dimanche 6 octobre 2024

PROVENCE RHODANIENNE (3), MONUMENTS et HISTOIRE...

Après la menace de Carthage, suite aux victoires et conquêtes de Rome sur plus de 500 ans, les villes de Nîmes, d'Arles connaissent leurs apogées.  Si les comptoirs maritimes sont le fait des Grecs, si les Ligures ont aménagé des oppida, si les Celtes se sont installés, les Arabes restent dans les mémoires pour leurs razzias jusqu'en France profonde (Autun), leur installation afin de faire de la mer Méditerranée une “ mare mauri “, une mer des Maures musulmane (installation jusqu'en 973) (1). Politiquement, en 1034, toute une bande Est du royaume de France est dans le Saint-Empire-Romain-Germanique. Et encore, pour les historiens et ceux qui s'entichent de cette matière, citons encore les Comtés d'Arles, de Provence, de Forcalquier, le Marquisat de Provence depuis Orange et presque jusqu'au cours de l'Isère au nord. Prolongeons avec le Comtat Venaissin jusqu'à la réunion à la France, la Révolution, jusqu'à la libération de l'occupation allemande... 

Pont_du_Gard  under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Author en LEU SONG (Flickr).

Concernant les monuments qui jalonnent cette Histoire, une synthèse schématique se présente d'autant plus simplement.
Les Romains avec les maisons, (marbres, mosaïques, fresques, statues... ), les riches villae au luxe plus encore exposé, régissant un domaine ; les tombes ; les monuments publics, eux, illustrent le faste de cette civilisation marquant notre Histoire : forums, arènes, temples, arcs de triomphe, théâtres antiques... aqueducs (Nîmes, Pont du Gard, Arles, Orange). 

Saint-Trophime_(Arles) 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Gzen92

L'art roman provençal (XIIe s.) marque un sursaut après des siècles de troubles (invasions barbares). Inspirées des basiliques romaines, des églises carolingiennes, les églises, fortifiées parfois (Les-Saintes-Maries-de-la-Mer), les cathédrales objets de pèlerinages autour de reliques : église et cloître Saint-Trophime à Arles, église de Saint-Gilles (portails), anciennes cathédrales d'Orange, de Vaison et de la Major à Marseille, cathédrale Notre-Dame-des-Doms à Avignon, abbayes de la même époque (Sénanque, Sylvacane). 

Carpentras Saint-Siffrein Façade 2010 Domaine public Auteur Véronique PAGNIER

L'art gothique, bien qu'austère et encore “ roman ” en Provence marque une période d'élan vers la lumière, vers le ciel où Dieu veille... l'ancienne cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras, l'église Saint-Pierre d'Avignon en témoignent ; de même, les papes et cardinaux du Comtat font appel à des architectes et artistes (fresques) de France, d'Italie, de Flandre, d'Allemagne, Avignon est alors le centre de cet art. 

Au XVIe siècle, bien qu'ouvrant vers la France entière le courant renaissance venu d'Italie, la Provence reste avant tout liée au gothique. 

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les hôtels particuliers des nobles en ville illustrent leurs réussites économiques (Aix-en-Provence, Avignon...).  


vendredi 4 octobre 2024

PROVENCE RHODANIENNE (2). Climat, paysage, mythologie et autres...

Deuxième paquet, le climatique. En premier lieu, le Mistral, lou manjo fango, maître vent, de couloir, catabatique un peu, si fort, qui dessèche si vite mais à qui nous devons un air sain, limpide, à l'origine d'une lumière unique, à part : les couleurs de Paul Cézanne, de Vincent Van Gogh en témoignent à jamais. D'un extrême à l'autre, presque à contresens, nous passons à la douceur rafraîchissante des airs marins l'été. 

Episode_cévenol ou méditerranéen 2014 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Babsy

Quant aux vents qui accompagnent les dépressions mères des épisodes cévenols, s'ils viennent du large, ils s'enroulent finalement  en spirale, en volute, en crosse d'évêque que les reliefs arrêtent. 

Paysage de la_Crau (haies au fond) 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic license. Auteur yves Tennevin from La Garde, France


À évoquer le maître vent, un mot sur les formations végétales : les cyprès (1), isolés ou souvent alignés pour protéger des souffles puissants, desséchants ou exhausteurs du froid que le Mistral porte. Les chênes-verts, les pins d'Alep ou parasol, les arbousiers, les oliviers, comptent également dans les sempervirens. 
Parmi les arbres à feuilles caduques, plantés pour l'ombre voire l'industrie du bois, les micocouliers et platanes. 
Entre les deux, afin de désigner les arbres dont les feuilles ne tombent que très tard, parfois aux portes du printemps, et seulement parce que l'adjectif intrigue et pose problème en orthographe, on peut dire “ marcescent ” pour le chêne pubescent, dit “ blanc ” en Provence... mais le même peut être dit “ noir ” en Périgord... peut-être parce qu'il est truffier ici ou là-bas truffier... 

La mythologie ? une prémisse de réponse au sempiternel questionnement sur notre réalité ici-bas. Jupiter lance les cailloux de la Crau sur les ennemis d'Hercule, le fils, traversant la Provence après avoir ouvert les Alpes. Le christianisme prend le relais en faisant échouer la barque des trois saintes, les Marie Jacobé, Salomé, Madeleine ; une barque déjà pleine de migrants, basse sur l'eau ; en débarquent aussi Marthe qui libèrera les Tarasconais de la monstrueuse Tarasque, les propagateurs Maximin et Lazare, Jacques dit “ le Majeur ”, Jean, Sidoine, les servantes Sara et Marcelle... Entre paganisme et christianisme, des histoires sans queues ni têtes, de dragons multiformes comme la Tarasque ours bœuf, tortue, crocodile, tête de lion aux oreilles de cheval et visage de vieillard... entre nous quel pastis lorsque ces légendes “ dorées ” font état de soixante-douze et non des douze apôtres classiques. 

Illustration Les_trois_Messes_Basses 1886 dans La Belle Nivernaise d'Alphonse Daudet Domaine public.  Auteur Louis Montégut 1855-1906


Lié à la mythologie, le religieux, les papes du Comtat Venaissin et surtout, à travers les auteurs dont Daudet avec les « Trois Messes Basses », une Lettre de son Moulin qui chaque année enchante mon Noël d'abord pour la neige que nous ne cessons de rêver, en notre Bas-Languedoc, ensuite pour le magnifique menu de réveillon : 

« Deux dindes truffées, Garrigou ? »
Et l'Élixir du Révérend Père Gaucher ?  

Le divinatoire avec les Prophéties de Nostradamus... Excusez-moi, Monsieur, je n'ai pas étudié cette leçon... 

Le pastoral avec les moutons, les transhumances et ses petits ânes gris si attachants. 

Les monuments romains, l'art roman provençal, les églises fortifiées jalonnent un poids de l'Histoire pas encore abordé. Sur plus de 500 ans, suite aux victoires et conquêtes de Rome, les villes de Nîmes, d'Arles connaissent leurs apogées... Certes, il est instructif de se faire une idée, serait-elle globale, de tout ce patrimoine historique, pourtant, c'est un attachement plus attentionné et intime, rappelant pour qui le souhaite Joachim du Bellay, qui nous lie à une belle mais humble statue du cheval de trait à Mollégès, à l'ouest des Bouches-du-Rhône, vers le grand fleuve... 

“ Plus mon petit Midi que le monde romain... ” (à suivre)  

Cyprès cimetière Fleury

(1) N'incitent-ils pas à se recueillir, ces hospitaliers du vieux cimetière  ? À Fleury, l'alignement des cyprès du parking de la Salle des Fêtes est mis à mal, ce n'est pas une critique, seulement un constat et sûrement la nostalgie d'une époque où, sans jouer à Tarzan, de bout en bout, nous passions de l'un à l'autre sans mettre pied à terre.