avait pas idée alors qu'on volait sûrement... Faute avouée...   

(3a)ainsi nommé non par chauvinisme mais parce qu'on devait ce passage historique aux dominicains de Notre-Dame-de Liesse autorisés à exploiter une barque pour les pèlerins venant de l'Hérault. À la Révolution, la vente de la chapelle à la famille Vaillant de Lespignan la préserva des déprédations. Elle ne fut donnée à l'Association diocésaine de Fleury que récemment, entre 1935 et 1949, durant la charge paroissiale de l'abbé François Gleizes... Moralité : le pont de Fleury est aussi le pont de Lespignan... (Sources : Canton de Coursan, Vilatges al pais, 2005, Francis Poudou / De Pérignan à Fleury, 2009, Les Chroniques Pérignanaises.) 

(3b) Une fois, en relevant les palangres, Robert le pêcheur m'a montré la tige d'un guignier de 3 ou 4 bons centimètres, cassée net certainement par un gros loup parti avec l'hameçon. On sait ce que valent les témoignages et souvenirs des pêcheurs ou chasseurs (« Cassaire, pescaire, toutis de blagaires »). Quoique, pour reprendre en gros le mot de Marie Mauron, ce n'est qu'un pêché véniel d'exagérer un peu par amour des gens, du pays... Maintenant certains y pêchent le silure au toc, et ça je l'ai de mes yeux vu... 

Gabion en état au pont du ruisseau du Bouquet.