mardi 29 août 2023

LE-GRAU-DU-ROI.

Bien que le Rhône forme la limite administrative, le repère géographique par excellence, avec Nîmes à l’intérieur des terres, Le-Grau-du-Roi, Aigues-Mortes sont déjà dans l’aire provençale.

Avec la station balnéaire du Grau-du-Roi, nous passons de l’Hérault au Gard.

En gros, là où, à la latitude de Montpellier, la géographie vient plaider pour Charles Trénet qui aurait pu honorer en particulier « son » Golfe du Lion plutôt que de diluer son sentiment pour « ...les golfes clairs... », sous l’appellation de mon point de vue impropre de « golfe », sont-ce des baies ? des anses ? des culs-de sac marins ? Le fait est que bien que ne pouvant se comparer en aucune façon au Golfe ouvert du Lion, les cartes témoignent du ridicule induit par les appellations « Golfe d’Aigues-Mortes », « Golfe des Saintes-Maries ou de Beauduc », qui plus est sur une côte dépendant entièrement du pouvoir des eaux, tant celles du delta du Rhône, à l'ouest, gagnant sur la mer que celles des courants marins à l’effet contraire. Pour celui d’Aigues-Mortes, la raison historique prévaudrait puisque c’est de cet unique port royal (théorique car déjà dans les terres) que Louis IX embarqua lors des Croisades et que Le-Grau-du-Roi, bien que lié à Henri IV, n’existe en tant que commune que depuis 1879. Concernant Beauduc, demeure le mystère... Anonymes presque, ces golfes ne pouvant répondre aux critères qui font la renommée de baies incomparables... Guanabara, Along, Diego... trop ouverts, golfes sans la célébrité liée à ceux de Napoli ou de Salerno... mais non sans charme... au moins reconnaissons leur ce mérite. Il est vrai que certaines bizarreries plus marquantes jalonnent la géographie, dont le nom des cours d’eau « usurpés » malgré la longueur ou le débit, c'est le cas notamment de la Seine, de la Saône, pour rester dans l'hexagone.    

Le Grau : au début étaient des cabanes de pêcheurs aiguemortains avant qu’un grau naturel ne vienne crever le cordon de sable plus à l’ouest du débouché initial d’Aigues-Mortes. Malgré les aménagements touristiques suite au plan Racine, la localité a su garder son cachet camarguais. 

photo autorisée Auteur Hyppolyte de saint-Rambert


Les images cartes postales du Grau-du-Roi sont celles du chenal maritime du Vidourle avec un bateau de pêche, chalutier ou thonier, sinon une passe de jouteurs. Au second plan, le quai, puis, derrière, le phare qui, faute d’avoir gardé la haute main sur les bateaux au large, chaperonne toujours ses abords. (à suivre)

vendredi 25 août 2023

LA GRANDE-MOTTE.

Du haut de ces pyramides, un demi-siècle me contemple ! L’inverse plutôt, non ? puisque, né en 1950, c'est d'en bas que j'apprécie cette station balnéaire, plus jeune que moi, sortie des sables en dix ans. Ces pyramides, nous les devons à l’architecte Jean Balladur (1924-2002) (cousin de l’homme politique, comme lui né à Izmir en Turquie), dans le cadre du plan Racine, destiné, dans les années 60, à développer le tourisme de masse sur une côte alors infestée de moustiques. Ici, on passe de 10.000 habitants habituels à 120.000 résidents en été.

Bien sûr, toute nouveauté ne s’attire pas que des compliments. Que n’a dit le Français, rouspéteur, détracteur, moqueur, jamais content, têtu, rétif au changement qu’il soit ou non positif mais si prompt et moutonnier à rentrer dans le rang puis à collaborer, toute honte bue ? Goguenard, notre franchouillard a vite lâché « La Grande-Moche », « un projet pour les couillons » comme à propos de ceux qui achetaient au bord de la mer alors infesté de moustiques ! Les couillons d’hier ne sont pas ceux qu'on moquait ! 

La Grande-Motte 2014 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author BlueBreezeWiki

La Grande-Motte sortie de terre, des sables, sortie de rien... Du béton ! sauf que depuis, les arbres, la verdure souvent au bénéfice des piétons, des cyclistes, couvrent 70 % de la surface. Du béton sauf qu’à bien y regarder, chaque unité de logement possède son balcon, sa terrasse-jardin, son point de vue ; la variété est partout : à l’Est, les formes droites, raides figurant le masculin avec des triangles pour les voiles des bateaux, à l’Ouest, les bâtiments se parent, au contraire, de courbes féminines ; ici ces appendices coulés dans le même moule représentent bien le nez du Général ; non loin, les baies font penser à chacune des moitiés de lunettes de soleil, là-bas les balcons alternent les hauts et les bas d’un bikini...  

La Grande Motte 2004 GNU Free Documentation License, Auteur Alain Caraco et french Wikipedia

La ville s’articule autour de la Place des Trois Pouvoirs : la mairie, l’église, l’agora pour l’espace libre où un labyrinthe se veut symbole de la vie. Passe pour un labyrinthe dont on connaît l’issue...

Si les temps historiques se sont toujours accompagnés de la création de villes nouvelles et que cela devrait continuer avec déjà des villes du futur (un mal nécessaire ?), trois d’entre elles (exemptes de toute défiance) marquent par leur originalité architecturale : Chandigarh en Inde de Charles-Édouard Le Corbusier (1887-1965), Brasilia d’Oscar Niemeyer (1907-2012), La-Grande-Motte de Jean Balladur (1924-2002).  

« La-Grande-Moche » se décline aussi en « La-Grande-Mode », ce que les prix confirment quand, en bord de mer, les prix atteignent 10.000 euros du mètre carré !   

La Grande-Motte s’est muée en dehors de l’été, grâce à ses milliers de logements vides, en résidence d’étudiants « campus de la mer » (années 2000), mais il a fallu adapter, notamment en prévoyant le chauffage.