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mercredi 15 août 2018

VOYAGE EN TCHÉCO (3)... / De la plaine de l'Hérault au Causse du Larzac...

Oignon doux des Cévennes. Wikimedia Commons. Author Office de Tourisme Mont-Aigoual.
Lézignan-la-Cèbe. « A la cèbe, à la cèbe ! » criait l’homme avec une montagne de ces gros oignons doux sur le plateau de sa camionnette dans nos rues et sur le « sable mouillé » de la plage du temps du camping libre sur la plage. Doux au point d’accompagner parfois et chez les puristes le déjeuner matinal. 

Paulhan ? j’associais un homme de lettres à ce village, si fort, mais ce n’était qu’une homonymie et pour la localité il faut articuler un « Pauillan » bien occitan.
L’A75 passe aussi à l’écart de Clermont-l’Hérault, capitale oubliée du raisin de table… Ceyras, les olives sur les rives de la Lergue. 

Lac du Salagou Auteur Gérard Witzke.
Collégiale_Saint-Paul_de_Clermont-l'Hérault Wikimedia Commons Author Tournasol7

La terre rose, lilas ou violette aux abords du lac de Salagou. A droite les terroirs de St-Saturnin-Montpeyroux déjà mis en valeur dans les années 80.

Un supermarché pour les kilomètres dans la nuit, la montagne où il devrait faire plus frais. Pour les cousins, Blanquette de Limoux dans les 5 euros, sangria pour la moitié du prix. Pour le chauffeur du Lavazza à 10 € le kilo, de l’énergétique à 4,5€ /L . Pour la troupe, des madeleines (3,9€/kg), une mousse de canard pas chère, une mousse aux marrons, des yaourts, du lait, des bananes (1,49 €/kg), des tomates (1,69 €/kg), courgettes (1,49 /kg), des aubergines, des poivrons (2,39),  des oignons (on cuisine en route !), des doux mais rouges pour la salade (1,99 la botte)… du douce sous douche (2 x 3,73) et un corps réparateur (2 x 3,04) pour elle (je n’y suis pour rien), un sac pour lui en quatrième (19,90)… je garde le ticket de caisse juste pour voir, au chapitre « Tu veux te voir avec moins d’argent ? », déjà dans un an, de combien ça va augmenter…   

Collégiale_Saint-Paul_de_Clermont-l'Hérault Wikimedia Commons Author Tournasol7
Lodève, ville des évêques dont Bernard Gui, tenace inquisiteur en Languedoc qui joue un rôle clé dans Le Nom de la Rose où Guillaume de Baskerville est censé représenter Bernard Délicieux sauf que dans le film, ce n’est pas Sean Connery qui meurt en prison mais l’inquisiteur quand son coche aux roues massives est précipité dans le ravin par les paysans… 

Avec l’autoroute qui aujourd’hui ondule grâce aux ponts et tunnels pour moduler les rampes qui font passer de 200 à 728 m sur13 km, qui pourrait penser encore à la nationale de jadis épousant le pays, elle, plus collée aux courbes de niveau, plus liée au paysage. 

La 403 Retour de Tchéco en 1970. 
1965, une 403 noire monte vers le Causse du Larzac. C’est un matin d’août… Nous ne partions qu’une fois prêts et à n’importe quelle heure. En bas les dernières vignes. Accrochées aux pentes, des laisses et restanques retenues par des pierres montées par des mains d’hommes et qui nous faisaient chanter « Pourtant que la montagne est belle ». 

A droite une départementale et, sur le panneau indicateur « Cirque du Bout du Monde », une destination qui me fait rêver encore. A présent la promo touristique locale appelle de l’autre côté, vers le cirque et la grotte de Labeil.  

Pas_de_l'Escalette Wikimedia Commons Author Vpe
En profitant du travail millénaire de la Lergue dont les eaux ont entaillé ce rebord rétif du Massif Central, les Gavaches[1] (chacun est le gavach d’un autre et j’en suis un pour les catalans) ne passaient pourtant que difficilement sur le Larzac par le Pas de l’Escalette où il fallait escalader sinon passer par une échelle (des marches taillées dans le roc ?).

Du Caylar à La Cavalerie, le Causse, loin d’être plat, déroule ses éminences et dolines. A peu près à 800 mètres d’altitude, la route longe le trop fameux camp du Larzac, arrêté, dans les années 70, dans sa propension à refouler moutons et paysans. De çi de là, les murs épais d’une jasse tapie pour parer aux vents neigeux de l’hiver, une lavogne pour faire boire le troupeau. Le poème « Lou pastre » d’Antoni Roux vient comme un tableau. Il déborde, tant pour le paysage, les rudes conditions du plateau que la vie intérieure, d’une plénitude intemporelle qui, dans sa langue originelle, submerge l’esprit : 

« … Sus lo causse auturòs qu’es coumo sa patrio…
… Tot solet, luènh dau monde, amont se crei lo rei… » 

Larzac+Brebis_en_p%C3%A2ture+aut+Jean-Claude+Charri%C3%A9
 



[1] De « gavot » : paysan montagnard. Les Gavaches descendaient traditionnellement dans la plaine pour les vendanges jusqu’à ce que le relais soit pris par les travailleurs espagnols.

mercredi 17 janvier 2018

NADAL D’ARIEJO (fin) / Clovis Roques

Dans le livre du canton de Coursan (Opération Vilatges al pais / Francis Poudou et les habitants / fédération audoise Léo Lagrange / 2005), Clovis Roques fait partie, pour y être né, des écrivains et poètes de Salles-d’Aude. 
Sur les pages dédiées au village figure « Nom de Familha », un poème paru dans le numéro 134 de La Cigala Narbonesa (1929), (Roques est majoral depuis 1928).  

Francis Poudou, auteur et collecteur auprès des locaux, a voulu joindre une critique littéraire fondée due à Joan Forièr (Diccionari de la Literartura occitana audenca). 
Extraits :

« … Clovis Rocas compliguèt un trabalh remirable… » à Clermont.

Il y est relevé aussi qu’en tant que poète, « … la lenga sofrissia un bricon d’un barrejadis dialectal degut a sas originas narbonesas, son passatge à Foish e Tolosa, puèi son establiment dins l’Erau… ».
 Roques a puisé à ces sources diverses. Cette remarque, loin d’être négative quand elle affirme que le Majoral mélange les variantes dérivées d’une langue mère, doit nous faire réaliser que l’occitan que certains voudraient réunifier pour retrouver la langue des troubadours (XIème siècle) et peut-être la langue romane d’avant l’an 1000, loin d’être uniforme, est constitué d’ une mosaïque de parlers d’une même famille mais présentant des différences (expressions locales, dictons, vocabulaire…). A Lespignan, à sept kilomètres seulement de Fleury, le carnaval se fête autrement et ils disent « lou ca » et « la balajo » alors que chez nous « lou gous » et « l’engranièro » désignent respectivement le chien et le balai... Le fleuve Aude, longtemps barrière y est sûrement pour quelque chose !


Je me garderai bien d’approfondir avec l’idée que la langue unique n’aurait pas avorté sans la conquête française ! L’Occitanie fait l’objet d’ une revendication culturelle et si des facettes autonomistes ou nationalistes se font jour, la responsabilité en incombe au jacobinisme exacerbé et méprisant de Paris, digne héritière des barons du Nord en croisade… 


Holà ! ne nous égarons pas ! 
Laissez-moi seulement  retrouver la langue des anciens et avant tout de mes aïeux, parce qu’elles font mon identité. Laissez-moi le plaisir d’entendre  ces parlers proches de l’Hérault, de l’Ariège, du Tarn et même d’une Gascogne ou d’un Cantal plus éloignés mais qui restent de notre cousinage au même titre que le catalan, soit dit en passant… Même la chanson de l'EDF de Caussade, par les Chevaliers du Fiel trouve grâce à mes oreilles si on l'entend par là !
Avant tout ne pas rester enfermé dans un pré carré mais cultiver son terroir en tant que tremplin vers les autres… S’il doit y avoir une dimension « occitane », qu’elle soit celle-là ! 

Fin du conte de Noël ariégeois... les traductions s'en font encore attendre...