lundi 20 février 2023

APRÈS LES CABINETS, LE PEÏRAL DE JACQUES / Fleury-d'Aude en Languedoc

 Nous en parlions avec l’exploration de l’aven. S’il fait beau, c’est un lieu de balade agréable, à dix minutes, un quart-d’heure, tout au plus, après les cabinets municipaux qui marquent la fin du village. 

De quand datent ces commodités et lieux d’aisances ? D’après le livre sur le canton de Coursan (Vilatges al pais / 2005) l’éclairage électrique est de 1902 (80 lampes de seize bougies qui succèdent aux 32 réverbères à pétrole de 1880) ; en 1908, le conseil municipal a délibéré pour une bicyclette à l’usage des gardes municipaux et de l’appariteur (il est précisé qu’elle servira à la poursuite d’un éventuel malfaiteur...). Que lire encore : un moulin à huile (1885), l’adduction d’eau potable en 1912, l’effort toujours croissant pour instruire garçons et filles (1880 les écoles, 1909, la maternelle dans l’ancienne école des sœurs, 1939 on ajoute un étage aux écoles [« De Pérignan à Fleury », le livre des Chroniques Pérignanaises est riche de détails à ce sujet). 

Carte des cabinets municipaux à Fleury-d'Aude figurés sur la carte de la France 1950 de Géoportail. 
 
Qui pouvait penser, encore en 1979, qu'il y aurait des places de parking (piscine) à la place des cabinets, un grand carrefour à portée, le tilleul de la Liberté, toutes ces maisons qui ont remplacé les vignes. même pour ces dernières, la forme des ceps en gobelet, sans fils et piquets de fer est devenue rare... L'amandier n'a pas encore fleuri mais nous ne sommes que début janvier...  Diapositive François Dedieu.  

Mais rien sur ces commodités si importantes pour ne pas jeter où on peut le pissadou avec son complément solide, les maisons du vieux village, sans cours ni jardins ne disposant pas de cabinets particuliers. Je crois me souvenir que les cabinets municipaux sont au nombre de quatre (à l’Est sur le chemin vers la garrigue, au Sud-Est vers la garrigue aussi et pour rejoindre la route de St-Pierre après le tènement de Baureno, au Nord-Ouest, en bas de la rue du lavoir, au Nord au Puits-Sûr... Sur les photos aériennes des années 50-65 disponibles sur le site aussi national que public et admirable de Geoportail, à condition se savoir ce qu’on cherche, aux sorties du village, on trouve les édicules Est, vers la garrigue, on devine celui de la rue du lavoir... celui du Puits-Sûr, par contre, est difficile à distinguer. Bâties sur une cuve septique dépassant du sol disons jusqu’à 1 m 50, chacune de ces constructions regroupe deux cabinets séparés par la cabine de vidage des seaux, dotée d’un robinet d’eau. Sur le toit maçonné en pente, un conduit assez haut doit évacuer les odeurs dérangeantes.         

Après s’être bouché le nez, car pour le reste, à moins que ce soit pressant... Et puis les locaux préfèrent fumer naturellement les vignes... Passez donc le chemin des Cayrols, en principe, des « hauteurs rocheuses », mais je n’en connais qu’une dans ce coin, celle du peïral, de la carrière de Jacques... Alors ce pluriel m'échappe. Avec le cabinet, à une certaine heure, c’est aussi la limite entre la zone éclairée et l’obscurité de la nuit, à suivre dans le prochain épisode " Aventure au peïral de Jacques ". 


samedi 18 février 2023

LE MESSAGER DES JOURS NOUVEAUX...

« … Dessús ma fenèstra      Au-dessus de ma fenêtre

I a un ameliè                          Pousse un amandier
Que fa de flours blancas         Qui fait des fleurs blanches
Coumo de papièr… »            Comme du papier...          Gaston Fébus 

Référence à Gaston Fébus (1331-1391) (Fébus avec un "Feu" : le "ph" n’existe pas en occitan) qui parlait le béarnais mais écrivait en principe en français (« Livre de Chasse »). On lui attribue les paroles en langue d’oc de « Se canto » devenu chant de rassemblement assimilé à ce qui serait désormais l’hymne occitan... 

17 février 2023.

Un matin calme, pas un souffle... à entendre le bruissement joli des abeilles, entre pétales, étamines et gynécées... Oh ! 8000 kilomètres plus au Nord... 


Depuis le coteau donnant sur l'Aude, la " rivière ", Loulou, Gérard et moi vous envoyons le bonjour du plus imprudent des amandiers !  

L’amandier ? faut toujours qu’il fasse son petit original celui-là. Cette année, Loulou le copain d’enfance a photographié les premières fleurs le 7 janvier, en haut d’un arbre (pas Loulou !). Le 12, l'original devait confirmer sur ses branches du bas, presque drageons... (sur un talus, non taillé, laissé à son développement naturel). Gérard, encore un de ces copains qui vous fleurissent la vie depuis l’enfance, témoigne du même, alors en pleine fleur... Alors il suffisait d’attendre qu’après l’éclaireur, tous ses comparses se décidassent à faire de même, à grossir les rangs au bord des vignes, sur les talus, au-dessus d’un mur de pierres sèches abandonné dans la garrigue... Peut-être qu’à Caboujolette, après l'émouvante croix de pierre, ceux de Bernard et Jean, centenaires, au tronc imposant d’amandiers domestiques, attendent de montrer leurs plus beaux atours, posément, une fois la frénésie des sauvageons passée ? 

« Vous êtes pressés ? mais faites donc... » semblent-ils dire...

Que mon impatience ne passe pas pour de l’agacement... finalement, du côté De Sorbas (Almeria), les amandiers de Diego fleurissent à peine aussi.  

Rien n’est réglé, programmé, cette année c’est bien la première fois que j’observe (même de si loin) un décalage de plus d’un mois entre les premiers et le gros de la troupe : l’amandier des copains d'abord a attendu en vain le renfort, tel Roland à Roncevaux.

Oungan, cette année, il a fait mentir le proverbe « Imprudent coumo l’amelier »... inutile de traduire... 


Le petit amandier de l'Horte (voir sur "J'aime Fleury..., les photos 2023 d'Elena). En 2017, il avait fleuri le 2 février (l'année 2020 n'apparaît que pour une retouche de ma part immodeste à la beauté sans fard... 

Ils se décident enfin, depuis deux ou trois jours, Bettina s’est arrêtée exprès à Lespignan, Anne-Marie a pris les siens aux fleurs roses, dans la garrigue de Saint-Pierre-la-Mer, Evelyne me dit qu’en Provence, entre Le Luc et Gonfaron, ils ont fleuri, Bertrand confirme que sous un soleil plus brillant, les parures blanches ou roses, si généreuses voudraient chanter que notre joie demeure, si n’étaient les soucis, les remords. Et Elena, sitôt posées les valises, en a voulu plein les yeux !

On l’attend, on la pressent, on la patiente, éblouissante elle reste, pourtant, cette floraison, à plus d’un titre, pour son éclat, son côté bohème aussi, affranchi, qui n’a pas à demander la permission, parce que, tant qu’elle se manifeste, elle dit avec éclat que la nature est belle, que la Terre et la terre ne font qu’un... A nous de penser, s’il n’est pas trop tard, qu’il est criminel de faire disparaître les fleurs, les insectes, les oiseaux et tous les animaux qui ne pourront pas s’adapter au déséquilibre brutal, à la catastrophe climatique trop rapide par notre faute...  

« … Regardez les branches,
Comme elles sont blanches.
Il neige des fleurs… » Théophile Gautier (1811-1872). 

À Lespignan, capté par Bettina...