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vendredi 29 mars 2024

PÂQUES FLEURIES, PÂQUES FANÉES...

Avec la menace terroriste, un islamogauchisme permissif, je tiens cette année à m'affirmer dans mon camp, auprès de ceux qui, libres de vivre ou de ne pas vivre leur religion, ne tolèreront jamais l'asservissement à un islam intégriste venu d'ailleurs... Si nous avons déviriliser nos catholiques traditionnalistes, ce n'est pas pour nous soumettre à un totalitarisme religieux importé... Le roman de Houellebecq, dès 2015, annonçait ce que la France pourrait devenir... L'Histoire ne manque pas de tenir à jour les dates d'une confrontation qui se poursuit depuis plus de 1300 ans... et si l'Europe est passée du paganisme au christianisme, ce n'est pas pour se livrer à un obscurantisme figé dans le temps, dans ce qu'il a de plus rétrograde.  

Perpignan Procession Sanch 2008 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Tylwyth Eldar. bien sûr j'avais très peur  alors ! 

Pâques fleuries. 

Les cloches à toute volée… L'accord entre la nature et les âmes, l'exaltation d'un nouveau départ, l'espérance toujours recommencée, ces sensations difficiles à cerner, à exprimer – mais l'essentiel n'est-il pas de les ressentir lorsque le renouveau gonfle la poitrine et fait soupirer d'aise ? – toutes ces bonnes choses semblent communier pour Pâques, la fête religieuse la plus réussie, celle qui m'a, sans doute possible, le plus marqué. Le catéchisme, de corvée aimablement acceptée devient alors presque un plaisir. Mademoiselle Fouillat habite chez les Rives, un des « clans respectables » du village, en ce sens qu'ils possèdent une propriété moyenne, une maison et des dépendances, des biens de famille, parfois un ramonet, toujours une réputation assise sur des générations. C'est vrai que cela fait un peu vieille France, assez fille aînée de l'Église et que ça sent beaucoup la naphtaline mais cet ordre ancien appelé à être bousculé n'a rien de haïssable en soi : pas de morgue ou de mépris. Au contraire. Un petit jardin d'agrément, avec deux palmiers de Chine, précède la maison de maître. Les catéchumènes lient et étudient dans la cuisine, à gauche en entrant. Une hotte parisienne avec un néon caché derrière, une cuisinière moderne, signes des temps, ont remplacé la cheminée d'origine. Mademoiselle Fouillat est une vieille fille indulgente, compréhensive si nous n'avons pas étudié. Elle nous fait lire, elle commente et discute avec madame Rives qui coud, tricote ou brode, tandis que le souper mijote sur le feu et que nous gribouillons des réponses sur un petit cahier. Si les actes des apôtres et les miracles du Seigneur me laissent un peu distant, je suis, par contre, un témoin privilégié des scènes de vie de mes hôtes. Les femmes discutent d’affaires aussi domestiques que privées. Parfois, monsieur Rives les rejoint. Il reste un moment, sans s'asseoir. Je ne m'intéresse pas à ce qu'il raconte mais j'aime beaucoup son entrée. Le personnage me plaît avec son béret, ses lunettes, sa voix douce et chantante qui parle du nez, bien d'ici, couleur locale pour le dire avec plus de distance. 

Pendant la semaine sainte, l'objet de notre éducation religieuse revient au premier plan et je suis pris par la machination implacable, l'engrenage tragique, du baiser de Judas à la libération de Barabas, sans oublier le reniement de Pierre et les mains de Ponce Pilate. La tristesse s'accentue avec le chemin de croix, touche le fond dans la crucifixion au crépuscule et, effrayée par les cagoules noires et pointues des pénitents de la Sanch, se réfugie dans les travées obscures, révoltée toutefois que la petite lumière rouge puisse encore briller. Le samedi reste empreint de mystère mais notre communauté villageoise renaît le dimanche dans l'église inondée de soleil, pleine de monde, alors qu'une élégante voulant se mettre en évidence se signe en retard devant le bénitier. Ensuite les familles se retrouvent pour le repas de fête avec les œufs au mimosa, farcis d'anchois, le gigot de l'agneau pascal et le bras de Vénus à la crème pâtissière... » Jean-François Dedieu, Le Carignan, Pages de Vie à Fleury I, 2008. 

Perpignan La_Procession_de_la_Sanch_en_2017 the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Aurelio Cardenas... D'autant plus peur, qu'en blanc, c'est la tenue des suprémacistes du Ku-Klux-Klan... 

jeudi 2 avril 2020

19 mars mi-Carême / Fleury-d'Aude en Languedoc.

De la mi-Carême à Pâques, ce sont, en gros, une vingtaine de jours sur les quarante du jeûne jadis aussi strict que pressant. Dans les années 50 pourtant, du moins sur notre rivage méditerranéen lié à l'expansion du christianisme, la rigueur s'est relâchée : les privations exaltées ne concernent plus que les plus pieux des fidèles. Fini le doigt divin omnipotent menaçant les brebis galeuses ! 
Au village, grâce au "Russe" de Fleury, comme en écho, nous avons, qui plus est, le témoignage de l'importance de ce jeûne rituel chez les chrétiens orthodoxes. Porphyre Pantazi (1891-1974), d'une famille gréco-roumaine et Moldave de naissance, a raconté comme cette période d'abstinence rituelle l'a marqué, entre un père inflexible et accrochés au plafond, le jambon, les saucisses, les cochonnailles de la tentation (1). 

Photo dans le domaine public de Kucera_Jaroslav_Moldávie,_Coropceni_1979_POP_NIKOLAJ,_ZPĚVÁK_A_ZVONÍK  (Le pope Nicolas, le chantre et le sonneur ?)Wikimedia Commons
Le catéchisme n'en faisant plus cas, c'est à l'école que la mi-Carême se retrouve détournée : avec les jours qui rallongent, l'hiver devra céder la place au renouveau. La Terre nous envoie un messager aussi mystique mais plus manifeste qu'un messie. Le rituel de la Récitation en témoigne.      

Rose du jardinet de Marie, au pied des anciens remparts (25 mars 2020).
"Le carnaval s’en va, les roses vont éclore ;
Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon.
Cependant du plaisir la frileuse saison
Sous ses grelots légers rit et voltige encore,
Tandis que, soulevant les voiles de l’aurore,
Le Printemps inquiet paraît à l’horizon.

Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire ;
Bien que le laboureur le craigne justement,
L’univers y renaît ; il est vrai que le vent,
La pluie et le soleil s’y disputent l’empire.
Qu’y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant ;
C’est sa première larme et son premier sourire."

A la mi-Carême Alfred de Musset. 

Les flocons sont plus pétales de fleurs que plumets de neige. Dans les foyers, crêpes, beignets, bugnes et chez nous oreillettes viennent réjouir le cœur et l'estomac. Du Carême et de la rupture du jeûne ne restent que les ventrées gourmandes ! Oublions les moines replets et pansus qui s'autorisaient la chair de castor au prétexte que la queue couverte d'écailles assimilait l'animal au poisson. Pour le commun des ouailles, même les œufs étaient interdits. 

Or, l’œuf ne tient que vingt jours. Sa conservation a certainement joué sur le calendrier liturgique. Pour Mardi Gras, on cuisine tout ce qui pourrait ne pas tenir vingt jours. A la mi-Carême, le bon sens commande de ne pas faire périr les œufs, ces protéines alors vitales. Et vingt jours plus tard, les œufs aux coquilles décorées marqueront à nouveau la fête de Pâques ! 

25 mars 2020
25 mars 2020.
En cet an de disgrâce 2020, le virus et le confinement passant sur nous, il ne me restait que cette note laconique "19 mars mi-Carême". Et pourtant, même inquiet, le Printemps paraît à l'horizon. Sur les talus, déjà des notes bleues, jaunes, rouges ou rosées, sur les branches des cognassiers (photo du 18 mars), et dans les caniveaux, la bourre fauve des platanes, plus sûrement que les fêtes volantes des Rameaux et de Pâques.       

(1) Caboujolette / Pages de vie à Fleury-d'Aude /chapitre Un "Russe" à Pérignan. François Dedieu 2008.   

25 mars 2020.
18 mars 2020.