lundi 11 octobre 2021

J'AIME ces tableaux de VENDANGES. 4. François Tolza (première partie)

Vendanges Maestri,_Michelangelo_-_Busto_di_Bacco_-_1850

Les vendanges s'honorent de la célébration, du culte même qui leur est attaché. Les écrivains qui leur rendent hommage en sont presque à se laisser emporter par l'emprise du cérémoniel, du rituel pour ce qu'elles ont de pénétrant, ce qu'elles ont de mythique.    

Et parce que ce thème des vendanges m'habite, je tourne les pages empoussiérées du blog pour me compter avec ceux qui, sensibles au lien primordial entre l'humanité et le sol nourricier, apprécient les palettes de mots, le coup de main pour, à partir de pâtes et de couleurs, sortir des scènes de vendanges... 

Après Christian Signol, Jean-Claude Carrière et Bernard Clavel, François Tolza. 
François Tolza ? Rien sur cet auteur malgré les trois moteurs de recherche sollicités, rien, sinon, en dehors de mes articles sur la piste d'une plume qui le vaut bien, sur la plate-forme numéro un, la mention "François Tolza « ADORACIÓN », roman, édition Les Lettres Françaises, 1er janvier 1945, reliure inconnue, actuellement indisponible... 

Dans ce roman, en dehors de l'intrigue, plusieurs tableaux de vendanges :

Article du 3 novembre 2016. 

C’est là-bas que notre moussègne se cachait dans la centaine de pages du numéro 78 de  « La Revue du Caire », une publication de littérature et d’histoire paraissant pour sa huitième année. 

 Cette chronique villageoise se situe en Roussillon, dans la plaine de la Salanque, peut-être à l’époque des premières caves coopératives, au début du XXe car la première guerre mondiale n’est pas évoquée. Dans cette histoire, par contre, le rôle central des ouvriers espagnols témoigne d’un mouvement migratoire ancien et bien antérieur aux flux liés à la guerre civile en Espagne.

 https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2016/11/raisin-vendanges-adoracion-francois.html 

A la date du 8 juillet 2017. 

Préparation des vendanges : « ... Les comportes s’épaulaient, alignées, le long des façades, ou s’empilaient autour de l’humidité des pompes. On défaisait les seaux rentrés les uns dans les autres et collés ensemble depuis la dernière vendange. Avec les "masses", faites d’une branche de chêne prise avec un nœud terminal, et la collerette de fer blanc dont on pare les comportes pour les remplir, c’était, à peu près, tous les instruments du sacrifice... » 

Hormis la masse, plus "manufacturée", pour quicher le raisin et cette collerette de fer blanc, la préparation des vendanges (à Fleury-d'Aude NDM) au début des années 60 ressemblait beaucoup à celle décrite par François Tolza. 

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2017/07/francois-tolza-adoracion-4-presser-les.html

A la date du 13 juillet 2017.

La mention « Alexandrie 1941 - 1942 » clôt cette longue nouvelle, ce petit roman, cette novella... comment nommer ton ouvrage de 152 pages ?
François Tolza tu es donc loin du décor, d’une l’ambiance villageoise que tu connais trop bien. En 1942, l’Afrikakorps de Rommel est à peine à 200 km d’Alexandrie et cela ne t’empêche apparemment pas de faire revivre Sainte-Marie des Corbières, cette localité inventée parce que tu as la prudence, même depuis l’Égypte, de ne pas provoquer un retour de bâton : le qu’en-dira-t-on irascible, si typique des villages du sud et sans pitié !
Tu dis "Corbières" mais les seuls reliefs dont tu parles sont les Aspres... et comme par hasard tu ne souffles mot du Fenouillèdes... Et ces canaux d’irrigation de la plaine grasse le long desquels tu fais courir le Corse, sont-ils ceux de la Têt, ou de l’Agly et de la Boulzane ?
Tu dis "Sainte-Marie", on pense de suite à la Salanque mais le « saint » est peut-être pour Saint-Paul-de-Fenouillet car tu connais trop bien la route qui monte à l’ermitage de Saint-Antoine-de-Galamus, au pied de cette barre des Corbières, justement, sans nom, qui court pourtant de la Forêt des Fanges jusqu’au château de Quéribus en atteignant plus de douze-cents mètres d’altitude, le Pech de Bugarach, point culminant des Corbières en faisant partie ! Tu y fais pédaler Lucien, ton personnage principal qui monte retrouver Claire. Tu précises que le Daly sort de ces gorges de Galamus, alors ce ne peut être que l’Agly : une seule lettre en plus et ce couple de voyelles "a" et "y" m’avaient mis sur cette piste je crois...
 
Tu parles des garrigues, un écosystème caractéristique des milieux calcaires or les chênes verts calcifuges poussent dans les Aspres principalement schisteuses (peut-on parler de "maquis" ?). Autour de St-Paul-de-Fenouillet, deux tènements portent le nom « La Garrigue ». Dans le même ordre d’idées, on trouve, du côté de Caudiès-Fenouillèdes, les gorges de Jaume, prénom que porte le père de Lucien, et encore un pont de Rec Nègre, l'adjectif « nègre » signifiant « noir » en occitan et en catalan).
Quoi qu’il en soit, pour tâcher de retrouver ta trace en cherchant d’abord le long de ce sillon du Fenouillèdes, il faudra relire tous ces noms de vignes qui fleurissent tes lignes. On pourrait juger que 152 pages c’est peu.  Certes mais de grande qualité tant pour les descriptions ciselées, les caractères fouillés, que pour la bonne connaissance de la monoculture de la vigne, la mentalité campagnarde bien sentie.
 
Lire « ADORACIÓN », c’est faire tourner entre ses doigts un grenat des Pyrénées dont les facettes, à l'image du Canigou, brillent toutes d’un même éclat, vers le Roussillon, le pays catalan, le Languedoc et l'Espagne. Les mots de François Tolza présentent des tailles si éblouissantes que l’artiste, aurait-il créé un seul bijou, doit sortir d’un anonymat à peine dévoilé, sur l’autre bord de la Méditerranée, par une Revue du Caire, aussi exotique qu’inattendue, dans un contexte historique très particulier.    

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2017/07/francois-tolza-adoracion-6-sur-la-piste.html

A la date du 24 septembre 2018.

A l’image du blé, le raisin a fait l’objet, pratiquement depuis l’antiquité et peut-être jusque dans les années 70, d’une récolte sacrée. Que reste-t-il aujourd'hui de cette liesse des hommes soucieux du ciel quand la terre daigne offrir en retour le fruit de leurs efforts ?

Une recherche aussi aléatoire que chanceuse nous a donc amenés à ouvrir un numéro de « La Revue du Caire », "Revue de littérature et d'histoire" dans sa huitième année. Les numéros 76 et suivants publient 
« ADORACIÓN », une œuvre de François Tolza.
 
http://www.cealex.org/pfe/diffusion/PFEWeb/pfe_002/PFE_002_029_w.pdf 

Qu’il est déconcertant de réaliser que ces pages ont été écrites entre 1941 et 1942 à Alexandrie... Alors que l’Afrikakorps de Rommel menace le Canal de Suez, artère vitale des Britanniques l’auteur se replonge dans une ambiance qu’il connaît trop bien, celle d’un village du Roussillon, du microcosme de ses habitants aux mœurs peu charitables.
Tous ceux qui aiment le monde de la vigne s’y retrouveront. Sans doute sonderont-ils aussi le mystère d’un auteur apparemment sorti de l’anonymat par ce seul titre
« ADORACIÓN ».

Qui était François Tolza ? Sur une plume qui gagne à sortir de l’ombre, l’opacité d’un brouillard demeure...Était-il né avant ou après 1900 ? Entre 1910 et 1920 ? Dans les Pyrénées-Orientales ? 
 
Vendanges Colle de vendangeurs à Roquefort-les-Corbières vers 1900 wikimedia commons Scan old postcard Author unknown early 1900s


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