Grand ou Petit sinon oriental, le Luberon, un arrière pays émergeant souvent des œuvres de Giono, Bosco, Pagnol, rapport au peuplement puis à l'exode rural, reste connu pour avoir accueilli nombre d'artistes et d'auteurs depuis des décennies. Comparée à l'attraction exercée à titre particulier par les villages de la Provence Rhodanienne, cette concentration de privilégiés explique peut-être un a priori négatif. Sans aller jusqu'à cataloguer que tout ce qui est excessif est insignifiant, j'y vois la raison d'une gêne. Néanmoins, cette indisposition me pose problème vu qu'outre la nature tant géologique que climatique, au moins deux auteurs appréciés plaident pour ne pas rejeter le Luberon, à savoir Bosco et Camus.
Au cours du XXème siècle, le Luberon a vu arriver en villégiature nombre de politiques, d'acteurs du cinéma dans tous les sens du terme, des médias, des chanteurs, peintres, photographes, architectes, une marge de gens fortunés, qui ont réussi.
Si les débuts du mouvement étaient marqués par un esthétisme lié au retour à la terre, à l'intérêt pour une nature géographiquement marquée, la décentralisation de la saison théâtrale à Avignon et alentours initiée par Jean Vilar dès 1947, va accélérer un mouvement de personnalités plus connues, plus en vue ; les locaux, eux, parfois de retour aux origines, au village d'où les aïeux émigrèrent pour plus de commodités, se mêlent aux célébrités pour le pastis, la pétanque sinon au marché ou chez le boulanger. Lors d'une troisième vague, le paraître, l'entre-soi, la frime, le fric ont prévalu, transportant pour quelques mois au plus les mondanités parisiennes... Une “ faune ” étrangère à un art de vivre local, à une culture sudiste, aux paysages typiques si bien dépeints par Van Gogh ou Cézanne. Après les maisons serrées des villages perchés, est venu le temps des piscines pour les invités.
![]() |
Bonnieux_au_coeur_du_Luberon_(Vaucluse) 2017 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Auteur Mathieu BROSSAIS |
Parmi les villages les plus prisés suivant les périodes, Gordes, Roussillon, au nord du Calavon, Oppède, Ménerbes, Lacoste et Bonnieux au sud de la rivière, sur le piémont septentrional du petit Luberon ; Lourmarin, versant sud, tourné vers la Durance, particulièrement cher à Bosco et Camus.
Depuis en gros les années 2000 la vogue est à revendre dans le Luberon pour d'autres arrière-pays de soleil, de garrigues sur le pourtour méditerranéen.
Alors, parler du Luberon malgré un a priori négatif sinon une répulsion initiale ? oui, par considération et respect pour au moins deux écrivains, Bosco, Camus.
![]() |
Henri_Bosco_(cropped) 2014 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Souricette-du-13 |
Bosco a voulu que ses cendres reposent à Lourmarin, là où vécut son père.
![]() |
Albert_Camus,_gagnant_de_prix_Nobel,_portrait_en_buste, 1957, domaine public Author Photograph by United Press International |
Albert Camus (1913-1960). Dans le monde de la culture, il a fait l'effet d'une étoile filante. Bien qu'alourdie par les malheurs et la pauvreté originelle de la famille, avec les honneurs, sa vie a versé dans la bulle des privilégiés suivis en Provence, paradoxalement grâce à René Char. Jusqu'à une fin prématurée. Tout est lié : son œuvre chez Gallimard, son amitié avec Michel, le neveu héritier de la société d'édition, la maison achetée dans le Luberon, ses positions courageuses d'écrivain engagé, le retour vers Paris, enfin, le terrible accident de la Facel Vega avec Michel Gallimard au volant, après Pont-sur-Yonne (4 janvier 1960 / les passagères arrière sauves).
Source principale : Mappemonde 3 / 97, Le Luberon, refuge d'artistes, Cécile Helle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire