Il s'est voulu l'aube nouvelle capable de rassembler les Français pour enfin aller de l'avant. Il s'est fait passer pour l'envoyé des temps nouveaux... Paradoxalement à sa jeunesse, il n'est que le crépuscule d'une ère de politicaille ne pouvant plus faire illusion. Pire même, une ère tombant le masque pour remettre en question les progrès sociaux du XXème siècle pourtant dans la continuité millénaire d'une dynamique émancipatrice en corollaire à la conscience. Il représente seulement la caste ultra minoritaire qui impose la mondialisation à son unique profit, un égoïsme extrême, mènerait-il à l'autodestruction planétaire. Et à court terme, est-il le président de de désintégration sociétale de la population française ? Qu'en sera-t-il après ? Peut-on remédier aux fractures évoquées vainement sinon avec le cynisme qu'on nous sert depuis plus de vingt ans ?
Les 3 France correspondraient-elles à :
* Celle des bourgeois pédagogues alliés aux riches de plus en plus riches, sous la bannière du climat avant celle exprimant un progrès dans les inégalités sociales.
* Celle de la France périphérique, France rurale, rurbaine, précarisée, bien représentée chez les Gilets Jaunes, à qui on impose des sacrifices, qui en veut aux bobosclimatomacroniens et en subit, en retour,le mépris.
* Celle des quartiers, employée à bon compte par les premiers, indifférente aux deux autres, à part dans des territoires perdus pour la république où des factions sectaires (comment appeler la religion quand elle s'appuie sur une prééminence hégémonique et intolérante ?) fomentent et fermentent, cachées.
Pour Eric Zemmour, journaliste, essayiste (source Le Figaro) :
* D'un côté, la France périphérique, gilet jaune, les classes populaires, employés,
commerçants, ouvriers, une majorité d'hommes blancs entre 30 et 50 ans
* De l'autre, la France des «minorités», les mouvements féministes,
LGBT, les «racisés», les indigénistes islamiques, les défenseurs des
femmes voilées. D'un côté, les réseaux sociaux, de l'autre les médias
«mainstream», les syndicats, la gauche bien-pensante ;
* D'un côté, la
France qui a du mal à finir ses fins de mois ;
* De l'autre, la France qui
vit grassement de subventions publiques. Et qui en demande toujours
plus !
* D'un côté, un peuple ostracisé par les élites et les médias, vilipendé et brocardé, traité de «beauf», de «fasciste», raciste, terroriste...
Pour le journal LE POINT, le journaliste fait l'inventaire de ce qui a conduit le pays au déclin :
l'immigration, l'antiracisme, la gauche, la mondialisation,
l'effacement de la nation
Les élites ont désintégré le peuple en le privant de sa mémoire nationale par
la déculturation, tout en brisant son unité par l’immigration.
Pour la quotidien LE MONDE, les Gilets Jaunes sont l'indicateur d'une fracture territoriale entre :
* Une France urbaine riche choyée par les pouvoirs publics (80 % des Français le pensent (IPSOS 13 février).
* Une France périphérique en déclin et abandonné.
Le média indépendant The Conversation traduisant un point de vue universitaire original :
http://theconversation.com/fractures-territoriales-et-sociales-portrait-dune-france-en-morceaux-112154
* Les Français affranchis : pour 21%, des cadres, étudiants, retraités / gagnant autour de 2148 €/mois. Leur mobilité est choisie, on les rencontre plus en Ile-de-France, dans les Pays de la Loire, en Rhône-Alpes-Auvergne.
~ 59 % de ces affranchis sont optimistes sur l'avenir de la société française.
~ 42 % d'entre eux a voté Macron au1er tour (2017).
* Les Français enracinés surreprésentés à hauteur de 22 % par les retraités / avec 1782 €/mois correspondant à un niveau de vie moyen. Ils sont plutôt en Bretagne, Nouvelle Aquitaine.
~ 73 % sont pessimistes sur le devenir de la société.
~ 25% ont voté Fillon, 24%Macron,
* Les Français assignés surreprésentés à hauteur de 25 % par les employés et ouvriers / avec des revenus de 1544 €. Ils sont plutôt dans le Grand Est, le Centre Val Loire, l'Occitanie.
~ 92 % sont pessimistes sur le devenir de la société.
~ 37% ont voté Le Pen et 29 % se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul.
* Les Français sur le fil surreprésentés à hauteur de 32 % par les classes moyennes inférieures et les classes populaires autour de 1708 € de revenus mensuels. On les trouve plus dans les Hauts-de-France, le Centre-Val-de-Loire.
~ 71 % d'entre eux sont pessimistes pour la société française.
~ 32% se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul.
Encore quelques pistes pour nourrir la réflexion :
https://alencontre.org/europe/france/la-france-des-gilets-jaunes-la-rengaine-de-la-fracture-peripherique.html
«Une meilleure redistribution des richesses et la protection de
l’environnement font partie d’une même lutte: celle qui s’élève contre
un système capitaliste dérégulé.» L’occasion est trop belle. «La raison
pour laquelle la planète est dévastée est la même que celle qui provoque
les délocalisations, l’esclavage moderne dans les usines, qui conduit
les riches à devenir plus riches et le reste de la population à devenir
plus pauvre: un système économique dont l’obsession est le profit, à
court terme, à n’importe quel prix.»
L’occasion aussi de « basculer la fiscalité carbone sur les
entreprises les plus polluantes », ou d’« obtenir une véritable taxe sur
les transactions financières ». (Intervention sur France Culture, le 4 décembre 2018, à 6h40).
https://www.polemia.com/medias-decouvrent-france-fracturee-colere-petits-blancs/
D’un côté, ces Français issus de l’immigration, relégués dans leurs
cités pour mieux venir travailler dans les mégapoles. De l’autre, des
Français « de souche », économiquement encore plus déshérités, assignés à
résidence dans les campagnes reculées ou réfugiés dans les zones
pavillonnaires. Fracture géographique, mais aussi religieuse et
culturelle : en 2016, 18 % des nourrissons portaient un prénom
arabo-musulman, alors que celui de Marie n’était donné qu’à 0,3 % de la
population.
À ces deux France en proie au mal-être, on peut encore ajouter celle de
la bourgeoisie conservatrice. En face et au-dessus ? Cette France
hors-sol vivant à l’heure de la mondialisation, as de la finance et
intellectuels précaires ; soit ces libéraux et ces libertaires ayant
tous deux voté pour Emmanuel Macron, fêtant ainsi un troisième mandat,
après ceux de Nicolas Sarkozy et de François Hollande.
https://www.agoravox.tv/actualites/societe/article/christophe-guilluy-nous-vivons-un-79308
F d'en haut méprisante et moralisante
* Nous vivons un moment où le monde d’en haut a fait sécession. […] Le
modèle mondialisé a accéléré les choses avec un processus de clivage,
qui géographiquement a fait émerger cette France périphérique. […] Le
haut parle de moins en moins au bas. (Christophe Guilluy).
* Le modèle est à bout de souffle, il ne fait plus société. Il n’y a
pas eu un complot. On a un modèle économique néolibéral qui s’est
installé un peu partout en Occident. Je parle d’un processus de temps
long, la désindustrialisation, la financiarisation. (Christophe Guilluy)
* Il reste des ouvriers et des petits salariés, mais il n’y a plus de
classe ouvrière, il n’y a plus d’horizon commun, de culture partagée, de
représentation unanime. Il y a un sentiment de déshérence et une
atomisation des gens qui sont dominés. (Nicolas Mathieu)
* Je définis la classe moyenne comme cette classe hier majoritaire qui
réunissait tout le monde, ouvriers, employés, paysans, cadres
supérieurs. Si je dis qu’elle explose aujourd’hui, c’est que
l’intégration économique se fait mal, très mal. (Christophe Guilluy)
* Il n’y a pas l’idée d’une communauté de destin. Est-ce que je peux
vivre très bien alors que vous vivez si mal ? Et à partir de là,
effectivement, c’est no society. On est dans un processus de dissolution
quand même. (Nicolas Mathieu)
* La grosse difficulté aujourd’hui, à droite comme à gauche, c’est que
nous avons des partis qui ont été créés par et pour une classe moyenne
qui n’existe plus. […] Il y a là effectivement à adapter une offre
politique à ce que sont devenues ces catégories. (Christophe Guilluy)
* Pour que ça fasse société, il faudrait que les mieux armés
ralentissent un peu […]. Ça suppose de l’empathie, de se soucier de
cette France-là. C’est vrai que le roman a un rôle à jouer en portant
ces voix-là. (Nicolas Mathieu)
* "France périphérique", il s’agissait effectivement d’une notion
géographique, sociale, économique, mais aussi culturelle. Il s’agissait
bien de dénoncer cette relégation culturelle. (Christophe Guilluy)
* Les populistes adaptent leur offre à une demande. Celle des
catégories populaires est simple : travailler, préserver un capital
social et culturel. […] Il s’agit pour les grands partis de faire
concurrence aux populistes, de présenter une offre politique.
(Christophe Guilluy)
* Une société est saine réellement quand vous avez un haut qui sert les
intérêts du bas. C’est le principe de la démocratie, c’est de donner du
pouvoir à ceux qui n’en ont pas, et de ne pas renforcer le pouvoir des
gens d’en haut par rapport à ceux d’en bas. (Christophe Guilluy)
* Toute cette vague populiste […] repose à chaque fois sur une
sociologie […], ce socle de la classe moyenne, […] et puis une
géographie, […] les territoires les plus éloignés des grandes
métropoles. (Christophe Guilluy)
* Tout le monde a un sentiment d’attraction et de répulsion, et puis
aussi de complexe, par rapport à la centralité de Paris. (Nicolas
Mathieu)
* Quand on naît en milieu populaire, on meurt en milieu populaire. Ce
n’est pas grave. On peut faire sa vie, aimer, avoir des enfants, être
heureux – à une condition : être respecté culturellement et être intégré
économiquement. (Christophe Guilluy)
https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/guilluy-decrit-le-separatisme-de-195762
« dans l’ensemble des pays développés, le nouvel ordre économique
n’a cessé de creuser les fractures sociales, territoriales et
culturelles (…) il est cautionné par une fraction importante de la
société, constitué des gagnants de la mondialisation et de ceux qui en
sont protégés. Ce sont ces catégories, qui, sans être ‘riches’, ni
détenir le capital, forment la ‘France d’en haut’ », complétant utilement les analyses de Thomas Piketty sur l'augmentation des inégalités ou celle d'Emmanuel Todd dans " Après la démocratie ". Pour lui, ce système « rejette inéluctablement ceux dont le système économique n’a plus besoin dans les périphéries territoriales et culturelles ».
Il souligne la déconnexion grandissante entre la France d’en haut (les
métropoles, qui réalisent trois quart de la croissance, les cadres, dont
le niveau de vie progresse) et la France périphérique qui perd des
emplois, et dont le niveau de vie baisse (employés et ouvriers depuis
2008). Pour lui « la véritable fracture oppose ceux qui bénéficient
de la mondialisation et qui ont les moyens de s’en protéger et ceux qui
en sont les perdants et ne peuvent se protéger de ses effets (…) Contre
(tout contre) le grand capital et la mondialisation, les classes
supérieures se partagent les fruits d’un modèle économique mondialisé
qui repose sur l’exploitation des classes populaires de là-bas et
l’exclusion de ceux d’ici ».
Pour lui, Paris, devient une « ville fermée, définitivement bouclée (…) dans
les faits, la société mondialisée est une société fermée où le
grégarisme social, le séparatisme, l’évitement et la captation des
richesses et des biens n’ont jamais été aussi puissants (…) Dans les
métropoles mondialisées, une bourgeoisie contemporaine, new school, a
pris le pouvoir, sans haine, ni violence (par) la mise en scène d’une
opposition factice entre les partisans de la ‘société ouverte’ et ceux
du ‘repli’ » dans une posture de supériorité morale, pour fermer le débat en promouvant une « politique unique, en attendant le parti unique », de Juppé à Collomb.
Guilluy décrit bien comment les forces du marché provoquent un grand
retour vers un passé médiéval, inégal, fermé, et dur pour la périphérie
de nos pays dits développés. Et cela est facilité par le fait que le
débat public est totalement biaisé au point de présenter la barbarie
moderne comme un progrès naturel et inéluctable.
https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/guilluy-disseque-la-question-195653
Il précise que quand 56% des ouvriers autochtones vivent dans des villes
de moins de 10 000 habitants, cela n’est le cas que de seulement 14%
des ouvriers immigrés. En effet, il y a une « concentration des flux migratoires internationaux, notamment dans les quartiers de logements sociaux de ces grandes métropoles »,
rapportant que 52,6% des habitants des ZUS (Zone Urbaine Sensible),
principalement dans les banlieues, cible prioritaire de la politique de
la ville, sont immigrés, et que ce chiffre atteint même 64% en Ile de
France, justifiant son découpage de la France en 3,
* entre métropoles qui profitent de la globalisation,
* France périphérique et populaire,
* et banlieues ethnicisées.
https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/guilluy-decrypte-la-fracture-195737
Pour Guilluy, le pays est coupé en trois : la France périphérique et
populaire, qui rassemble les catégories populaires d’origine française
et d’immigration ancienne, les banlieues ethnicisées, où l’intégration
économique fonctionne mieux du fait de la proximité avec les métropoles,
et les métropoles mondialisées.
https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/guilluy-decrit-les-ressorts-d-un-195814