jeudi 17 janvier 2019

DE CEUX QUI SE SACRIFIENT POUR RENDRE LA DIGNITÉ PERDUE... / Tchéquie, Tchécoslovaquie, Europe, France...

Jan_Palach_foto_z_průkazu Wikimedia Commons Author Urady

16 janvier 1969. Jan Palach, né le 11 août 1948 à Prague, s'immole par le feu sur la place Venceslas  en protestation contre l'occupation soviétique, la normalisation en Tchécoslovaquie, le communisme à visage inhumain.

Zajíc_Jan_pamětní Wikimedia Commons Author Ludek Kovar

Le 25 février 1969, jour du 21ème anniversaire de la prise du pouvoir par les communistes, au niveau du 39 place Venceslas, Jan Zajic, 18 ans, met le feu à ses vêtements imbibés de produit inflammable. 

Evžen Plocek (pardon pour l'emprunt non autorisé à Radio CZ).

Le 4 avril 1969, Evžen Plocek, un ouvrier de 39 ans engagé au parti communiste sera le troisième héros à s'immoler par le feu sur la place de Jihlava (aujourd'hui Masarykovo Namesti) pour protester contre l'agression soviétique. Il laissa tomber un papier expliquant son geste : 

« La vérité est révolutionnaire - a écrit Antonio Gramsci » et « je suis pour un visage humain - je ne peux pas supporter ceux qui n'ont pas de sentiments Evzen ».  

Jihlava place Masaryk Wikimedia Commons Author SchiDD

Comme le fait remarquer fort justement la radio tchèque, plus que tchécoslovaques, ces héros restent européens, d'une Europe de la citoyenneté avec des droits pour tous, ce qui est loin d'être le cas avec l'UE du fric et des tricheurs d'un côté réprimant les idéaux et les valeurs dans l'abjection la plus assumée, la concussion la plus vile de politiques vendus (FN, LR, PS en France... Macron est bien le fils spirituel de Sarko-Hollande !). 

Comparaison n'est pas raison mais la protestation actuelle des GILETS JAUNES s'inscrit pour une Europe humaine à la dignité retrouvée. Au "pays des Droits de l'Homme", les Gilets Jaunes le paient au prix fort : 1 octogénaire tué, 94 blessés graves dont 69 par les forces de l'Ordre : 14 yeux perdus, 4 mains arrachées... les hématomes causés par les balles en caoutchouc ne sont pas comptés... Que la police ne se range pas avec ces néos-fascistes qui nous dirigent ! 

Août 1968, en Tchécoslovaquie, tels des oiseaux de l'année sur la branche, nous étions l'enthousiasme de la vie devant nous. Les chars du pacte de Varsovie nous jetèrent à la face la triste réalité... Finies les chansons des soirées à la bière... Antonin, Vacek, Vera, Jiri et vous dont le prénom m'échappe, qu'êtes-vous devenus ? 50 ans après, pour ceux qui sont encore là, j'espère seulement qu'il reste entre nous une grande émotion, une émotion partagée qui continuera à marquer des valeurs indestructibles d'humanité.      

 "Ta slepička kropenatá drobného peří,
vzkázala mě moje milá, že mně nevěří..."
 
Source : wikipedia, l'encyclopédie libre... 

https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/-jan-palach-nest-pas-seulement-un-heros-tcheque-cest-un-heros-europeen-?fbclid=IwAR2WtHIq6YHpnBkw-61IV-R1QZKxTYXWqHbH-pOY462V5Idvphm5r8ZqLko

mercredi 16 janvier 2019

DE CEUX QUI HONORENT LEURS PROMESSES, IL VA VENIR, C’EST SÛR ! / Fleury d'Aude en Languedoc.


Mon premier, de 2017, entre le moulin et  le coteau de Fontlaurier.

Ne jouons pas les Nostradamus ! Plus facile d’énoncer une lapalissade, d’annoncer que le printemps viendra après l’hiver, pardi ! Il n’empêche, une petite voix me dit que les amandiers vont fleurir… C’est que les quelques jours frisquets de ce début janvier devraient avoir causé ce choc thermique indispensable à la floraison de l’amandier… Alors gageons, même si je Nostram’amuse, que l’amandier ne me fera pas attendre plus de quinze jours ! C’est entre lui et moi, en seriez-vous témoins… . 
 


Il va venir fleurir le coteau, le marge des vignes, houppe blanche de l’amande douce, toupet rose de l’amère. Pastels de serments partagés ou trahis[1], d’alliances fécondes, le message passe avec l’allant des jours plus longs, toujours plus engageants. 





Préludant à la montée des sèves, il accompagne le poudaïre, le vigneron qui taille les sarments, souche après souche, (d’ailleurs, les amandiers cultivés sont eux aussi, traditionnellement taillés en gobelet, pour diriger la pousse des branches vers l’extérieur). Si le vigneron qui « poude[2] » est pressé par le printemps qui déjà s’impatiente, l’amandier, lui, est plus fougueux encore. Rebelle, bravache, il n’a de cesse que de contester l’hiver alors qu’imperturbable, la saison mauvaise et sans pitié, sûre de sa légitimité et du tribut qu’elle peut exiger d’une nature écervelée, lui fait souvent payer un optimisme aussi cabochard qu’incontrôlable à coup de gelées qui brûlent et font avorter des fruits au duvet naissant. 

 
Est-ce le même arbre ? 




Je suis du Sud et, n’en déplaise aux Jacobins centripètes,  l’amandier participe de cet esprit plus méditerranéen que français, avec la mer qui soumet à elle le Mistral et le Cers… Oui le Cers, un vent auquel les Romains avaient même élevé un temple ! Fan cagua les bobeaux esprits qui n’ont que la tramontane à la bouche ! Oui le Cers, frère du Mistral, de ces grands vents qui donnent à l’air du Golfe du Lion une lumière à part.



Par une matinée claire et vivifiante, il n’y a rien de plus beau que les boules fleuries des amandiers sur les laisses d’un coteau avec, en fond, par un ciel pur et calme, le cône enneigé du Canigou… de quoi rendre jaloux le Fuji-Yama qui doit attendre longtemps l’éclosion des cerisiers ! 





Dans certaines contrées abritées du Midi, il lui arrive de fleurir parfois pour Noël… C’est arrivé à Fleury… en 1916, 1921, 1975… En attendant, faudrait-il attendre jusqu’en février, tout le village se retient, impatient de s’ouvrir au chapitre qui vient. Ils le pressentent tous : le messager fidèle ne tardera pas ! Tous l’espèrent ! Un instinct du fond des âges fait guetter, au bord des vignes, des champs, dans la garrigue même, le long des laisses et des murettes abandonnées ! Chacun croit le voir, à s’en frotter les yeux tant il cèle en lui l’espoir de jours meilleurs.

Quand le porteur de lumière vient, de sa touche pastel, éclaircir la grisaille de l’hiver, c’est une renaissance, et celui qui en est témoin court vite vers les siens, coupe la parole pour la bonne cause, l’annonce de la bonne nouvelle... J’en parlais ainsi, en 2014… et j’en frissonne rien que de penser aux abeilles, aux bourdons, à tout ce petit peuple de pollinisateurs qui profite et donne à la fois pour que vive notre vieille Terre…    




[1] Revenant de Troie, Démophon, fils de Thésée, roi légendaire d’Athènes, un des guerriers enfermés dans le cheval de bois, fut jeté sur la côte de Thrace. Phyllis, princesse du lieu, tomba amoureuse du bel étranger. Ils se marièrent. Démophon, cependant, repartit pour Athènes et ne revint pas, malgré sa promesse. Abandonnée, Phyllis se pendit à un amandier. Si je retiens cette version d’une légende déclinée en maintes variantes, c’est que l’arbre ne daigna fleurir que le jour où Démophon revint enfin…       

[2] La "poudo" était l’outil employé pour tailler la vigne, serpette d’un côté, hachette de l’autre, connu dès l’époque romaine, sera utilisé jusqu’à la fin du XIXème siècle. (source photo « Canton de Coursan / Opération Vilatges al Pais – Ciném’Aude 2000  / Francis Poudou et les habitants du canton / 2005)