Au sortir du four, la croûte murmure des pétillements intimes...
J’approche l’oreille quand une avanie venue de loin marmonne « Qu’ils mangent de la brioche ! ». J.J. Rousseau la mit dans la bouche d’"une" princesse, manière d’incriminer, certainement à tort, Marie-Antoinette, épouse du futur Louis XVI.
J’approche l’oreille quand une avanie venue de loin marmonne « Qu’ils mangent de la brioche ! ». J.J. Rousseau la mit dans la bouche d’"une" princesse, manière d’incriminer, certainement à tort, Marie-Antoinette, épouse du futur Louis XVI.
« Ça sent bon le pain chaud... » émet une voix bien présente à peine sortie du sommeil.
C’est plus fort que moi, tant pis si je le barbe avec les pauvres gens, la misère et un poème, de bon matin, à l’heure de déjeuner (1).
LES EFFARES / Arthur Rimbaud (1854 - 1891)
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s'allume,
Leurs culs en rond,
A genoux, cinq petits, - misère ! -
Regardent le Boulanger faire
Le lourd pain blond.
Ils voient le fort bras blanc qui tourne
La pâte grise et qui l'enfourne
Dans un trou clair.
Ils écoutent le bon pain cuire.
Le Boulanger au gras sourire
Grogne un vieil air.
Ils sont blottis, pas un ne bouge,
Au souffle du soupirail rouge
Chaud comme un sein.
Quand pour quelque médianoche,
Façonné comme une brioche
On sort le pain,
Quand, sous les poutres enfumées,
Chantent les croûtes parfumées
Et les grillons,
Que ce trou chaud souffle la vie,
Ils ont leur âme si ravie
Sous leurs haillons,
Ils se ressentent si bien vivre,
Les pauvres Jésus pleins de givre,
Qu'ils sont là tous,
Collant leurs petits museaux roses
Au treillage, grognant des choses
Entre les trous,
Tout bêtes, faisant leurs prières
Et repliés vers ces lumières
Du ciel rouvert,
Si fort qu'ils crèvent leur culotte
Et que leur chemise tremblote
Au vent d'hiver.
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/arthur_rimbaud/les_effares.html
(1) Dans le Sud, ne vous en déplaise, on déjeune, on dîne, on soupe !
LES EFFARES / Arthur Rimbaud (1854 - 1891)
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s'allume,
Leurs culs en rond,
A genoux, cinq petits, - misère ! -
Regardent le Boulanger faire
Le lourd pain blond.
Ils voient le fort bras blanc qui tourne
La pâte grise et qui l'enfourne
Dans un trou clair.
Ils écoutent le bon pain cuire.
Le Boulanger au gras sourire
Grogne un vieil air.
Ils sont blottis, pas un ne bouge,
Au souffle du soupirail rouge
Chaud comme un sein.
Quand pour quelque médianoche,
Façonné comme une brioche
On sort le pain,
Quand, sous les poutres enfumées,
Chantent les croûtes parfumées
Et les grillons,
Que ce trou chaud souffle la vie,
Ils ont leur âme si ravie
Sous leurs haillons,
Ils se ressentent si bien vivre,
Les pauvres Jésus pleins de givre,
Qu'ils sont là tous,
Collant leurs petits museaux roses
Au treillage, grognant des choses
Entre les trous,
Tout bêtes, faisant leurs prières
Et repliés vers ces lumières
Du ciel rouvert,
Si fort qu'ils crèvent leur culotte
Et que leur chemise tremblote
Au vent d'hiver.
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/arthur_rimbaud/les_effares.html
(1) Dans le Sud, ne vous en déplaise, on déjeune, on dîne, on soupe !
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