samedi 10 février 2018

STEVENSON et MODESTINE / Jammes et Rostopchine




Les Cévennes ne se déclinent pas seulement à travers la beauté sévère des reliefs, la foi austère des protestants très présente dans une littérature inspirée par l’Histoire. A la rudesse des hauteurs répond aussi la douceur des vallées protégées où les oliviers n’ont pas péri suite au grand gel de 1956. La mentalité des gens, elle, loin des a-priori et des archétypes imputables aux développements historiques justement, se présente ouverte, solidaire… la chaleur du Midi, toujours.   

Corniche des Cévennes, Barre-des-Cévennes, encore des itinéraires, des lieux aux noms qui parlent de points de vue, de randonnées liées néanmoins dans sa tête au tragique destin de Pauline Lafont, fille de Bernadette, actrice attachante comme elle, tant sur le fond que sur les formes[1], retrouvée par un agriculteur, des mois après sa disparition, à l’état de squelette au fond d’un ravin[2]…  
Saint-Jean-du-Gard, capitale des camisards, n’est pas loin. C’est ici que finit le voyage de Robert-Louis Stevenson[3] (1850–1894) accompagné de son ânesse Modestine et venu se consoler en parcourant les monts et vallées marqués par la lutte des camisards. A vingt-huit ans seulement et bien que protestant de naissance (mais de peu de foi, ce qui scandalisa son père !), son propos sur un conflit religieux rappelant la situation en Ecosse, reste celui d’un observateur neutre, mesuré.
Il donne libre cours, par contre, au plaisir qu’il a d’admirer « l’arbre à pain » des Cévenols :


« … sur les terrasses j’essayai vainement de rendre avec un crayon le port majestueux des châtaigniers soutenant leur dôme de verdure. Par moments, un vent léger s’élevait et les châtaignes tombaient tout autour de moi sur l’herbe avec un son faible et sourd […] mon âme y mêlait un sentiment de sympathie à l’idée de la récolte qui s’amassait pour la plus grande joie des fermiers… » « Voyage avec un âne dans les Cévennes » 1879. R.-L. Stevenson (journée du 2 octobre 1878).



Sa relation avec Modestine permet de réfléchir à la place des animaux dans le temps. Les bêtes de somme, de travail, portant ou tirant, traités durement, menaient une vie rude. La mentalité de Stevenson est presque, à cet égard, celle de presque tout le monde aujourd’hui. Chez ses contemporains, par contre, seule une minorité, surtout de privilégiés cultivés dont Stevenson et ceux qui n’avaient pas à gagner leur vie, partageaient une tendresse particulière pour les ânes. La comtesse de Ségur née Rostopchine (1799-1874) avec « Les mémoires d’un âne » pour tous ceux qui aiment Cadichon, l’amour extrême du poète Francis Jammes au point de désirer un dernier repos au paradis des ânes, le manifestent avec ferveur [4].      


« … Je décidai de vendre ma jeune amie et de partir (pour Alès) par la diligence de l’après-midi […] ce fut seulement lorsque je fus bien installé, à côté du conducteur sur une diligence qui roulait avec fracas dans une vallée rocheuse remplie d’oliviers nains que j’eus conscience de ce qui me manquait : j’avais perdu Modestine. Jusqu’à ce moment j’avais cru la détester mais à présent elle s’en était allée. Hélas ! quel changement pour moi ! Pendant douze jours, nous avions été des compagnons inséparables, nous avions parcouru plus de cent-vingt milles, gravi des hauteurs respectables et suivi notre petit bonhomme de chemin, sur nos six jambes, à travers rochers et marécages. Elle me portait un peu sur les nerfs, sans doute, et j’avais parfois, vis-à-vis d’elle, des manières de grand seigneur. Après le premier jour, je sus conserver mon sang-froid et pour elle, pauvre âme, elle était patiente, elle avait des formes élégantes, une couleur d’un charmant gris souris et sa taille était petite à souhait. Ses défauts étaient ceux de sa race, ses vertus étaient bien à elle. Adieu, et… si c’est pour toujours… Le père Adam avait pleuré quand il me l’avait vendue. Après l’avoir vendue à mon tour, je fus tenté de suivre son exemple. Et comme je me trouvais seul avec le conducteur de la diligence […], je n’hésitai pas à me laisser aller à mon émotion. » « Voyage avec un âne dans les Cévennes » 1879. R.-L. Stevenson (journée du 2 octobre 1878).  




[1] « L’été en pente douce » 1987.
[2] Disparue le 11 août 1988 au cours d’une randonnée pédestre, retrouvée le 21 novembre au lieu-dit l’Adrech, morte sur le coup suite à une chute de dix mètres, identifiée grâce à sa bague et à sa denture. (wikipedia).
[3] De faible constitution, toujours malade dès son plus jeune âge, Stevenson qui écrira plus tard « L’île au trésor » et « L’étrange cas du docteur Jekyll et M. Hyde », affecté qui plus est par un gros chagrin d’amour, part sur les traces de George Sand au Puy-en-Velay puis décide de faire son « Voyage avec un âne dans les Cévennes » (1879), 230 kilomètres pour celui qui fut un enfant chétif ne pouvant pas jouer avec les autres ! Sa santé déficiente n’empêcha pas ses nombreux voyages dont celui pour retrouver Fanny, la femme aimée, aux Etats-Unis. La tuberculose eut raison de lui chez les Samoans qui l’avaient intronisé comme chef de tribu (« Tusitala », conteur d’histoires) pour le soutien apporté contre les Allemands. Il n’avait que 44 ans.    
[4] « J’aime l’âne si doux marchant le long des houx.
Il prend garde aux abeilles et bouge ses oreilles… » « J’aime l’âne si doux ». Francis Jammes (1868 – 1938)
Plus près de nous :
« … Au temps des transhumances
Il s'en allait heureux
Remontant la Durance
Honnête et courageux […] Mais un jour de Marseille
Des messieurs sont venus
La ferme était bien vieille alors on l’a vendue… » « Le petit âne gris. » (1968) Hugues Aufray (1929). 

Photos autorisées : 
1. wikimedia commons Corniche des Cévennes entre Saint-Jean-du-Gard et Florac Auteur Henri MOREAU
2. pxhere Cévennes terrasse attribué à selengkapnya
3. wikimedia commons Robert_Louis_Stevenson Author Rls-pc1jpg Knox series derivative work Beao
4. wikimedia commons Cévennes Ane Author KoS


jeudi 8 février 2018

LA QUILLE BIENTÔT POUR LA VICE-RECTEUR ET SA CLIQUE ! / La Déséducation Nationale à Mayotte

Vous avez vu à la télé ? Une nouvelle tête en renfort au vice-rectorat, la relève. Bien de sa personne, beau parleur avant tout (chez ces « gens-là » c’est primordial !)… Une nouvelle ventouse de la part des céphalopodes  de la déséducation Nationale… On ne voit plus que lui pour suppléer aux apparatchiks habituels visiblement émoussés, sans plus de venin, en réserve comme la vice-recteur en récupération derrière les lignes…
Auraient-ils la tête dans les pieds ? Sûrement. Ils se requinquent à l’arrière mais pour mieux rebondir dans la nouvelle affectation, la promotion bien méritée après des années de tranchées. Trancher dans le vif ? On attend encore exception faite de la grande offensive de la réforme des rythmes avec pour résultat tant de combattants décimés et le désespoir désabusé des survivants dans un paysage scolaire bouleversé. Tout ça pour « … une troisième étoile au c… sinistre qui commande la division de marche et qui a nom B… de M… ». Pardon Pergaud pour ce parallèle indécent avec la Grande Guerre mais ici le nom de guerre de la c… sinistre est Constance Cynique, général pète-sec du droit dans les bottes administratif, la vice-rectrice Nathalie Constantini, fière, selon ses dires, de ce qu’elle a fait. 


Écoutons par exemple ce qu’elle radotait en janvier 2015 sur la « guerillera » urbaine (ce sont ses mots [14 minutes 50 secondes de la vidéo]) sévissant, selon ses dires, à l’extérieur seulement des établissements scolaires. Elle ajoutait « Nous avons une équipe mobile de sécurité qui fait un travail remarquable… » Trois ans plus tard nous n’avons plus de nouvelles de ces commis au nettoyage des tranchées…
Vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=O1LR98PirWc&feature=youtu.be
Article :
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2015/01/mayotte-en-danger-les-guerilleros.html
Par contre, hier les instits étaient en grève, les profs de Kahani et de Tsararano faisaient valoir le droit de retrait…
Pour Kahani, un parent d’élève parle d’année blanche avec, après les deux semaines sans cours avant Noël, trois semaines actuellement… « … l’Etat nous abandonne partout dans l’île, nous sommes les oubliés de la République, tout le monde s’en fout. Ils parlent de double clôture, d’un déplacement du hub donc du problème, de gendarmes sur le hub à condition qu’il n’y ait pas d’autre urgence sur l’île… cinq surveillants pour 1500 élèves … » Mais où est l’équipe mobile de sécurité » ? La vice-recteur est bien silencieuse sur les retombées du « travail remarquable » mis en avant en 2015 !
Comme le fit le ministre Peillon, ils se veulent tout feu tout flamme sauf que la poudre d’escampette ne pète pas. Ils vont voir ailleurs après avoir semé la pagaille, en faisant mine de ne pas laisser voir que ce n’est pas prendre ses jambes à son cou… de toute façon, le recasage des nomenklaturistes, de l’administration comme des  politiques est révélateur de la démocratie qu’ILS nous confisquent !   
Vivement la quille pour ces ennemis du peuple !  

Note : ils sont au moins deux dont celui avec une barbe blond-roux aux infos ce soir. Il nous dit qu'on est les meilleurs avec un service civique damant le pion à bien des départements métropolitains ! YOUPI !