vendredi 26 juillet 2024

C'ÉTAIT UN PETIT JARDIN... (I)

JARDIN de JUIN... 
 
C'était un p'tit jardin
Au Sud, loin 
Du métropolitain... 
Tomates, poussins, 
Une pompe, son écrin,
 

Sans bagnole, sans potin,
Quand le ruisseau du coin
Fêtait si bien
Rossignols et martins... 
 
C'était, c'est un p'tit jardin 
Toujours voisin des pins,
Gardant ses petits riens
Qui font tant qu'on y tient...
Salades, romarin, 
Citrons, kumquat, golden, 
 

Fraises, abricots, raisins,
De Monet, presque, le bassin
Aux nymphéas, aux carassins...  
 






jeudi 25 juillet 2024

Vieil INDIEN, vieilles Lunes / Le VOYAGE en TCHÉCO. Prologue

Noir, blanc, chocolat, “ čokoládovej ” disait tonton Staňa...
Vieil Indien, vieille Europe, vie plus vieille que la mort, vieux qui veut...

Département_976_in_France_(zoom).svg Author TUBS under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license / Un vol Mayotte-Paris (9h si direct / 1h de décalage horaire en été) qui continue d'éviter le survol de la Libye, du Soudan mais pas le Yémen des Houthis...

Indien oui, pour dire que trente années dans une île tropicale l'ont forcément déphasé et que, de latent, le constat devient probant. D'un coup, si vieux d'avoir trop vite passé son évasure planétaire, son ouverture consentie et obligée au Monde, aux autres, il aborde le vieux continent aussi déphasé qu'un indigène de terres encore inexplorées (une réalité encore soixante ans en arrière...).

« Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
L'univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !... » Le Voyage, Charles Baudelaire.

Déphasé aussi par les circonstances, le covid et ses suites, les aléas de la vie dont les ennuis mécaniques et avant tout les problèmes de santé... Néanmoins, cette année, le vieil européen qu'il demeure tient à renouer avec sa famille tchèque (il lui reste une vieille tante Julia [94ans], le cousin Rudi, sa sœur Hana et toute une descendance collatérale ayant ainsi le mérite de maintenir le lien entre lointains “ cousins d'Europe ”.



France_cities Under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Auteur David Monniaux / Un itinéraire via la totalité de l'A 75 ainsi qu'un évitement le plus à l'est possible, des encombrements franciliens (835 km en comptant les erreurs de parcours).

Un projet qui va impacter par bien des aspects, une obstruction globalement floue mais dont les paramètres vont devenir des plus concrets.

En premier lieu, le fait que ce projet se fasse à deux, avec le fils, “ indien ” aussi puisque natif de la Réunion, ancré à Mayotte, l'île où il fut désiré, “ indien” comme l'océan qui les baigne...

En deux, c'est la première fois en seize ans, que cet amarrage à l'Europe ne se fera pas à trois, avec le noyau complet (non, pas ce que vous pourriez croire : “ elle ” a souhaité cette coupure pour cause de nombreux mariages et festivités dans la famille proche et une communauté villageoise mahoraise encore concrète).


18 juin 2024, vers 20 heures...

En trois, parce qu'il part dans son autoroulotte de trente ans d'âge, plus fringant que lui semblerait-il, mais, tout comme lui, n'étant pas sans susciter une vague crainte... (« Camping-car »… un mot pas joli… le grand des Chevaliers du Fiel le répète bien, grimace aidant).

En quatre, c'est que l'amorce de ce voyage s'annonce telle un défi, celui de monter accueillir le fiston à Roissy-Charles-de-Gaulle, avant de partir vers l'Est, pour l'Allemagne, la Tchéquie (il dit et dira toujours Tchéco pour Tchécoslovaquie, c'est de son âge...).

En cinq, bien que paraissant subsidiaire, de traverser toute la France avec l'option aéroport, est-ce raisonnable compte tenu de la circulation en Île-de-France, du “ gigantisme ” de l'aéroport de classe mondiale, qui plus est, à aborder pour une première fois par la route ?

Bref, en regard du projet, bien des appréhensions légitimes. Et quoi, en face, sinon la détermination d'un père prêt à y aller à fond, à y mettre tout son cœur ? Vivre n'est en rien anodin, qu'on soit tenant ou aboutissant, il faut endosser, prendre sur soi... tout doit s'assumer... Être prêt, être en forme, rester vigilant, bien évaluer son état général, sa fatigue... faire ses preuves, rester déterminé tant que le destin le permet, tout est compétition avec soi-même... au nom de bien des choses, d'une sphère de vivants, de disparus, d'un Sud méditerranéen occitan, d'un cœur d'Europe, d'une île de l'Indien puisque tout ne fait qu'un... 

Aya_Nakamura_-_2024 under the Creative Commons Attribution 3.0 Unported license Author VOGUE Taiwan
 

Vieux il se voit, tout vieux, comme devant se plier à ce corollaire de soldes « Tout doit disparaître ! ». Des ennuis de santé, des amis, des connaissances qui meurent de cancers impitoyables, un fils qui prend son envol, des signes de vie parfois trop facebookés chez ses contemporains, des arbres, une planète qui agonisent, la télé et radio d'État, un parasitisme politique... pas de problématique hiérarchisée dans cette liste, il dit comme ça vient, en se défendant de végéter, en essayant de réagir, en se disant que le « JE », le « MOI JE » peuvent passer pour non haïssables... surtout que France Inter veut marquer l'été avec Romain Gary, personnage au sens plein du terme, jouant d'une personnalité multiforme, d'une ambition, d'un égoïsme, d'une arrogance, d'une versatilité, sans parler de sa mythomanie et mystifications, nauséeuses (mais ce n'est qu'un avis personnel d'écrivaillon qui se voudrait seulement narrateur)... Ne parlons pas du Soleil de Platon qui nous carbonise les neurones... heureusement que les formes voluptueuses d'Aya Nakamura sont là pour rappeler le primordial du vivant...   

Et alors ? pourquoi se raccrocher à un vécu “ romaingaryesque ” ? Pourquoi tenir au récit de ce voyage en Tchéquie ? Mystère... À en rester coi... À moins que ce ne soit surtout un voyage en soi panaché des autres, plus ou moins proches...  

« Takovej pěknej čokoládovej ! » Un si beau chocolaté ! disait strěda Staňa (1929-2015), tonton… trois mots, en parlant de mon petit métis, trois mots pleins d’amour de la part d’un homme par ailleurs travailleur acharné, farouche dans ses convictions, inséparable de son coin natal, entier mais porteur aussi d’ouverture aux autres, d’humanité…