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dimanche 29 avril 2018

LES CORBIÈRES / Fleury-d'Aude en Languedoc. .

Carte du relief Avec les Pyrénées au Sud, les Corbières avec Mouthoumet pour repère. Geoportail Données cartographiques IGN

Les Corbières ? Pour l’amateur de géographie, un quadrilatère délimité à l'Ouest et au Nord par le cours de l'Aude, à l'Est par les étangs de Salses, de Lapalme et de Bages & Sigean. Au Sud, la Forêt des Fanges (700-1000 m.), le Pic de Bugarach (1231 m.) ainsi qu'une longue échine calcaire se poursuivant vers l'Est sur plus de vingt kilomètres.

A l’Ouest, le lit de l’Aude délimite les Corbières. Il creuse son passage dans des reliefs plus élevés à l'Est bien que de même nature géologique sur ses deux rives.  
Corbières / Wikimedia Commons / Author Boldair.
 Au Sud, sur l’ancienne frontière d’Aragon, les Corbières savent entretenir le mystère alors que la géographie ne saurait se présenter plus clairement. Du col de Saint-Louis (696 m), en effet, jusqu'au château de Quéribus à environ 700 mètres au-dessus de la mer, c'est une véritable barrière seulement traversée par le Grau de Maury (432 m. reliant Cucugnan à Maury) et la récente et spectaculaire route des Gorges de Galamus datant seulement de 1890. Haute de sommets de plus de 900 mètres une vraie montagne  et pourtant, sans nom !  Au Sud, donc, la limite la plus visible et pourtant la plus vague à la fois sauf pour ses riverains du versant audois ou du Fenouillèdes, gens du cru, qui comme chez nous, comme partout, ont, depuis les origines, ressenti la nécessité de nommer précisément les différents lieux de  l’environnement territorial. Les noms « Sarrat », « Sarrat dau Miech », « Sarrus », « La serre », « Serre », « Roc Serret », désignant des crêtes, des hauteurs, des sommets, distinguent certaines portions de cette barre montagneuse peuplée de corbeaux (Roc du corbeau, Col de Corbasse), ponctuée de sources, de bergeries. Le mot « bac » lui, indique, côté Aude, les versants à l’ombre, tournés au Nord. Quant au terme « couillade », certainement à l’image des attributs masculins, il nuance la forme d’un passage moins étroit, d’un col moins resserré, un peu en cuvette.

Une page presque, seulement pour essayer d’en décrire les limites ! Les Corbières sont plurielles. Une grande diversité morphologique que la géologie sait seule cerner. Mais c’est une science à part entière, maîtrisée seulement par des spécialistes, ce qui dépasse de loin et de beaucoup le cadre de ce tour d’horizon par un pêcheur de tenilles plutôt littéraire, depuis la plage de Pissevaches. Abordons-la, néanmoins, grâce à une approche simplifiée que les experts voudront bien pardonner.

Excentré au S-O, venu de l’intérieur de la Terre, apparenté aux granites et gneiss du Massif-Central, dur aussi comme la nature cristalline des Pyrénées mais comme feuilleté, le massif schisteux de Mouthoumet.

Presque en arc de cercle derrière lui, à supposer que les Corbières, penchées vers la côte, regardent le Golfe du Lion, les piémonts pyrénéens soulevés par la surrection plus récente de la chaîne. Des sédiments calcaires empilés comme des assiettes, plus ou moins vieux de millions d’années, les plus anciens formant la montagne sans nom, les Corbières Maritimes avec le Montoullié de Perillou (707 m) le Pic du Pied du Poul (596 m) sans oublier les énigmatiques Estrons de la Vieille (416 m) entre Durban et Roquefort… des Corbières. A l’Ouest, la géographie, souvent plaisante, décline les mollasses du Lauquet qui n’ont rien de ramolli avec le Milobre de Bouisse (878 m) aux neiges redoutées ou les 739 mètres de la barre du Plateau de Lacamp. Au Nord, soutenant le regard du Pic de Nore (1211 m), ultime bastion du Massif-Central, dernière vertèbre de l’ensemble hercynien cher au lyrisme des historiens-géographes qui voulurent y voir le squelette de la France, la Montagne d’Alaric et son Signal (600 m). Souvenir de la puissance passée des Wisigoths qui se seraient transmis l’Arche d’Alliance emportée lors du pillage de Rome[1], la Montagne d’Alaric (Alaric II, arrière-arrière petit-fils mort en 507 lors de la bataille de Vouillé contre Clovis) fait le temps du Carcassès et du Lauragais vers Toulouse et de Narbonne vers la Méditerranée. Le trésor du roi s’y trouverait, certains disent sa tombe.   
Corbières Nord Geoportail données IGN

Corbières Sud Geoportait / données cartographiques IGN.
        

Ces Corbières montagneuses formeraient comme des gradins donnant sur une pénéplaine versant vers le nord et l’est où coulent l’Orbieu, ses affluents velléitaires et, aussi peu abondants, des vins réputés.




[1] Alaric Ier / six jours de pillage en 410.