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samedi 13 décembre 2025

MAYOTTE, parfum, remugles et relents (23)

...On sait ce qu'il en est découlé : pas plus l'allégeance aux Comores que l'indépendance, la revendication départementale pour l'application des lois communes et non l'autonomie administrative d'un TOM (Collectivité Territoriale) (1). 

Avalaison sur un penchant plus vert, moins sec qu'un versant oriental à la végétation plus décidente, marquée qu'elle est par un régime d'alizés qui n'ont pu se recharger depuis le feston oriental de Madagascar. Souvenir d'un grand champ d'ylangs finalement arrachés à force de ne plus être exploités. Oh ! passé, le litchi au bord de la route ; faut dire que ce ne sont pas ses grappes d'un rouge bien prononcé sur fond de vernis vert qui ont attiré l'œil : même sans cyclone, les années à litchis sont rares à Mayotte, le fruit cher et peu goûteux pour bien des raisons (nécessité d'un gardien jour et nuit en prévention des vols, des makis...).  

Samanea_saman in Trinidad and Tobago 2023 under the Creative Commons Attribution 4.0 International license. Author Lucas Kaminski

Le lycée agricole de Coconi : au carrefour, avant l'allée de superbes samanéas, un rôtisseur grille des cuisses de poulet ; la rangée d'arbres géants présente bien des vides, les grandes dimensions les ont desservis. Qui sait dans quelle mesure le jardin botanique a résisté ? Plus loin, concession d’un terrain pour une grande pyramide de déchets plus une plus petite d’électroménager hors service, encore signées Chido. 

Pohon_Kepuh Sterculia foetida di_Geneng,_Jombang 2024 under the Creative Commons Attribution 4.0 International license. Author Indonesiagood

La poste de Coconi, siège de notre boîte postale des débuts, souvent prétexte à une balade à pied à travers la brousse. Les magnifiques sterculiers, sterculia de la variété foetida, arbres à merde comme ils disent (c'est plus mignon de dire « caca »), à cause des fleurs, à l'origine d'impairs de la part de ceux qui ne savent pas (une mésaventure dont je ne suis pas fier), pourtant au bois réputé et dont les fruits rappelant des châtaignes peuvent être consommés. 

Hapandzo le village accolé à Barakani... Comment s'appelait le coquinou qui, profitant du mzungu fraichement débarqué, devant toute la classe, avait déclaré habiter “ penzo ”, terme d'un registre parallèle au lexique shimaoré, ayant peut-être trait au sexe (une petite enquête a posteriori ayant amené à cette hypothèse), et qui avait alors fait rire toute la classe, mzungu compris... même en dessous, le patron confirmera que l'ambiance n'était jamais à la mélancolie... 
 
La cascade de Barakani permettant de comprendre que l'eau franchit d'un saut une coulée de lave. 

La route aussi doit passer ce qui reste de ce surplomb dégradé par l'érosion ; elle ne le fait que grâce à cinq lacets épingles à cheveux, d'où le surnom venu on ne sait d'où, de “ Tourmalet ” parce que le Tour-de-France tombait ici hors vacances scolaires mais heureusement en dehors aussi des heures de cours. Mis à mal en année normale par les glissements de terrain dus à trop de précipitations, les massifs de bambous ont plus souffert encore suite à Chido.   

(1) Honte à ceux qui en sont restés aux résolutions de l'ONU souvent contradictoires par rapport à la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes. Il y a tant à dire sur ses décisions à géométrie variable, de toute façon corrompues par les rapports de forces, séparant un même peuplement sinon réunissant des populations marquant des disparités voire des différents. Pardon pour cette analyse rapide mais si c'est pour en arriver à l'inacceptable, comme de livrer des humains minoritaires à des dominants...  

Note : sans compter celles perdues, disposer de milliers de photos et ne pas en avoir sur les samaneas, les sterculias, les villages d'Hapandzo, de Barakani et sa cascade, du “ Tourmalet ”, encore des balades à faire absolument sans partir pour autant à Trinidad « tout là-bas aux Antilles... » ou en Indonésie...    

 

vendredi 12 décembre 2025

ONGOJOU, un MICROCOSME (22)

Montée d’Ongojou (1), et non « Ongoujou », vers le col ! 184 mètres ! mais à l'image de Mayotte, en virages, contours et détours nombreux, plus, entre courbes de niveaux, un tronçon terminal raide, au-delà de 10 % pour la sensation de se hisser là-haut.
Arrêtés dangereusement avant un tournant, en pleine chaussée, certainement pour un contrôle de passagers lié à l’immigration clandestine, les militaires en treillis doivent aussi assurer la circulation en sens unique. Ongojou : sous le gros manguier, un petit marché tout petit de quelques étals bien qu'aussi en couleurs que celui d’en bas, tout à l’heure (moins récent). Ici plus de marchands que de clients contrairement à jadis, un arrêt, en rentrant de la ville, pour les voitures et taxis-brousse. Ici, des locaux foncièrement agriculteurs, tournant complètement le dos à la mer, aux mots, aux accents, aux variantes lexicales traduisant au cloisonnement d'une île en bassins fermés par des lignes de crêtes effilées aux airs montagneux. Ici, tout en haut du col, des hommes qui regardent les voitures se déverser d'un côté ou de l'autre, ne s'arrêtant guère plus. 


Ici deux frères qui se faisaient vieux, du temps de l'ylang-ylang, des cueilleuses pas chères, des conduits de bambou pour l'eau de distillation, des réserves d'un bois bien que veiné, des alambics ventrus qu'on ne volait pas alors, pour le cuivre... 


Des deux frères en partage, il n'en reste plus qu'un, accroché à une terre qui tient le soleil en laisse du lever au coucher. Le frère qui jouait dans Kilimandjaro International, le groupe local d'une musique devenue traditionnelle, n'est plus. 
À l'image d'Ongojou, Mayotte a tout d'un microcosme... Vrai que l'archipel présente une fragmentation kaléidoscopique de gens avant tout (à Ongojou, une immigration anjouanaise ancienne), de langues donc, bien sûr venues d'ailleurs puis teintées d'insularité, un multiculturalisme qui a prévalu dans l'acceptation d'une immigration locale (70 kilomètres à peine séparent d'Anjouan la voisine) tant que l'idée d'un destin commun ne s'est pas posée... Et maintenant une terre où il faut marquer sa présence sans quoi, tout disparaît, volé, même les vaches quand ce n'est pas la boucherie par une meute de chiens redevenus sauvages...(à suivre) 

  
(1) « Un jour, accompagné par le chef du village, c'est un spécialiste de la préfecture qui s'est pointé. Il a beaucoup parlé et quand sa main ne frottait pas la sueur de son front, son doigt pointé allait du puits aux premières cases sauf que l'eau n'a jamais voulu suivre le chemin indiqué. D'autres techniciens sont venus : le terrain, ils l'ont arpenté avec des lunettes de géomètre sauf que l'eau ne voulait rien savoir. ils baissaient tous les bras et ceux du chef en tombaient lorsqu'il informait la population déçue d'un énième échec. Tout le village jasait, les gens riaient sous cape de ces wazungus, ces Blancs prétentieux de faire venir l'eau dans le puits. 
Quand Rondo de l'Agriculture (DAF) a pris la suite, de moqueurs les propos devinrent railleurs. Quand il fit creuser un bassin proche des cases, les femmes ont ricané. Il a posé des panneaux solaires, les hommes l'ont mis en boîte. Quand il a aligné les tuyaux ils ne se sont pas gênés pour se payer sa tête. Mais quand le bassin s'est rempli, alors les cases se sont vidées, n'y croyant plus, les femmes, les hommes, les gosses, l'ont entouré en dansant, en chantant, en tapant des mains. 
Quelqu'un a mis des paroles sur l'air et depuis, la chanson d'Ongojou honore à jamais Monsieur Rondo, le mzungu qui a si bien retroussé les manches pour eux. » Extrait « MAYOTTE...CARTES POSTALES » 1999. 
 
“ Maji a Ongojou             L'eau à Ongojou 
Ya furaha na baraka         Du bonheur aussi de la chance
Rika makini                     Nous étions patients
Rako zilindriliha              Pendant que nous attendions (?)
Rondo awasuli                 Rondo est arrivé 
Na maji yawasili              Et l'eau est arrivée... ” 

Pardon pour ces approximations, sinon, sur un autre air, ici une version sûrement postérieure à l'oralité première. 
Sur Internet, tapez « RONDO DAF Mayotte »... DAAF oui car il faut être au top avec le second « A » d'alimentation ! Sinon, rien, kavu, tsisi, il n'y a pas ! Contrairement à l'administration sans mémoire, tournant les pages au gré de “ l'écumage ” de l'île par des fonctionnaires éphémères, au contrat limité, tremplin seulement vers des points encore à cumuler outremer en vu de quelque promotion au retour, le nom de « Rondo » y est honoré...