mardi 23 janvier 2018

« … DES FLEURS BLANCHES COMME DU PAPIER… » / Fleury en Languedoc.





Référence à Gaston Fébus (1331 - 1391) (Fébus avec un "F" : le "ph" n’existe pas en occitan) qui parlait lé béarnais mais écrivait en principe en français (« Livre de chasse »). On lui attribue les paroles en langue d’oc de « Se canto »


« … Dessús ma fenèstra
I a un ameliè
Que fa de flours blancas
Coumo de papièr… »


Au dessus de ma fenêtre il y a un amandier qui fait des fleurs blanches comme du papier… Des paroles qui fondent l’arbre emblématique de l’Occitanie, l’amandier qui fleurit comme a pu prospérer, au XIVème siècle, jouant des rivalités entre France et Espagne, l’apanage de Gaston Fébus, comte de Foix, vicomte de Béarn, viguier d’Andorre, accessoirement et très temporairement lieutenant du roi en Languedoc – gouverneur-. L’Occitanie a donc adopté l’amandier de sa partie alors indépendante. Laissons là la référence tant historique qu’institutionnelle pour ne garder de l’amandier qu’un symbole de renaissance culturelle. Après le long sommeil de l’hiver, une explosion de ces fleurs ne peut que traduire avec force l’impétuosité du flux printanier ébranlant la nature jusque dans la sève des hommes. 


Qu’il est bon de courir alors les chemins qui rayonnent vers des lieux-dits aux noms fleuris, des tènements aussi multiples et changeants que les enfants d’un même foyer, de la garrigue aux coteaux, vers la plaine pour finir par ce piémont tourné vers les étangs et la mer au loin… Courir pour voir les premiers rameaux aux bouquets roses ou blancs suivant que les amandes seront amères ou douces. L’exploration, la découverte commencent sur le seuil des maisons !



« … Regardez les branches,

Comme elles sont blanches.

Il neige des fleurs… » Théophile Gautier (1811 - 1872).



Ensuite des milliers de corymbes aux ramures habillées de pastels [1], c’est un feu d’artifice qui éclate sur les talus, les chemins, la marge des vignes, le sempervirens de la garrigue. Une beauté assistée par le bourdonnement des abeilles. Une symphonie suspendue dans le temps, avec, au fond les Pyrénées blanches de neige, avant qu’un vent fougueux, de terre et ami du soleil, le Cers, n’effeuille les fleurs sous ses rafales brutales, en une giboulée de flocons… 



« … Lorsqu’on voit, s’effeuillant comme des destinées,

Trembler au vent des Pyrénées

Les amandiers du Roussillon,

Je t’adore Soleil !.. » Edmond Rostand (1868 - 1918). 



Ou alors c’est un vent aussi fort, marin lui, sinon le Grec, plus gris encore, poussant ses nuées chargées d’humidité, qui décroche les pétales lourds et mouillés, cristaux fondants d’une neige de fleurs.
 

[1] A voir sur le Net (les photos ne sont pas autorisées), les amandiers de Cailhau (Aude), peints par Achille Laugé (1861 – 1944)… qui au cours de sa vie aura connu les trois guerres contre l’Allemagne !  

Photos autorisées : 
1 & 2. Le premier de l'an passé (02/02/2017). 
3. commons wikimedia / Château de Foix Author Patrick Castay.

mercredi 17 janvier 2018

NADAL D’ARIEJO (fin) / Clovis Roques

Dans le livre du canton de Coursan (Opération Vilatges al pais / Francis Poudou et les habitants / fédération audoise Léo Lagrange / 2005), Clovis Roques fait partie, pour y être né, des écrivains et poètes de Salles-d’Aude. 
Sur les pages dédiées au village figure « Nom de Familha », un poème paru dans le numéro 134 de La Cigala Narbonesa (1929), (Roques est majoral depuis 1928).  

Francis Poudou, auteur et collecteur auprès des locaux, a voulu joindre une critique littéraire fondée due à Joan Forièr (Diccionari de la Literartura occitana audenca). 
Extraits :

« … Clovis Rocas compliguèt un trabalh remirable… » à Clermont.

Il y est relevé aussi qu’en tant que poète, « … la lenga sofrissia un bricon d’un barrejadis dialectal degut a sas originas narbonesas, son passatge à Foish e Tolosa, puèi son establiment dins l’Erau… ».
 Roques a puisé à ces sources diverses. Cette remarque, loin d’être négative quand elle affirme que le Majoral mélange les variantes dérivées d’une langue mère, doit nous faire réaliser que l’occitan que certains voudraient réunifier pour retrouver la langue des troubadours (XIème siècle) et peut-être la langue romane d’avant l’an 1000, loin d’être uniforme, est constitué d’ une mosaïque de parlers d’une même famille mais présentant des différences (expressions locales, dictons, vocabulaire…). A Lespignan, à sept kilomètres seulement de Fleury, le carnaval se fête autrement et ils disent « lou ca » et « la balajo » alors que chez nous « lou gous » et « l’engranièro » désignent respectivement le chien et le balai... Le fleuve Aude, longtemps barrière y est sûrement pour quelque chose !


Je me garderai bien d’approfondir avec l’idée que la langue unique n’aurait pas avorté sans la conquête française ! L’Occitanie fait l’objet d’ une revendication culturelle et si des facettes autonomistes ou nationalistes se font jour, la responsabilité en incombe au jacobinisme exacerbé et méprisant de Paris, digne héritière des barons du Nord en croisade… 


Holà ! ne nous égarons pas ! 
Laissez-moi seulement  retrouver la langue des anciens et avant tout de mes aïeux, parce qu’elles font mon identité. Laissez-moi le plaisir d’entendre  ces parlers proches de l’Hérault, de l’Ariège, du Tarn et même d’une Gascogne ou d’un Cantal plus éloignés mais qui restent de notre cousinage au même titre que le catalan, soit dit en passant… Même la chanson de l'EDF de Caussade, par les Chevaliers du Fiel trouve grâce à mes oreilles si on l'entend par là !
Avant tout ne pas rester enfermé dans un pré carré mais cultiver son terroir en tant que tremplin vers les autres… S’il doit y avoir une dimension « occitane », qu’elle soit celle-là ! 

Fin du conte de Noël ariégeois... les traductions s'en font encore attendre...