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mercredi 4 novembre 2020

LE VENDEE GLOBE


On admire les quêtes de l'impossible et ceux qui pour cela risquent leur vie, le Vendée Globe est aussi appelé "L'Everest des mers". 
Et ceux qui jouent sans rien risquer, sans quitter leur petit confort, grâce au jeu ? On aime, on n'aime pas... Trop facile d'en rester là, encore faut-il argumenter et le faire sans perdre de vue que la subjectivité ne doit jamais prétendre à la pensée unique. Par le passé on ne pouvait suivre que sporadiquement, à la télé, à la radio. Tout a évolué et le jeu permet de "participer". Et puis comme on dit "les goûts et les couleurs"... il en faut pour tout le monde.
 
Route du Vendée Globe / Wikipedia.
 
Le Vendée Globe ? Bien sûr que je me suis inscrit... Plus de 140 000 participants ils disent ? Mais ce n'est qu'un début... 
Pour celui qui ressent les sensations formidables d'un terrien fasciné parce que sa planète n'est pas brune mais bleue, pour celui qui admet que ce bleu, loin d'être émollient, s'avère être le résultat magique du ciel sur la mer, pour celui qui veut comprendre pourquoi, pour qui et contre qui l'air en mouvement s'appelle "vent", pour celui qui a compris qu'on ne peut attraper l'horizon, il est plus qu'utile de s'interroger et de réfléchir sur l'équilibre fantastique qui fit qui nous sommes et ce que nous sommes devenus, de plus en plus capables, de plus en plus coupables aussi. 
Quel rapport, me direz-vous, avec un jeu ? Détrompez-vous, un rapport profond, un rapport physique avec la nature, les éléments, l'univers avec lesquels les humains forcément solidaires doivent interagir. 
D'abord pourquoi tant de gens sur les quais, sur les digues, venus de loin pour certains, quelques heures et même quelques jours avant le départ, si ce n'est parce qu'une émotion intense et instinctive les porte ? Une quête d'absolu universelle depuis que l'espèce trace sa route. Et la vie n'est-elle pas aussi un jeu où tout est à perdre et à gagner ? (à suivre)
Le Vendée Globe ? bien sûr que je suis inscrit !
 
Le Vendée Globe ? bien sûr que je me suis inscrit ! (2ème volet)
Et quelle chance d'être associé serait-ce par procuration à cette soif d'inconnu toujours renouvelée. Un jeu seulement mais qui ouvre sur l'imagination, la poésie, l'aventure, la participation, le savoir théorique, le voyage, l'amitié, la réciprocité des sentiments... 
 
Imaginer, en réaction dynamique à l'inaction, à l'apathie. 
Aimer l'ondulation de la houle comme on apprécie le balancement des hémistiches et des rimes. 
 
"Homme libre, toujours tu chériras la mer..." Charles Baudelaire.
 
L'aventure ? Pourquoi pas ? Même virtuelle, même en n'en prenant que le bon côté, celui qui libère du quotidien sans les contraintes, la possession, l'entretien d'un bateau, la traque aux sponsors, au financement, la séparation avec l'être cher, les enfants, la famille. Pas besoin de hausser des épaules, on ne doit la plupart des conquêtes qu'à des pionniers, la masse se solidarisant par procuration... il en va ainsi des communautés humaines. 
 
Quant à participer, bien sûr que c'est emphatique, limite prétentieux mais je ne veux en retenir que la seconde partie de la phrase de Pierre de Coubertin malheureusement tronquée par le commun des mortels, à savoir, pour la suite généralement ignorée 
 
"... car l’important dans la vie ce n’est point le triomphe mais le combat ; l’essentiel, ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu." Pierre de Coubertin. 
 
L'engagement d'aller au bout doit être tenu surtout que sur le site l'échouage n'est pas éliminatoire. Alors un peu de respect avec nos valeurs.
 
Le Vendée Globe ? Bien sûr que je suis inscrit ! (à suivre) 

dimanche 23 août 2020

SOMBRE HORIZON AU RAS DU GOLFE CLAIR / Fleury-d'Aude en Languedoc

"Du bord de la mer, il suffit de chercher l'horizon...
- L'horizon ? Allons donc ! Même pas cinq kilomètres à ce niveau ! Il n'y a rien à voir depuis un trou !
- Pas si vite ! c'est juste symbolique d'être dans l'eau. Sinon monte en haut de Périmont et déjà tu verras cinq fois plus loin ! Tu fais la moue ? Tu ne devrais pas. Écoute Pierre, inspiré par la vue en haut de la barre des Karantes ou de Saint-Pierre-la-garrigue : 

" Tout à coup son regard s'emplissait de merveilles : 
Depuis le Mont Saint-Clair jusqu'aux Côtes Vermeilles, 
Tel un vaste arc-en-ciel sur le sol allongé, 
Le sable, de la mer semble prendre congé ;
Le Golfe du Lion secouant ses crinières
Brillant de mille feux et d'autant de lumières
Et brassant dans l'air pur le bienfait de ses flots, 
Enseignait aux humains la richesse des mots... 
Plus loin, elle voyait un bras des Pyrénées
Caresser en rêvant la Méditerranée, 
Tel un amant distrait : l'oeil pourpre du Levant
Tomber à l'horizon une larme de sang..." 

 Pierre Bilbe. La Légende du Cascadel. 

La Montagne de la Clape avec la Barre des Karantes au-dessus de Saint-Pierre-la-Mer.
Cherche-le, cherche-le ! Il viendra à toi l'horizon ! Les cônes d'Agde et de Sète d'un côté, la ligne de crête des Albères de l'autre, comme le dit le poème. Et va voir si ce "bras des Pyrénées" n'arrive pas au Cap de Creus, surplombant Cadaquès, le village de Dali, de près de 700 mètres... Vois aussi un peu à l'intérieur la masse pyramidale du Canigou, le pic sacré des Catalans, magnifique à en donner des frissons, même sans ses inclusions de neige !

Le Canigou, quand on le voit, annonce le vent marin, le temps de mer idéal dans les deux ou trois jours à venir. Aujourd'hui, les traînées plus ou moins longues des avions qui tracent leur route haut dans le ciel, signalent une météo similaire traduisant l'humidité de l'air (ils sont de retour en ce temps de disgrâce pour cause de covid). Dans les années 60, ce sont les navires qu'on regardait passer au large. 

La dune aux Cabanes-de-Fleury avec, au loin, les Pyrénées au pied desquelles le Golfe du Lion semble se lover... 


2013. Par un beau matin de mer, du Mont Saint-Clair à la Côte Vermeille, le Golfe du Lion éparpille ses voiles et ses bateaux : pêcheurs de bleu, marins du dimanche, hauturiers de passage. J'en compte jusqu'à cinquante-cinq, plus ou moins gros fétus de paille dansant sur LE Golfe clair (1) quelque part au sud-est. J'en perds le compte quand je rêve de ces flottilles de voiles latines partant ou rentrant de la pêche et parce qu'un éclat lumineux semble envoyer un message en morse. C'est un hublot qui doit ainsi renvoyer l'éclat dansant du soleil, plus intense que le miroir de la mer. Il est juste dans la direction de la pointe vermeille, de ce bout de Pyrénées qui s'enfonce dans les flots, face au levant. L'air transparent permet de voir un promontoire coupé par un col insignifiant. Ce n'est qu'après que le relief mérite son nom d'Albères peut-être jusqu'au goulet marquant le Perthus. La ligne de crête court au-delà, vers l'ouest, coupée par la masse imposante du Canigou. Avec ce qui reste de deux névés, sa pointe fière trône sur fond de nuages, un train de nuages semblant rouler vers l'est : peut-être ces orages annoncés par les bulletins météo. Vers l'intérieur, les sommets s'enchaînent, formant cortège. Sur les marches, les Corbières jouent aux princesses et aux pages. Dans l'azur, la longue traînée d'un avion marque une humidité à venir. 
La platitude d'une carte de l'atlas ne saurait donner ce galbe prononcé qui inscrit le Golfe du Lion dans une projection courbe, qui tendrait à se fermer presque, aux confins de la Costa Brava... Les hommes, vraiment, déforment tout à leur image : les Pyrénées rétrécies, la courbe du Golfe redressée, tout est resserré comme si on voulait nier l'arrondi de la côte et de l'horizon qui, à vue d’œil donnent tant, attachent fort et entretiennent à jamais des rêves de gamin d'autant plus que la montagne et la frontière entretiennent les mystères de l'Espagne voisine...    
Comment ne pas s'exalter à le voir en vrai, le Golfe, lapis lazuli serti dans le littoral ? Sauf que ce bonheur contemplatif est désormais plombé de remords, de mauvaise conscience, de l'angoisse de tout perdre, de ne laisser à la postérité qu'une Terre à l'agonie. C'est que les griffes de joaillerie vont, de notre fait, par notre faute, lâcher la pierre précieuse. Comme la nature en général on la croyait éternelle. Sauf qu'entre la pollution notamment plastique de la mer (bientôt plus de déchets plastique en mer que de poissons / Arte, Le Dessous des Cartes) et celle de l'air vectrice du changement climatique se traduisant par l'érosion des côtes et une submersion majeure des littoraux, l'horizon est porteur de menaces, au ras du golfe clair... et mon inspiration poétique, en ce qu'elle témoigne de la complicité passive des générations du baby boom par rapport aux côtés délétères du progrès, en devient insensée, pour le moins pathétique sinon carrément haïssable à force d'aveuglement irresponsable. 

(1) "La mer qu'on voit danser le long des golfes clairs..." a des reflets de Trénet mais d'un Trénet acquis à la réussite française et cosmopolite seulement possible à Paris. Infidèle, il descend en été plutôt sur la Côte d'Azur que sur notre Golfe clair, du Lion. Et s'il est quand même si aimé au bord du golfe et dans les Pyrénées, c'est qu'on pardonne toujours au fils prodigue qui reste quoi qu'il en soit, un enfant du pays.