lundi 18 janvier 2021

A la recherche du Poumaïrol perdu (6) MINERVE du fond des mers.

Serge et Roger font route buissonnière vers le pays du Poumaïrol où, dit-on, les filles sont si charmantes... l'itinéraire leur fait couper le Minervois des garrigues et des gorges dont celles, étonnantes, de la Cesse, la rivière attachante qui les accompagne.  

Le Brian gorges / Minerve est au sud wikimedia commons Author Jcb-caz-11

Serge : ah  ! Minerve, Menerbo peut-être en occitan avec le "v" encore devenu "b"... Minerve du fond des mers... 

Roger : du fond des mers ? pardon ! faut que tu m'expliques... 

S. :  oh juste une impression, un reste du lycée... je ne sais plus si c'est avec Sinsolle (Sinsollier) ou le Jack (Jalaguier), Sinsolle plutôt, un schéma en 3D du relief karstique, je le vois encore, mes couleurs juraient : du jaune avec du marron... quelle idée... enfin, les premiers feutres à notre disposition je pense... Et ce karst quelque part en Yougoslavie qui nous dépaysait... je ne me doutais pas à l'époque qu'on l'avait à côté avec des milliers de grottes, entre le Carcassonnais et les garrigues de l'Hérault. Limousis, le gouffre de Cabrespine dans l'Aude, la Devèze, pas le quartier difficile de Béziers, non, à Courniou près de Saint-Pons, et encore Clamouse ou la grotte des Demoiselles, pour celles qui se visitent sinon les spéléos n'ont que l'embarras du choix. Bref, je t'en parle comme d'un ressenti, de ce que je crois avoir saisi concernant cette masse de dépôts calcaires au fond de la mer, ici soulevés par la poussée des Pyrénées, faite de fossiles, de coquilles... A Fleury des huîtres géantes ! D'où le joli calcaire coquillier, en plus fin, pour les jambages des cheminées. 

Minerve wikimedia commons Author Jcb-caz-11

R. : d'accord, le fond des mers surélevé et entaillé depuis que la pluie et les rivières existent par le travail permanent de l'eau... 

S. : et encore pour notre plaisir de touristes avec toutes ces gorges, ici du Brian et bien sûr de la Cesse, magnifiques... Mais pour le fond des mers, que je te dise... ce ne sont que des associations d'idées sauf que certaines t'impressionnent davantage dans l'âge immature... et je ne peux m'empêcher de penser  à la Minerve, le sous-marin français qui a coulé et implosé au large de Toulon l'hiver 1968. Comme pour Francis Andrieu notre appelé, soldat et tué en Algérie, qu'un jeune sous-marinier d'Ouveillan soit parmi la cinquantaine de victimes me touche encore aujourd'hui. Faudrait chercher son nom. Et ce n'est pas tout ! juste une coïncidence sauf qu'à Ouveillan, je crois qu'il y a une statue de Minerve... 

 

La Minerve à Bergen Norvège 1962 wikimedia commons Author Granit29

PS 1 : Le marin d'Ouveillan est Marcel Coustal ( merci l'Indépendant, un des journaux locaux).

https://www.lindependant.fr/2018/05/14/la-minerve-50-ans-apres-toujours-autant-demotion,3989589.php

PS 2 : il y a bien une Minerve depuis 1880 sur la place Rouquié à Ouveillan. 

https://ouveillanpatrimoine.blogspot.com/2018/11/un-monument-la-republique-ouveillan-la.html



mercredi 13 janvier 2021

Vers le POUMAÏROL(5) La Cesse, les garrigues du Minervois héraultais / Les copains d'alors...

Ils en ont fini de déverser leur venin contre la "politicaillerie", conscients que de toute façon, ils doivent être sur liste rouge puisqu'en ces temps liberticides ce genre de fichier vient d'être officialisé, par décrets du gouvernement puis arrêt  du Conseil d’État (1) qui conforte. Et notre parlement croupion que devient-il ? Plutôt se promener pour une curiosité plus positive et sereine... 

Villespassans (34360) wikimedia commons Auteur Bastien marie-françoise

R. : oui, la traversée de Cruzy, des platanes impériaux, une traversée en majesté... J'ai eu un collègue, un marquis, un vrai, qui venait en vacances au village de sa mère, Cruzy. Le fait de me croiser rallumait toujours son enthousiasme pour notre Midi, sa lumière, son été !.. Puis cette côte à la sortie : un passage à niveau pour un train fantôme et cette terre rouge, peut-être de la bauxite qu'un chemin de fer permit d'exploiter. A gauche la montée vers Villespassans... je tire la langue mais les autres ne doivent pas être mieux... le moment de porter l'estocade... han, han, je suis dans l'échappée. Sauf qu'après, sans prévenir, le coup de barre ! Le peloton peut repasser devant, plus rien ne compte sauf ces pêchers trop tentants à portée du chemin... des pêches comme jamais, grosses comme des petits melons et juteuses, délicieuses et plus encore pour en avoir volé deux. De suite ça va mieux surtout avec les cinquante kilomètres du retour à faire. Plutôt rentrer à mon rythme. Agel ! encore un beau village ! Je ne savais rien alors des marmites et de la résurgence du Boulidou, sur le cours de la Cesse mais à Agel, la fontaine d'eau claire fut plus que bienvenue...  

S. : les pêches, l'eau fraîche... tu n'as pas été malade ? 

R. : et non, une chance. La mentalité même des "copains" d'alors plus que "d'abord" ne s'est révélée que par la suite. C'est vrai qu'à l'époque les manuels moquaient les intellectuels et non l'inverse. 

S. : c'est vrai ça ! Même les vieux, à te dire en rigolant, par exemple, si tu t'embauchais pour les vendanges ou maçon "ce n'est pas le stylo qui te fera des bastets !"

R. : Les premiers gagnaient la semaine, nous, on attendait l'argent de poche. Eux autonomes et nous commensaux. Eux fourmis, nous cigales. A eux la mobylette, à nous la bicyclette. Eux, les pieds sur terre, nous la tête en l'air. Alors ils ne se privaient pas de nous mettre en boîte, de nous jouer des tours. Et là ils se sont bien gardés de nous conseiller du ravitaillement pour alimenter l'effort d'où le coup de barre, la fringale inévitable après une quarantaine de kilomètres. Rosses et goguenards ils étaient mais cette vacherie viscérale, je ne l'ai saisie que bien après. 

S. : et ce retour ? 

R. : j'étais avec Coudo et lui n'a pas été averti non plus parce qu'il est de Vendres, pas de Fleury ! Mais on s'en foutait, à toujours rigoler ! Cette fois-là, je crois qu'on s'est même arrêtés à la copé d'Armissan pour une dégustation... leur gris-de-gris ou gris tout court était réputé... Ensuite, la côte de la Ramade et la Clape à midi, c'est quelque chose ! 

S. : Aigues-Vives déjà ! Le joli nom que voilà et pourtant, la Cesse que nous retrouvons, ne coule, comme son affluent la Cessière, que quatre mois par an. 

R. : seulement ? 

S. : les eaux se perdent. Tu as parlé du Boulidou où elles reviennent au jour, parfois les cartes officialisent aussi une perte et cela ne peut que confirmer ce qu'il en est de leurs lits de galets. 

La_Caunette_Notre_Dame église romane wikimedia commons Auteur Fagairolles 34

R. : La Caunette, toujours au bord de la rivière. On laisse la route de Saint-Pons à droite. Complètement surréaliste, cette cheminée d'usine, à l'entrée. 

S. : c'était une mine de charbon, peut-être du lignite. Il y avait un orme de Sully, abattu il n'y a pas si longtemps, il en reste une sculpture et si tu veux voir un orme remarquable vieux de quatre-cents ans, il te faut aller à Villesèquelande... il est sous perfusion contre le champignon mortel transmis par un insecte, encore un cadeau de la mondialisation... 

R. : il y en avait un à Fleury, magnifique... au-dessus du chemin de la Rouquette, qui rejoint la rue des Barris au niveau de la bergerie de Roca... tu vois ? Je ne sais pas dans quelles circonstances il a été supprimé, peut-être atteint par cette graphiose... même les vignes autour, c'est de l'histoire ancienne... Dire que j'y ai vendangé même qu'à la fin du premier jour, les bras de la brouette m'échappaient des mains. A côté, réceptionnant les comportes de sa colle, le père de la Moustelle l'avait gentiment remarqué : "Sios pas encaouro encaretit"... C'est beau comme l'occitan nous parle en images ! En français ça devient laborieux d'expliquer que je n'étais pas encore accoutumé à la charge ! C'est comme pour les bras de la brouette, de la charrette, ils disent "brancards". Ho là ! c'est que je ne transbahutais pas une civière, seulement des semals, des comportes de raisins ! Et je ne te parle pas des coustals ! Va traduire toi !  

Villesèquelande L'orme de Sully wikimedia commons Author René Hourdry