jeudi 2 janvier 2020

LOTO D'ANTAN ! LE VRAI (3) ! / petite chronique des fêtes d'alors !

– On a crié. Ne démarquez pas ! commence alors la vérification méticuleuse des numéros sortis. La quine (1) est bien bonne ! La gagnante est Marthe Coural, n'oubliez pas le camionnage (2) ! Vous pouvez démarquer. La partie continue avec une dinde, toujours à quine.
S'ensuit un joyeux brouhaha de conversations et de cartons qu'on débarrasse. 
L'appariteur remise ses boules au fond du sac. Il mélange longuement en prenant soin de bien secouer devant le micro. Le tirage reprend. Quelques « Allons ! », quelques « chut » appuyés incitent à la concentration :
– "Eun", lou premier de milo… "quarante", a coustat de Creuzy (3), "vingte-neuf"… "quatorze"…, "cinquante-quatre", "cinquante", "quatre-vingt-neuf"…
– Là ! coupe un cri sec et décidé : c'est la mameto, le 89, qui a arrêté le jeu…
– On a crié, ne démarquez pas. Et après vérification : la quine est bien bonne, le gagnant est monsieur Trastet, n'oubliez pas le camionnage. 

Pavo desplumado por Francisco Goya (entre 1808 and 1812) wikimedia commons Domaine public. Il manque juste le plumet autour du cou sinon c'est comme ça, avec la tête, que les volailles étaient proposées... 
– Macarel ! aro que l'ei croumpado, la pioto… Trastet se plaindrait d'avoir déjà acheté la dinde (4)…
– Aco rai, as qu'à la bailla ! (Ce n'est pas un problème, tu n'as qu'à la donner !) la réplique est partie du tac au tac !
Au fur et à mesure que la soirée se poursuit, les lots deviennent plus importants avec un jambon, deux pintades et trois kilos de langoustes à carton plein accueillis par un grand "Ah !" admiratif.
– "Sept" la pigasso… "trente-deux"… "dix-sept, diso-sept"… "soixante-six", les P.O… "soixante-huit"…"vingt", sans eau… "trente-trois", docteur… "vingte-deux", les cognes (5) (les flics, c'est plus tard, les keufs c'est pas chez nous !)… "cinquante"… "trois" dans l'Aube…
– Remeno ! Un joueur ne marquant pas assez à son gré demande expressément au nommeur de remuer le sac. Ce dernier s'exécute sans façon (6).

(1) " quine ", ligne de cinq numéros dans le Midi ; du genre masculin mais toujours tourné au féminin. 
(2) La tradition veut que le gagnant donne la pièce au coursier qui emporte le carton et rapporte le lot gagné. 
(3)  Quarante « à côté de Cruzy », un village voisin de Cruzy et ses vieux platanes (mais qu'ils sont beaux nos villages... suffit de vouloir voir !
(4)  L'avantage du partage, d'être au moins deux : mon père reprend plus précisément ce souvenir « Quelle peste ! La femme en a acheté une ce matin ! » 
« Là ! Qu’uno pèsto ! La fémno n’a croumpat uno aqueste mati ! » Réflexion de Coural, le beau-père de Marthe,
C’est Pistole qui lui avait répondu « Quand él gagnèt, et qu’i diguèroun de baillar la pioto, respoundèt souloment "Ta gran(d) !" réplique trouvée aussi en espagnol : ¡Cuéntaselo a tu abuela ! (qu’on peut traduire par « à d’autres ! »).(Pistole répondit « Quand il gagna et qu’ils lui dirent de donner la dinde, il se contenta de répondre “Ta grand” »… « Apporte-ça à ta grand-mère ! », en français ou en espagnol).
(5) en tant qu'hirondelles, la pèlerine et la bicyclette, ils étaient plus appréciés...
(6)  Titato fut « nommeur » en occitan, sauf en quelques occasions, quand il nomma en français, « rapport aux étrangers » (des Parisiens !) Lou Ménot fut longtemps attitré à ce poste.
« Remeno !
– Pot pas, és trop gros ! »
(Jeu sur les sens du verbe remuer : remuer quelque chose et se remuer. Un joueur mécontent crie au nommeur de remuer les boules dans le sac. Un plaisantin répond qu’il est trop gros pour se remuer !)

Dinde de Noël en Aveyron Wikimedia Commons Auteur c.hug / Ho ! elle pèse plus de 15 kilos celle-là !

mercredi 1 janvier 2020

BOUNO ANNADO 2020 !

Juste le zoom et un contraste plus marqué sinon le Canigou si altier aime autant rester discret et à peine visible à l'horizon, dans les limbes. Photo prise en février 2017 depuis les terres de Saint-Louis, non loin de la plage, aux Cabanes. 

Languedociennement parlant, j'ai la foutue manie de dire "sioguessen", sûrement pour la sonorité de l'imparfait du subjonctif, or, sauf erreur, c'est le présent qui devrait être utilisé, question de sens et non de logique grammaticale... 
... "pla granado", avec de bonnes récoltes de grains alors qu'avec la monoculture de la vigne la granado, les grains de raisins à terre et perdus, était à éviter. 
"... pla acumpanhado" bien accompagnée avant tout de santé !

Pas tant de pletis, pas tant de plaît-il ! Si on n'y va pas, au loto, on ne gagnera pas plus la langouste que la pioto, que le cambajou et le filet garni ! (la dinde, le jambon e lou fialat garnit)