mercredi 31 décembre 2025

TRÉSORS d'ENFANCE, Christian Signol (fin)

 Les dernières pages du petit livre « Trésors d'enfance » (1) des souvenirs de Noël qui ont à voir avec les nôtres de la même époque sont riches du jour du réveillon et de Noël, le lendemain. 

« Alors venait Noël ». Les femmes s'attellent à attraper, plumer, barder, farcir les volailles. De Sarlat, la grand-mère Adeline était arrivée avec des rillettes d'oie, au goût encore là, chez l'écrivain, quarante ans plus tard. Grande tablée, festins de bouchées à la reine, de volailles, de tartes et Tino Rossi chantant Noël. Suite aux restrictions de la guerre, plus que la nourriture, l'abondance de bonnes choses apportait  la jouissance des sens au besoin de s'alimenter . 



Les enfants, eux, s'endorment avec le goût du chocolat et des marrons glacés. Les grands prennent plaisir à écouter Fernandel dans « Les Trois Messes Basses » et « L'élixir du révérend père Gaucher ». 
Pour aller à la messe, sous les étoiles et parfois dans la neige glacée, le froid réveillait  mais n'éteignait pas, comme chez Alphonse Daudet et Joseph Delteil, la communion des lueurs ondulantes de toutes ces lanternes venues des fermes pour converger à l'église. Les chants, les lustres, l'harmonium, la crèche fondent le monde magique de l'enfant qu'il était, de bien des enfants de notre moitié sud. 
Les hommes qui sont restés à jouer aux cartes, ont préparé une soupe à l'oignon mais les petits s'endorment avec en tête, le Père Noël, son traîneau de rennes voguant sur des nuages neigeux... 
C'est la cheminée qui marque le jour de Noël même quand on n'y croira plus. Quoique, à en parler, l'auteur se persuade que le père Noël reste plus vivant  que bien des vivants rencontrés dans la vie.
Sabots rouges, jeu de meccano, petit vélo brisant sa fourche contre le portail pour avoir trop fait la course ; à jouer dès le matin encore en pyjama. 
Puis revenaient les jours ordinaires, janvier, la chasse avec son père. De sa part, peu de mots, à voix basse seulement, touchant du bras si un gibier se présentait. À l'entendre respirer, proche et lointain à la fois, Christian regrette de n'avoir pas partagé davantage. 
Vint ans plus tard, à la lecture d'une phrase de René Char (2) qu'il trouve « terrible », il repense à son père : 

« Nous n'appartenons à personne, sinon au point d'or de cette lampe inconnue de nous, inaccessible à nous, qui tient éveillés le courage et le silence. » 

Des hivers que chaque nouvelle neige lui rappelle, dont il rêve encore « ...que ni les printemps et les années ne sont parvenus à effacer. »      

(1) 1995 France Loisirs, 1996 chez Albin Michel « Bonheurs d'Enfance ». En remontant jusqu'en 1984 avec « Les Cailloux Bleus », plus d'une dizaine de titres ont été publiés par les éditeurs Robert Laffont et Seghers.  

(2) salop de Jacques Derrida (ce n'est que moi qui extrapole puisque sa philosophie inclut un racisme certain) !  

Note : entre la protection de la propriété intellectuelle et le droit de citer, si certaines citations des plus de 600 parues sur le site Babelio me semblent trop longues, même avec la volonté de prévenir ce travers, je me sens néanmoins aussi coupable de paraphraser, d'emprunter effrontément, presque de plagier dans cette dernière partie de l'article. Que ce soit pardonné à l'écrivaillon voulant seulement honorer un grand romancier sachant, à côté d'une multitude de personnages bien à leur place dans le cadre, l'époque, les circonstances, faire passer avec fluidité qui il est, ce en quoi il croit. Il est si éclairant pour nous, de partager... comme de le suivre chez David Bohm * (1917-1992), professeur de physique quantique, tenant de l'émotion capable de nous libérer à l'espace et au temps... Et quoi de plus susceptible de porter cette émotion que la part d'enfance que nous saurions garder en nous ? 

« L’individuel est en fait l’universel. L’individualité véritable n’est possible que si elle se déploie à partir du tout. L’égoïsme est centré sur l’image de soi qui est une illusion et une erreur. » David Bohm. 

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