lundi 12 mars 2018

Mayotte ET la poudrière des Comores !

Un éclairage alarmant d'une crise à Mayotte sûrement plus grave, dépassant le blocage actuel, vraiment des prémices de GUERRE ! (Depuis le site de Yazidou Maandhui, une analyse de fin 2017, peut-être toujours d'actualité... )

" L’Utopie des Ciseaux

La « guerre civile » tant redoutée, si elle devait par malheur éclater, partira d’abord des Comores, plus précisément d’Anjouan et opposera principalement les « anti-ukutruzi » aux « pro-ukutruzi », c’est-à-dire ceux favorables au séparatisme d’Anjouan à ceux qui préfèrent le statu quo, ou dit autrement les pro-Azali aux pro-Sambi.

Le débat qui met en ébullition l’île de Johanna est la remise en cause de la « Tournante » par l’actuel président. Ce dernier veut changer la Constitution comorienne alors que c’est au tour d’Anjouan de prendre la présidence. Si rien ne change, il est clair que c’est Sambi qui le succédera sans peine. Si la Constitution comorienne est modifiée, l’affrontement entre les deux camps est inévitable, en tout fort probable.

Les répercussions à Mayotte seront immédiates. Nous aurons la sauvagerie de 2008 qu’on a tristement et à juste titre nommée « Chasse aux Blancs », c’est-à-dire la première micro-guerre ethnique imposée à notre île, saupoudrée d’une pincée de guerre de séparatisme de 96 à Anjouan. Autrement dit, si ça éclate à Anjouan, les pro et les anti qui se sont réfugiés sur l’île régleront leurs comptes entre eux sur notre territoire. D’ailleurs, des vidéos circulent à ce propos sur lesquelles des jeunes se disent retranchés dans la « sécurité » des forêts de Mayotte prêts à réagir, à prendre les armes en cas de séparatisme. Et il faut savoir que nos amis vivent en communauté et se connaissent tous selon le village ou la région d’origine. Et chaque village de Mayotte a sa dominance de région de l’île de Johanna.

Ce sera donc une histoire qui ne concerne ni de près ni de loin les Mahorais, à l’image de 2008 avec l’affaire de l’Asile accordée à Mohamed Bacar sur le territoire. Le Préfet d’alors s’était montré impuissant. L’aéroport avait été envahi par une marée d’anonymes sortis de nulle part, la gendarmerie nationale attaquée, caillassée. L’anarchie totale, en somme. Des airs de 96, car à l’époque le rêve de nos voisins était de rejoindre la France et ce rêve n’a jamais autant effleuré la réalité que depuis justement 2007, encore plus 2011. À ce sujet, le « comité maoré » est obsolète car un nouveau regroupement de jeunes intellectuels issus de la société civile a pris le relais et opère de façon plus efficiente contre les intérêts des mahorais. L’occasion rêvée pour glisser leur fantasme dans l’affaire.

Bref, ce sera une guerre d’abord provoquée pour séparer l’île d’Anjouan de l’Union avant d’espérer se rabattre sur le fameux rapprochement institutionnel avec Mayotte. Mais avec la résistance des Maorais un statut nouveau, original — il faudra oser comme l’a dit Luc Halade l’an dernier et en 2011 — pourrait voir le jour et par un effet de contournement subtil rattacher Anjouan à la France. Naissance donc d’une sorte, allez soyons fous, de « France des Comores. »

Beaucoup de nos élus pourraient avoir compris cela et préparent déjà leur poste dans cette prochaine utopie, ce rêve à venir. Ils savent qu’en récompense, il leur sera donné une bonne place dans cette prochaine organisation. Il faut avant tout permettre qu’on puisse touiller le statut de Département pour partir sur quelque chose de plus souple. Ils fantasment déjà sur un PTOM mieux que la Polynésie où ils seront des présidents et des ministres...

Pour revenir à cette guerre, le danger réside en quoi ? Les coupeurs de route qui sont, contrairement à ce qu’on pourrait croire, très bien organisés et très politisés. Les milliers d’exclus qui dorment dans les favélas, plus d’une soixantaine, éparpillées sur toute l’île. Des anonymes, répertoriés nulle part, C’est incontrôlables. La majorité ayant goûté au « Chimik » et autre drogues non classées qui traînent chez nous. Et il y a ces mercenaires, ces anciens militaires endormis chez nous et convertis en chef d’entreprise, chauffeurs de taxi mais qui sont prêts à tout moment à surgir. Au milieu de tout cela, il y a les Mahorais, avec comme seules armes le Shenge, des marches blanches.

Si notre État, le gouvernement, joue une seule fausse note dans la lecture de ce qui certainement se trame sur cette île, alors nous sommes en danger. Mayotte c’est la France, c’est l’Europe. Les seuls adversaires, la seule force que doivent rencontrer les agresseurs c’est notre armée, notre légion, nos forces de l’ordre. C’est la LOI. C’est le DROIT. Et non la population. Aucun Mahorais ne doit jouer aux Héros dans cette affaire. Exigeons de notre État des garanties de notre sécurité car 2008 a été un traumatisme pour nous habitants de cette île et surtout nos compatriotes métropolitains. Notre nation doit rester digne et protéger ses enfants.

P.-S."
 
photo Yazidou Maandhui
 
 

samedi 10 mars 2018

ENTRE SAINT-ANDRÉ-DE-SANGONIS ET PÉZENAS / Ô moun pais...


  Un pêcheur de coquillages tirant un tenillier à Saint-Pierre-la-Mer, à proximité du grau fermé en été de l'étang de Pissevaches. Un effort soutenu, d'un pied sur l'autre, à reculons, mais une traction douce et lente laissant longtemps un même champ de vision. Un prétexte, grâce aux éléments marquants du paysage et tout aussi bien à tout ce qui reste invisible, pour penser, méditer, rêvasser et aussi redessiner la trace des siens jusqu'à ceux de son espèce avec toute la liberté que permet l'imagination. 



Toujours à ses tenilles, notre pêcheur à pied pense, cette fois c'est à Saint-André-de-Sangonis où son père, alors au chômage, trouva heureusement une place de précepteur au château, auprès du fils de la comtesse avant qu'une opportunité ne s'ouvrît enfin pour lui au Brésil. La comtesse fut même contrariée qu'il n'emmenât pas Maxence… Mais c’est vrai qu’elle était un peu spéciale... se séparer ainsi de son fils…  



De là, les souvenirs descendent un peu plus en aval, à Pézenas, encore ramassée autour de sa collégiale[1], à l’écart du fleuve, mais qui a déjà fort à faire avec la Peyne, sa jolie mais si capricieuse rivière voire colérique avec ses aigats (épisode méditerranéen plutôt que cévenol) aussi fréquents que soudains. Pézenas toujours frémissante de son passé historique et qui en a gardé une animation vivifiante tant culturelle que commerçante. « Connaissance du Monde », les Mahuzier au Caucase au foyer des campagnes, c’était quelque chose pour un gamin de dix ans, avant la télé ! En haut du cours Jean-Jaurès, l’influx du changement pour une jeunesse exprimant inconsciemment son mal-être, lasse d’une société compassée mais comme poussée seulement par un instinct, sortait des juke-box avec Johnny, Sylvie[2], Frank, les Chats Sauvages pour les rythmes rock annonçant peut-être 1968 et surtout l’ambiance « Salut les copains » avec ces 45 Tours toujours nouveaux qui sortaient tous les mois tandis que la chanson française, toujours là, mutait bien obligée aussi, malgré ses valeurs sûres… 


A l’opposé, en descendant le Cours, avec les hôtels particuliers, l’allure grand siècle sous la perruque de Molière, Lulli scandant les pas de sa grande canne ne s’en formalise pas. C’est là qu’habitait Jacky Lapointe, le copain de classe qui ne disait rien du « Poisson fa »[3] de son papa mais qui, un jeudi, m’a emmené sortir le petit âne chez son papi, sous les pins du parc de la Grange Rouge alors en pleine campagne[4]… Il était calme, doux et gentil, comme Jacky… Etranges, ces coïncidences qui nous font retrouver la Comtesse de Ségur, Stevenson et Modestine, Francis Jammes, Hugues Aufray, Jacky et l’ombre de Boby Lapointe… Mémoire d’un âne… d'un petit âne, heureux, léger de ses malheurs passés, de la signature contrefaite sur le carnet de notes pour deux zéros en allemand, première langue obligée, suivie d’une fugue qui s’est bien terminée, c’est comme ça, après 70 kilomètres sur la dangereuse nationale 113…     

   
Parcourir son paysage familier, même en y retraçant son chemin de vie, c’est déjà révéler son ouverture aux autres, l’intérêt qui leur est porté. Le temps de soulever le tenillier, manière d’avoir une idée de sa pêche, avant de le poser dans l’autre sens, le laboureur de la mer s’apprête, comme pour un deuxième sillon, à forcer sur sa bricole. 

Labourer ? il faut le dire vite ; c’est à peine si une bande de sable est ameublie sur 2-3 cm attirant aussitôt des sars de petite taille comme le fait une terre fraîchement remuée avec les bergeronnettes. Labourer n’est pas charruer, cela dépend de la taille de la charrue suivant que le soc retourne jusqu’à vingt-cinq centimètres (entre quinze et vingt disons parce qu'il en est encore à la traction animale et qu'il plaint le cheval) ou que le versoir va trancher beaucoup plus profond pour arracher une vigne notamment… Qui a vu monsieur Guilhaumet derrière un chenillard, sous son éternel béret, perché à deux bons mètres du sol, au volant d’un soc géant pour voir de quoi il retourne ?

Aux tenilles, l’esprit reste libre de vagabonder, de divaguer quand la gouge du Cers sculpte le golfe vers le large de ses millions d’écailles. On n’a pas idée alors des chalutiers qui en sont arrivés à charruer les fonds marins et pire, de ces capitaines criminels qui viennent razzier, au petit matin, trop près de la plage, la faible profondeur (des herbiers ?), véritables nurseries pour nombre d’espèces…




[1] Les nouveaux quartiers des localités, quelle que soit leur taille, ont débordé sur la campagne
[2] Avec Patricia Carli, Micky Amline, des accents d’émancipation chez les filles…
https://www.youtube.com/watch?v=EeQnKdc9nls
[3] Robert Lapointe, Boby (1922-1972) qui, en 1960, 61 se fait remarquer avec les chansons Marcelle, Aragon et Castille.
Jacky Lapointe (1950-2008).
[4] Aujourd’hui les lotissements ont pris la place des vignes. 

Photo autorisée : 
4. La Peyne canalisée. Wikimedia Commons Auteur Christian Ferrer