samedi 4 mars 2017

LE MONDE NE DEVRAIT ÊTRE QUE CHANSON ET MUSIQUE... / ratés existentiels

VOYAGE DES 1 & 2 mars 2017

Entre ce qu’il peut ou ne pas dire, un moment fort avec en fond le sens de la vie, ce qui a été et qui ne peut plus être, une certaine permanence pour ses parents, ses enfants, la fragilité dans le temps pour la ou les femmes qu’il aime, celles qu’il a aimées, celles à côté desquelles il est passé, celles qui croisent encore sa route parce que son cœur reste jeune, serait-il tarabusté par la verdeur qui se fane... Merci, amis inconnus, de "l"’accompagner dans le voyage... c’est un essai... c’est plus facile d’écrire sur les autres et "il" hésite trop au point de ne vouloir l’écrire que pour lui... 


Tous ces amandiers fleuris qui marquent les talus ! Magnifique ! Entre le train en gare de Béziers à 11h 20, le billet de tram à prendre 1,60€, il arrive Place de l’Europe en même temps que la navette pour l’aéroport. A l’aller il avait apprécié l’amabilité du chauffeur. Cela se confirme alors qu’il se demande pourquoi à son volant il lui fait signe et stoppe la navette vingt bons mètres avant l’arrêt. « Je vous ai vu chargé, passez les valises par la double-porte au milieu ! » et avec le sourire en prime ! Hasard ou politique maison ? C’est appréciable en tous cas. Il  est passé devant tout le monde... c’est si idiot de faire ça sciemment... 
A l’aéroport, peu de monde à l’enregistrement, la petite vingtaine du bus. Pas besoin de sortir la carte d’embarquement téléchargée, le passeport joue les sésames. La conversation s’engage même avec l’hôtesse curieuse de savoir où il va :
« Que signifie le «DZA» de votre destination ? »
- Dzaoudzi à Mayotte...
- Je suis impardonnable, j’y ai été ! »
Ils vont même parler des problèmes de l’île : il n’y a personne derrière. Grâce à l’internet on peut choisir sa ou ses places. Pour le vol à travers l’Afrique il a pris la 36 D complètement au fond. Besoin de se mettre en retrait, tenter de faire le point, blackboulé entre un passé fermé, un futur étriqué, des amours mortes qui pourraient renaître, ou ressuscitées qui pourraient remourir, ou vivantes ou qui n’en ont que l’air, autant de constructions mentales peu, mal partagées, ou trop bien, ce qui n’est pas mieux. Plus abrupts mais plus mesurables, les sentiments filiaux ou paternels pour des parents qu’il faut quitter, un fils qu’il veut retrouver. L’analyse est dure et quand sa difficulté dissuade, sa « camisa negra (1) » chante ses amours dans sa tête, sentiments et attraits physiques mêlés, avant que les devoirs, naturels sinon sociétaux, ne reprennent le dessus.   
Dans le KLM, un Airbus il ne sait plus quel chiffre, la présence des passagers est contrôlée par tablette. Un jeune a perdu sa carte et le personnel de cabine tient à mettre chacun à sa place. Un que je connais trop bien dit sans détour que le fond de l’appareil est vide. La rombière en uniforme bleu barbeau (les bleuets de la Clape sont plus bleus !) répond qu’on verra après. Je suppose que c’est pour ne pas salir et ne pas impacter le service. 
Décollage vers les Cévennes. Vent peu établi, peut-être d'Espagne : au sud de l’Étang de l'Or, les flamants se tiennent contre les sénils. 


Petite crêpe salée fourrée, variante d’un sandwich venu d’ailleurs. Très bonne à son avis. Une Heineken, d’origine. 


A part le Ventoux et une ligne imprécise de la chaîne alpine enneigée, plus rien de visible avant la descente au-dessus de la Mer du Nord. Plages des Flandres avec des maisons juste derrière une ligne de dunes si fragiles vues d’en haut. « Ay Marieke, Marieke je t’aimais tant... (2)» chantait Brel avec qui j’imagine les blés, bleuets et coquelicots de son plat pays :
«... Zonder liefde warme liefde – / Weent de zee de grijze zee –
Sans amour la chaleur de l’amour / Se lasse la mer la grise mer...»

(1) https://www.youtube.com/watch?v=kvEvATBiQ5U
(2) https://www.youtube.com/watch?v=jalwU5D8Kag

crédit photos : 3. Flamants roses avec La Grande-Motte au fond. Auteur probable Fred.th
4. De Panne, la plage par un beau jour d'hiver, auteur MJJR.

vendredi 24 février 2017

NOTRE MAÎTRE VENT, LE CERS / L’itinéraire en Terre d’Aude / Jean GIROU 1936.


Je ne sais plus qui a évoqué le Cers en tant que plus vieux nom de vent en France. Je sais que nos commentateurs météo et leurs consœurs très charmeuses nous gargarisent trop de ces tramontanes venues de tous les horizons... Nous ne voulons pas les exclure mais seulement rendre une juste place à celui qui reste lié à l’Aude comme le Rhône l’est au Mistral... 

A propos de notre maître vent le Cers, tiré de L’Itinéraire en Terre d’Aude, extraits : 


(page 240) « ...Pour aller à Quéribus, il faut, de Cucugnan, monter vers le Grau de maury ; avant d’arriver au col, un sentier muletier part à gauche dans la pierraille de la garrigue, une demi-heure de marche et l’on arrive aux premières défenses du château. la montée en serait facile, si, d’ordinaire, un vent terrible ne vous fouettait, un cers violent, qui, après avoir parcouru à grandes foulées les terres hautes des Corbières, va se lancer dans la plaine d’Estagel, d’un bond de plus de 500 mètres.
Arrivés aux blocs de pierre de la première enceinte, il faut gravir un couloir d’accès; le vent, en rafale, vous plaque contre la muraille, vous abat vers la terre, avec une telle force et un tel acharnement que marcher devient une lutte; enfin une murette, on respire, un peu de repos et il faut repartir. le Cers vous reprend comme une proie, vous déshabille et vous soulève... /... Mais cette bataille avec le vent est récompensée par les beautés architectoniques de ce château et par son panorama exceptionnel... » 

Page 286, en parlant de la montagne d’Alaric : «... Les habitants de Montlaur, de Camplong et de Ribaute, bannières en main, montaient en chantant à San Miquel. L’ascension en plein Cers, sous le soleil de septembre, devait être déjà un sacrifice;.. » 


Page 301, dans la partie Narbonne : «... D’autres temples s’élevaient en ville, consacrés à Minerve... à Hercule, à Apollon, à Bacchus, à Cybèle, à la Concorde, à Saturne et à Circius le vent impétueux du Cers dont Caton disait : « Il se déchaîne avec violence; quand on parle, il vous remplit la bouche; il renverse un homme armé et une voiture chargée » ; de nos jours, le Cers a gardé la même fureur, certains jours de tempête, il enlève les toits, renverse en gare de La Nouvelle les wagons et, combien de fois n’a-t-il pas lancé contre un platane les automobilistes pris dans son tourbillon... » 


Page 323, pour l’étang de Bages et de Sigean : « ... Nous voici en bateau, l’on part par bon Cers du ponton de la Nautique;.. »

Dans son livre sur l’Aude, Jean Girou, nous le constatons, n’a pas manqué de mentionner le Cers... Plus de 300 mots pour du vent ! Et toujours, sauf une fois, avec la majuscule... Je ne me doutais pas que ma fantaisie n’avait rien d’original... En parlant de majuscule, remarquons les deux de "La Nouvelle" et la seule de "la Nautique". 

Crédit photos : 1. Château de Quéribus ; derrière le Grau de Maury ; au-delà le fossé du Fenouillèdes. Auteur Nidira.
2. Montagne d'Alaric, dernier pli des Corbières vers le nord. auteur Eric Andréoli.
3. Cathédrale St-Just-St-Pasteur Narbonne. Author Dennis Jarvis.
4. Port La Nouvelle. Auteur Joyce 11.