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Ah Alain Mottet (1928-2017) dans Le Bossu ! |
Aude, Languedoc, Tchécoslovaquie, Ariège, Pyrénées, Océan Indien, Lyon, Brésil, ports familiers mais unique maison des humains. Apprendre du passé, refuser la gouvernance cupide suicidaire. Se ressourcer dans l'enfance pour résister, ne pas subir. Passer ? Dire qu'on passe ? Sillage ? Aïeux, culture, accueil, ouverture aux autres, tolérance, respect, héritage à léguer (amour, écoute, cœur, mémoire, histoire, arts...) des mots forts, autant de petites pierres bout à bout qui font humanité.
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Ah Alain Mottet (1928-2017) dans Le Bossu ! |
Allo, allo ! comme disait l'appariteur sur fond des « Marchés de Provence », pour annoncer que Saborit était sur la place avec des maquereaux... Attention de ne pas riper du doigt et appuyer à la fois sur le « a » et à gauche, la touche « tab », les flèches à contre-sens. Surprise ! hier tout le texte s'est effacé sans le moindre moyen pour annuler la fausse manœuvre, au niveau a minima qui est le mien. Mésaventure, contrariété, désagrément une fois digérés, une fois de plus, sur le métier, remettons notre ouvrage !
Le gros bout de la lorgnette étant braqué sur la Montagne Noire puis un Lauragais si vivant bien que s'étant coupé trop tôt de Sébastien, ce sont alors les moulins coiffant les hauteurs qui ont marqué le paysage. Leurs souvenirs plutôt parce qu'il ne reste guère de ces témoins d'un temps dépassé. Bref, c'est surtout dans ma tête que leurs vents ont tourné.
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Jean Malaurie (1922-2024), Jean Bézian (1935-2015), Huguette Bézian née Carrière (1934-?) auteure de la série jeunesse des années 70, « Tony ». |
Tourne, retourne, en quête d'une bibliographie ne figurant pas dans mes écrits, faute de rigueur, lorsque « Les grandes heures des moulins occitans » rejoignent mon jardin d'idées, cette bonne rencontre, d'autant plus belle qu'elle figure dans la collection « Terre Humaine » chez Plon, me sonde dès les premières pages pour avoir écrit un jour sans réserve que le vent d'Autan, le Marin de notre littoral, a eu fait tourner les moulins des terres à grains lauragaises. La Bise, le Cers sont en effet rapidement mentionnés dans l'ouvrage et bien que confortant mon obstination sur ce dernier vent déjà romain, au nom le plus ancien de France, petit cousin du Mistral rhodanien, frère du Cers catalan “ del vent de cers que buffa al delta de l'Ebre ”, pourtant si ignoré par nos présentateurs météo ad nauseam en faveur de l'hexasyllabisme « Mistral et Tramontan' », la précision ne pouvait que mettre en relief mon avis simpliste de la réalité.
Meunier_tu_dors._Les_chansons_de_France_Esquisse_pour_le_préau_de_l'école_maternelle_de_la_rue_Romainville,_19ème_arro. 1933 under the Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication. Chanson pour la musique de Léon Raiter (1893-1978), paroles, en 1928, de Fernand Pothier (?-?)
Description iconographique : Le Meunier endormi sous un arbre est interpellé par une fillette accompagnée d'un chien. A l'arrière plan deux moulins à vent. Au verso, présence de quatre colonnes de calculs posés. Commentaire historique:
Une cloche sonnant à chaque tour permettait au meunier d'évaluer la vitesse de son moulin. Lorsque le moulin tournait trop vite et trop fort sans être alimenté de céréales à moudre, les suspensions de particules de farines dans l'air pouvaient s'enflammer au contact des étincelles provoquées par le frottement du pilon contre la meule. Cette comptine illustre la nécéssité de ne pas s'endormir par temps de grand vent : "Meunier tu dors,/ ton moulin, ton moulin va trop vite/ Meunier tu dors, ton moulin, ton moulin va trop fort / Ton moulin, ton moulin va trop vite / Ton moulin, ton moulin va trop fort / Ton moulin, ton moulin va trop vite / Ton moulin, ton moulin va trop fort / Meunier tu dors, les nuages, les nuages viennent vite, / Meunier tu dors, et l'orage et l'orage gronde fort ! / Les nuages, les nuages viennent vite, / Et l'orage et l'orage gronde fort ! / Les nuages, les nuages viennent vite, / Et l'orage et l'orage gronde fort ! / Meunier tu dors / Ton moulin va trop vite / Meunier tu dors / Ton moulin va trop fort" |
Au delà de la controverse, en raison de la triade « vent, moulin, nourriture » chère à l'enfance, nous avons trop vite limité la portée de la comptine « Meunier tu dors, ton moulin va trop vite... ». L'apprenait-on ? je ne pense pas ; elle était dans l'air avec seulement le premier couplet et le refrain. La comptine n'étant de prime abord destinée qu'au discernement limité des gamins, nous restions donc bêtement à côté de son sens profond, condamnés même à ne pas en prendre la mesure en tant qu'adultes. Il en faut plus que le sens du rythme et l'expression corporelles des petites mains qui tournent. Le moulin qui va trop vite, ce sont les étincelles dues au silex ou au granit de la meule tournante, d'où le risque d'explosion du nuage de farine. Le moulin qui va trop vite, ce sont les engrenages qui risquent de sauter, les toiles de se déchirer, les ailes de s'arracher ! Les couplets suivants de la comptine le disent bien du vent, de la pluie, de l'orage, de la tempête ! Ne valaient-ils pas une explication de texte ?
Et après, dans le but de mieux cibler et comprendre les moulins du Lauragais, et parce que le moindre détail nous ramène à l'universalité, nous regarderons plus attentivement le nôtre de moulin à Fleury, puis les Lettres de mon Moulin nous renverront à Daudet, Arène, puis de Paul à Pagnol, ce qui n'empêchera en rien l'évocation de Don Quichotte... (à suivre)