samedi 21 décembre 2024

Hélas, avant CHIDO, le cyclone ravageur...

Un petit jardin n'est qu'un petit jardin mais quand, avec le chant des oiseaux, le passage feutré de la minette et tout ce qui s'offre à la vue à l'heure du petit déjeuner n'est plus, la perte de ce cadre, de ce repère familier affecte d'autant plus profondément que la vidéo est prise par celle qui l'entretenait, en témoignage des heures et des efforts consentis, sans savoir qu'une fureur du ciel viendrait tout saccager. 

Dommage pour le chant des oiseaux mais la vidéo ne voulant pas passer, il faut se contenter des captures d'images, du sud au nord, en remontant. 

Les branches mortes sont celles du citronnier sauvage qui a poussé seul. Ils ne vivent que quelques années paraît-il. En arrière-plan, le coin des barabufaka qui se multiplient seules, au pied de chaque herbe mère, barabufaka, ces bananes si douces que poêlées, elles se passent de sucre.  


Une autre variété de bananes, les “kontiki”, on en voit un régime en formation. Derrière un manguier nounou aux fruits rappelant une jeune poitrine pointée... (on devine à gauche le pied d'un avocatier qui s'est entêté à pousser à l'horizontale).   

Si les sites parlent de plante, ici c'est un arbre à henné. Réduit en pâte, il sert, notamment lors des mariages, à décorer temporairement les mains, les pieds et les ongles. 



Comme pour les “ barabufaka ”, les “ kontiki ” et les “ bananes rouges ” à venir, depuis la métropole, je ne suis pas en mesure de mentionner les noms exacts. Ici celui qu'on appelle familièrement “ l'arbre à cornichons ”, des fruits qui ont la taille et la forme du cornichon français, apportant une acidité appréciée dans la cuisine et la confection de confitures. 

Pieds d'ananas. 

Avant CHIDO, le cyclone ravageur

 
Photo en date du 7 décembre 2024, de mon ami Armand, vivant dans le sud de Mayotte

«... Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne... »
« Parfum exotique », Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire, 1868

Si, pour avoir souvent croisé le père de famille revenant à pied de sa journée au champ souvent lointain, lourdement chargé de ce qu'il a récolté pour nourrir sa nombreuse famille, qui plus est, soit dit entre nous, d'une humanité remarquable, prenant le temps de poser tout son bagage à terre pour s'enquérir de ma santé et celle de ma famille, il faut bannir le côté paresseux malheureusement évoqué par Baudelaire, tout le reste résume admirablement le sentiment suscité par Mayotte, daterait-il de trente années en arrière et pour le poète des « Fleurs du Mal », de plus d'un siècle et demi... D'ailleurs, notons la contradiction exprimée : le corps mince et vigoureux des hommes atteste de leur attitude volontaire et responsable... 
À moins que je ne fasse erreur dans mon interprétation à cause d'un mot malheureux, souvent lapidaire dans la bouche de gens mal disposés. Désolé de ne plus me fonder aux explications de textes pré-baccalauréat mais l'auteur peut parfaitement justifier son « île paresseuse » s'il se réfère à l'échelle géologique du temps, voyant une île tropicale volcanique s'affaisser petit à petit avec la création d'un lagon précurseur à terme de la création d'un atoll, comme aux Glorieuses. Va pour l'île « paresseuse » de ses millions d'années de lente évolution toujours en cours...   

Oui, il y a trente ans en arrière (à présent, les pères nourriciers sont motorisés, les femmes souvent libres, autonomes et le commerce, moyennant espèces sonnantes, apporte bien des commodités), comme aujourd'hui, les photos d'Armand en attestent, Mayotte, du moins  « en brousse », à la campagne, hors la jungle des bidonvilles agglutinés à la capitale et Petite-Terre, garde beaucoup d'un paradis perdu avec dès l'atterrissage (bien que devant le dire aujourd'hui, au passé) l'étonnant regard direct et souriant des femmes sur la barge entre les îles.