|
Carte du relief Avec les Pyrénées au Sud, les Corbières avec Mouthoumet pour repère. Geoportail Données cartographiques IGN |
Les Corbières ? Pour l’amateur de géographie, un quadrilatère
délimité à l'Ouest et au Nord par le cours de l'Aude, à l'Est par les étangs de
Salses, de Lapalme et de Bages & Sigean. Au Sud, la Forêt des Fanges (700-1000 m.), le Pic de
Bugarach (1231 m.) ainsi qu'une longue échine calcaire se poursuivant vers
l'Est sur plus de vingt kilomètres.
A l’Ouest, le lit de l’Aude délimite les Corbières. Il creuse
son passage dans des reliefs plus élevés à l'Est bien que de même nature géologique sur ses deux rives.
|
Corbières / Wikimedia Commons / Author Boldair. |
Au Sud, sur l’ancienne frontière d’Aragon, les Corbières savent
entretenir le mystère alors que la géographie ne saurait se présenter plus
clairement. Du col de Saint-Louis (696 m), en effet, jusqu'au château de
Quéribus à environ 700 mètres au-dessus de la mer, c'est une véritable barrière
seulement traversée par le Grau de Maury (432 m. reliant Cucugnan à Maury) et
la récente et spectaculaire route des Gorges de Galamus datant seulement de 1890. Haute de
sommets de plus de 900 mètres une vraie montagne et pourtant, sans nom
! Au Sud, donc, la limite la plus visible et pourtant la plus vague à la
fois sauf pour ses riverains du versant audois ou du Fenouillèdes, gens du cru,
qui comme chez nous, comme partout, ont, depuis les origines, ressenti la
nécessité de nommer précisément les différents lieux de l’environnement territorial. Les noms
« Sarrat », « Sarrat dau Miech », « Sarrus »,
« La serre », « Serre », « Roc Serret »,
désignant des crêtes, des hauteurs, des sommets, distinguent certaines portions
de cette barre montagneuse peuplée de corbeaux (Roc du corbeau, Col de
Corbasse), ponctuée de sources, de bergeries. Le mot « bac » lui,
indique, côté Aude, les versants à l’ombre, tournés au Nord. Quant au terme
« couillade », certainement à l’image des attributs masculins, il
nuance la forme d’un passage moins étroit, d’un col moins resserré, un peu en
cuvette.
Une page presque, seulement pour essayer d’en décrire les
limites ! Les Corbières sont plurielles. Une grande
diversité morphologique que la géologie sait seule cerner. Mais c’est une
science à part entière, maîtrisée seulement par des spécialistes, ce qui
dépasse de loin et de beaucoup le cadre de ce tour d’horizon par un pêcheur de
tenilles plutôt littéraire, depuis la plage de Pissevaches. Abordons-la,
néanmoins, grâce à une approche simplifiée que les experts voudront bien
pardonner.
Excentré au S-O, venu de l’intérieur de la Terre, apparenté aux
granites et gneiss du Massif-Central, dur aussi comme la nature cristalline des
Pyrénées mais comme feuilleté, le massif schisteux de Mouthoumet.
Presque en arc de cercle derrière lui, à supposer que les
Corbières, penchées vers la côte, regardent le Golfe du Lion, les piémonts
pyrénéens soulevés par la surrection plus récente de la chaîne. Des sédiments
calcaires empilés comme des assiettes, plus ou moins vieux de millions
d’années, les plus anciens formant la montagne sans nom, les Corbières
Maritimes avec le Montoullié de Perillou (707 m) le Pic du Pied du Poul (596 m)
sans oublier les énigmatiques Estrons de la Vieille (416 m) entre Durban et
Roquefort… des Corbières. A l’Ouest, la géographie, souvent plaisante, décline
les mollasses du Lauquet qui n’ont rien de ramolli avec le Milobre de Bouisse
(878 m) aux neiges redoutées ou les 739 mètres de la barre du Plateau de
Lacamp. Au Nord, soutenant le regard du Pic de Nore (1211 m), ultime bastion du
Massif-Central, dernière vertèbre de l’ensemble hercynien cher au lyrisme des historiens-géographes
qui voulurent y voir le squelette de la France, la Montagne d’Alaric et son
Signal (600 m). Souvenir de la puissance passée des Wisigoths qui se seraient
transmis l’Arche d’Alliance emportée lors du pillage de Rome,
la Montagne d’Alaric (Alaric II, arrière-arrière petit-fils mort en 507 lors de
la bataille de Vouillé contre Clovis) fait le temps du Carcassès et du
Lauragais vers Toulouse et de Narbonne vers la Méditerranée. Le trésor du roi s’y
trouverait, certains disent sa tombe.
|
Corbières Nord Geoportail données IGN |
|
Corbières Sud Geoportait / données cartographiques IGN. |
Ces Corbières montagneuses formeraient comme des gradins
donnant sur une pénéplaine versant vers le nord et l’est où coulent l’Orbieu,
ses affluents velléitaires et, aussi peu abondants, des vins réputés.