samedi 11 mars 2017

MON DJINN À MOI... / Mayotte mon amour...

Mon djinn à moi me parle d’une magie qu’il ne faut surtout pas perdre. Oh Lato, mon copain perdu, toi qui m’a donné les clés d’une île mystérieusement magnifique, où es-tu ?
Tu écris quelque part, pour ne pas être seul. J’écris dans ce que je voudrais être mon tobé littéraire. Je t’écris aujourd’hui car tout est parti de là :
   
« Un homme qui écrit n’est jamais seul. » JOURNAL / Paul Valéry

Rien de plus vrai !
"Mariàmoi", tu la connais ! me dit
« Tu es avec ton djinn !.. comme quoi, écriture ou pas , c’est bon d’être accompagné aussi...
- Oh que c’est beau ! que je réponds... surtout que mon djinn est bon, tu sais !
- Mais c’est qu’il y des djinns gentils ! enchérit-elle aussitôt.
- C’est un complice formidable... il entre même dans mes pensées mais n’exige rien de moi. il ne me demande pas de "m’hallucinoger" pour le faire exister. Tu me rappelles ma "jeunesse" ici quand je courais les rumbus !.. Wouah ! la musique de Ragnao Djoby... attends je n’y tiens plus, il faut que je relise... dans la bibliothèque, cette boîte qui cache un tapuscrit, faudra bien le sortir un jour. Sans parler de ton manuscrit, tout de calligraphie, comme si ton écriture ronde concluait une réflexion en amont, toute en pointes, en tempêtes sous un crâne.
Je pense à toi en ouvrant ma boîte, précautionneusement : il peut s’en échapper tant de souvenirs, de sensations, de sentiments. De toute façon, je n’en sortirai pas indemne. Tout y est, la couverture, la quatrième, une carte maison, la table... LE RUMBU c’est page 317. 


 Tant pis, je risque un voyage intérieur qui va me secouer le cœur, me transporter exactement en août 1997. L’ambiance ?.. si mes amis silencieux, de l’autre côté du miroir, me submergent, promis, je la partagerai, m’en coûterait-il. Une cérémonie, la réception des esprits, pour les calmer, pour qu’ils protègent la communauté villageoise. Sous le ciel clair de la saison sèche, la clarté feutrée de la lune et des étoiles ajoute au mystère. Oh ! page 319, je n’ai oublié que "Saïndou", son prénom... 

«... Boucle d’oreille et casquette de loup de mer, Saïndou, avec ses airs de Corto Maltese, pianote avec conviction sur un petit clavier électronique, un jouet d’enfant, dérisoire concession à la modernité. Nos yeux se croisent (et je vous prie de croire que c’est d’une intensité amicale qui vous reste à vie !). je sais qu’il rêve d’un accordéon qu’il trouvera, peut-être, un jour, à côté, à mille quatre cents kilomètres de la nuit d’Handréma... » 

Mon cher Lato, mon cher Saïndou, vous n’êtes pas sans savoir qu’avec mon djinn c’est plutôt le trop-plein ! Ça picole, ça rit derrière moi, ça s’étreint, ça parle de la vie, de l’amour... sous la clarté feutrée et bienveillante de la lune, de fandzava sur sa fille... Mayotte... »
La boîte est refermée. 
Avec une muse qui l'inspire, un homme n'est jamais seul... Merci "Mariàmoi".  

« Un homme qui écrit n’est jamais seul. » JOURNAL / Paul Valéry. 
 

Photo : Le mont Choungui depuis M'tsanga Mtsanyouni (Tahiti Plage) Christine Dedieu... poutou frangine .

vendredi 10 mars 2017

LE CERS QUI PASSE SUR LA GARRIGUE ME RENDRA FOU ! / le nom de vent le plus vieux de France !

Et bé oui, cette atmosphère qui nous laisse tant aimer notre pays, souffrez que je la fredonne, en restant à ma place. C’est que Brassens vient aussitôt chanter Gastibelza sur la « Guitare » de  Victor Hugo. 


On ne trouve que ce qu’on veut bien chercher aurait dit Monsieur de La Palice. Mais parfois on trouve alors qu’on folâtrait ailleurs.
Ainsi, en feuilletant (c’est aussi une manière d’aborder un ouvrage) l’Anthologio Escoulario de Lengadoc (Roudès 1931 / Ediciu de la Mantenencio de Lengadoc), donc avec une bonne part de hasard, j’eus l’heur et le bonheur de trouver et ce que je cherchais et ce que je n’aurais pas cherché tant un contresens et un non-sens pourtant flagrant m’agréait... Mais, comme en amour où il est si difficile d’accorder la préséance au sentiment ou au désir, ma recherche qui se voulait structurée n’avait pas anticipé que « le vent qui vient à travers la montagne » me rendrait fou !  

Allons, cherchons... « Je cherche après Titine », mais non même si Charlot dans les temps Modernes, en donne une version exceptionnelle ! Non, ce doit être un plaidoyer, méthodique, construit, pour rétablir dans son honneur, le Cers des Romains. Le Cers, porterait-il le plus vieux nom de vent de France ! pourtant si ignoré, méprisé par l’ignorance ethnocentrée des people de la météo, de ces médias propagandistes qui se doivent de rester souriants, optimistes voire doucereux suivant les circonstances... Au moins que le bon peuple des "veautants" dorme sur ses deux oreilles, tondu et cocu ! 


Mais revenons à notre propos et là, dans cette anthologio, à la partie « Béziès-Sant-Pouns », parce que Pierre Alias, le regretté camarade de lycée de papa, avait parlé de Clardeluno (1), nous avons au moins deux raisons de chercher la poétesse de Cazedarnes ou d’un hameau proche. Et là, quelle n’est pas ma surprise de retrouver notre Cers, toujours avec la majuscule, plus haut que prévu, balayant même les collines du Minervois et peut-être, de ses rafales fulgurantes, au-delà des rives de l’Orb, toute la mer de vignes du Biterrois.

Dans Lisou (roman), « Mars dins lou Bas Lengadoc / ... las vignos que dejà laguejaboun.../... lour cabelladuro d’argent desplegado e rebufelado sens fin per lou vent de Cers.../... pei las alenados del Cers escoubilhaboun tourregans e rantèlos... »
Au mois de mars en effet, il n’est pas rare que la vigne « laguejo », rendant visibles les alignements de ceps, les rangées (de souches) dit-on notamment lors des vendanges, grâce aux bourgeons ouverts laissant sortir la pointe des premières feuilles vert tendre toujours dépliées et ébouriffées sans fin par le Cers. 


Puis, les exhalaisons, les bouffées du Cers balayaient (à rapprocher des équevilles de Lyon, du latin scopa [balai] puis scova puis escova et escovilla...) les gros nuages (le tourregan particulier au couloir audois, poussé par le Cers, défile rapidement depuis l’horizon ouest). Les rantèlos sont de légers nuages blancs souvent en formation... le bon maître Mistral cite J. Laurès : 

« A fusat len d'aici coumo fuso l'estelo
 En daissant darrès el uno fousco rantelo. » 

(1) pseudonyme de Jeanne Barthès (Cazedarnes 1898 - Cessenon 1972). Avec d’autres femmes auteurs membres du Félibrige, dont Philadelphe de Gerde (Claude Duclos-Requier), Calelhon (Julienne Fraysse-Séguret) et Farfantello (Henriette Dibon). Membres du Félibrige, elle a écrit en occitan alors que notre langue était de plus en plus étouffée par la morgue hégémonique du jacobinisme parisien... ce qui, serait-ce de façon insidieuse, perdure...  

Crédit photo : 
n° 2 extrait de carte IGN 65 Top 100 Montpellier-Béziers (2000). 
n° 3. après le débourrement auteur Véronique PAGNIER (je ne sais pas si on ne dit pas chez nous, et probablement par erreur, "débourrage" ?).