jeudi 25 avril 2019

ÉCHOS DE FLEURY / Pâques fin mars / Mon village au bord de la mer...

Lettre du 4 avril 1997. 


Faut profiter le costume de la communion ?

« … Par deux fois, nous avons passé quelques jours à la mer […] La dernière fois nous sommes partis le jour de Pâques […] l’église était pleine de monde, avec beaucoup de figures inconnues. C’était aussi le jour de la communion solennelle pour six jeunes tout de blanc vêtus. Où est le temps où l’on mettait pour la première fois les pantalons longs et le beau costume sombre, pour l’achat duquel la maison Labau de Narbonne, ou bien les « Vêtements René » ou « Conchon-Quinette » offraient la première montre au communiant ? la mienne était bizarre : boîtier nickelé et pas d’aiguilles : une petite fenêtre en léger arc de cercle laissait apparaître le nombre des minutes, et, au-dessus, une autre ouverture, carrée celle-là, indiquait les heures. C’était une « sauteuse », et elle n’a duré bien entendu que quelque temps… »
 
Saint-Pierre, les baraques, début des années 50.
« … Dimanche 6 avril 1997. La fête de « L’âge d’or » s’est bien passée et les lampions sont éteints. Jeannot Alquier a d’abord dit quelques phrases (qui n’étaient nullement de circonstance) en qualité de responsable de la municipalité pour St-Pierre, soulignant qu’il n’était pas partisan du projet d’aménagement du front de mer. C’est l’architecte qui a réalisé les magnifiques installations du Havre qui en serait chargé, et cela coûterait énormément d’argent (certains parlent d’une nouvelle « bulle »). Il a rappelé qu’il allait chaque année, depuis sa plus tendre enfance, monter et démonter la baraque en bois sur la plage […]
 
Le mont Canigou depuis les Cabanes-de-Fleury.
Dimanche 22 h 45. Les quelques heures passées à la mer ont été sensationnelles : 27 degrés sous la véranda.je me suis mis en maillot et suis allé tremper mes pieds dans l’eau très froide encore. […] Dans le lointain, les Pyrénées exposaient leurs cimes enneigées, tandis que le vent faiblissait progressivement […] A huit heures moins le quart, la température était encore de 24 degrés ; la nuit est très douce, la comète toujours présente… » 

« Lundi 7 avril 1997. … le soleil est encore présent, le ciel étale à nouveau sa plus belle palette de bleu, et la sécheresse risque malheureusement de s’installer (10 mm de pluie au lieu des 160 habituels, d’après la radio depuis la mi-janvier). La température reste exceptionnellement douce, et la vigne verdoie à l’infini. Dans le jardin public, le marronnier d’Inde est en pleine fleur, et à St-Pierre le camping est ouvert depuis plus d’une semaine… » 

Communion solennelle en costume, La Buvette des Rosiers, Pézenas, 1963, diapositive de François Dedieu.
    

mercredi 24 avril 2019

Lou BOUTEL, la GARGOULETO, el BOTIJO, lou PEGAU : le pot à eau / Fleury-d'Aude en Languedoc.

Boutèls ou botijos ? Collection Teteu Fleury. Je voulais juste mettre cette photo et j'y ai passé la journée avec le cyclone Kenneth croisant à proximité...

A propos du boutèl, boutèu, le site "étymologie occitane"  ne retient que la racine "bout" signifiant tonneau, outre, du latin populaire buttis (sorte de vase pour liquides ou solides venant du grec bouttis, récipient en forme de cône tronqué). La langue d’oïl ne reconnaît que le dérivé butticula, bouteille. 

 http://www.etymologie-occitane.fr/?s=bout

Sur le "Trésor dou Felibrige" de Frédéric Mistral

Gargouleto : cruchon, alcarazas, hygrocérame v. Gourgoulino


„Se sabiès, bello gargouleto,
Coumo t’aimi, quand vèn l’estiéu :
En bevènt toun aigo fresqueto,
Mi sèmblo de larmo de diéu !" 

(Si tu savais, belle gargoulette, comme je t'aime quand vient l'été. En buvant ton eau fraîchounette, je crois boire des larmes de dieu).


Louis BORGHERO, fils d’un marin italien, (Marseille 1857 - 1930). Courtier et journaliste, il fut gérant de L’Armana dei bastido e dei cabanoun (1895).


A l'entrée "Gourgoulino" : cruchon, alcarazas, petite cruche de terre où l’on tient l’eau fraîche. 


„Elo, à dès ans, viret l’esquino
A l’ourjou, à la gourgoulino,
Pèr poutouneja lou pegau.“ 

(Elle, à dix ans, tourna le dos à la cruche, à la gourgoulino, pour embrasser la carafe.)

Jacques ROUDIL (1612 - 1659) auteur de 62 sonnets, la plupart en occitan (Obros mescladissos d'un baroun de Caravetos).


Ourjou, arjol : espèce de cruche en forme d’urne antique que les femmes portent sur la tête ou sur la hanche. Ne pas confondre avec l’orgelet

Languedoc : comme cruche, le boutèl méditerranéen, ventru mais refermé du col. L'eau qui sue à travers l'argile en entretient la fraîcheur. Son contenu serait le bouteillat. (Les mots des régions de France / Loïc Depecker / Belin 1992).
Lou boutèl, la gargoulette sont bien liés à la Méditerranée :
„Fernande apporta l’anisette, deux verres, la gargoulette d’eau fraîche“, Albert Camus

Méditerranée avec, des Pyrénées à l'Andalousie, "el botijo", toujours la gargoulette... Le botijo, la gargoulette espagnole, un récipient en terre cuite pour contenir de l'eau ou du vin (régions méditerranéennes) / viendrait du provençal gargouleto pour un cruchon. 
Utilisation du botijo : soulever la gargoulette par l’anse, presque à bout de bras, plaquer l’autre main bien à plat sous sa panse fraîche, pencher vers soi, s’arranger pour que le trait d’eau s’en aille gouleyer dans le gargaillou, à la régalade, comme avec le porro catalan... ou la pichara, comme il me semble qu’on appelait la gourde en peau. Pour finir, passer le dos de la main sur les lèvres, plus pour suivre un rituel que pour essuyer une maladresse.  

William-Adolphe_Bouguereau_(1825-1905) Wikimedia Commons Cllectio author unknown
 

Photo : Pas étonnant,  qu’une connotation sexuée soit associée à la gargoulette avec la bouche pour remplir, le ventre pour garder, le bec pour vider... et toutes les déclinaisons que la libido peut imaginer...  

Pegar cruche du Pays Basque Wikimedia Commons Asp.

Pegaus, Pichets de Marseille Wikimedia Commons Author Rvalette


Au Pays Basque c'est le pegar, lo pega en gascon, issu du pegau, sorte de pichet courant dans l'Europe médiévale méditerranéenne entre le XIIIème et le XIVème siècle (Wikipedia).


Au hasard des recherches, bien des sites listent les bienfaits du boutèl, de la gargoulette, de la gourgoulino, du botijo, du pegau :  

* Le refroidissement de l’eau est dû à l’évaporation de l’eau à travers la texture poreuse du pot.

* L’eau stockée dans un pot en argile contribue à réduire l’acidité du corps et à soulager les troubles gastriques. L’argile agirait comme un antidote à l’acidité des aliments, neutralisant ainsi l’équilibre du pH. Une sauce tomate, naturellement très acide, sera d’une douceur naturelle une fois cuite dans un pot en argile.

*  L’eau fraîche est moins agressive pour la gorge que l'eau trop froide ou glacée du réfrigérateur.

* L'argile soigne par les minéraux qu'elle apporte : les éléphants d'Afrique et les aras d'Amazonie le savent. 

A propos de boisson fraîche, si le frigo est petit, si vous êtes nombreux, si vous n'avez pas un puits à disposition, si vous n'avez pas pensé à faire de la glace, laissez balancer à l'ombre, sous l'arbre, une bouteille habillée de tissu qu'on mouille régulièrement...