vendredi 17 avril 2020

ALINE, SEñORITA des MOTS BLEUS... ÇA M'AVANCE A QUOI PUISQUE LA MER L'EST, TOUJOURS BLEUE ?

Matin gris sous le règne incontesté des vents marins. Les matins ensoleillés sous un Cers jadis dominateur victimes du virus climatique ? Pour se venger des fleuves mâles formant depuis les Alpes, les Cévennes et les Pyrénées, depuis toujours presque, étangs et lagunes, venus de la mer, ils apportaient et auraient voulu entretenir les miasmes, les fièvres paludéennes. Sauf que le Cers nettoyait tout en quelques heures à peine ! Oh Circius ! Oh vent divin loué par les Romains qui lui auraient élevé un temple ou au moins un lieu de culte sur la colline de Saint-Cyr près Sallèles-d'Aude ! 

Qu'on était loin de cette interrogation devenue presque une injonction, en ce bel été 1965, à compter au contraire les quelques jours de brise marine pour un temps de mer, comme on disait, bien deux fois moins fréquent et portant comptant double, au moins. Et ces soirées en musique quand après l'inversion vespérale des vents, le "Nord" se portait garant d'un autre jour de plage, quand une rafale apportait tout à coup des notes plus nettes sous la toile verte de la tente "Cabanon" du camping dit sauvage. L'âge nous imposait d'être au lit, mais à contre-coeur, les yeux, les oreilles encore bien ouverts. Comment, à quatorze ans, à entendre "J'avais dessiné, sur le sable...", ne pas se figurer des couples sur la piste de danse en plein air ?
"Puis il a plu sur cette plage...". Mais non, peut-être l'orage du quatorze juillet mais pour mieux entrer dans la saison à la mer. Christophe ne chantera plus, il nous a quittés cette nuit victime d'un emphysème, peut-être compliqué par le covid 19... 
 
Christophe en 1965. Merci l'INA.
Inutile de crier, de pleurer ; tout comme Aline et nos amourettes d'ados, il ne reviendra pas mais sa señorita danse toujours dans sa robe de "taff'tas". Il faut pourtant surseoir à l'émotion, contrôler sa contemplation intérieure. Ne sachant plus trop si c'est Christophe ou moi qui apparait en filigrane, j'ai du mal à l'imaginer toujours minet mais sans la moustache des années 70. 
Je m'en voudrais aussi d'oublier "Sur la plage il pleut beaucoup... Sur le sable abandonné tu ne viens plus... Mais la mer est toujours bleue..."
Joe Dassin en 1965. Merci l'INA.
Joe Dassin nous fait vivre une fin de saison avec la fin d'un amour, en chanson seulement j'espère. Avec lui, toujours notre belle plage de Saint-Pierre, plus tard, en 1971. Pas moyen de la voir sous un rideau de pluie, plutôt avec une double rangée de pas, sous un rayon de lune sur l'onde inoxydée... En 65-66, Joe chante "Çà m'avance à quoi ?" qu'on appréciera quand le succès sera venu. 
Tous ceux qui avec une chanson ont su nous offrir de quoi colorier un jour, dépeindre un âge, teinter un passé, faire déborder nos cœurs quitte à estomper, les années aidant, ces chanteurs, d'un art mineur disait à tort Joe un peu gêné de trop gagner, qui partent, qui portent et emportent un temps de nos vies, nous incitent, n'en seraient-ils pas conscients, à garder un peu de nos paradis perdus... 
"Peut-être un jour voudras-tu retrouver avec moi les paradis perdus" 1973 encore de Christophe. 
Il s'en est allé nous laissant Aline, sa petite fille du soleil, ses mots bleus, ses marionnettes, ses paradis perdus... pour les titres qui me reviennent. 
Oh aussi "Señorita dépêche-toi..." parce qu'il faut vivre avant qu'il ne soit trop tard et que face au temps ne reste que la mémoire des vivants... 

"Les vrais paradis sont ceux qu'on a perdus." Marcel Proust.  
 
 

mardi 14 avril 2020

MARDI DE PÂQUES et CRÉCERELLETTES / Fleury-d'Aude en Languedoc.

" Mardi de Pâques ", je blague bien sûr. Peut-être ce joli jour qui s'annonce après un lundi de Pâques pourri ! Et dans les airs, magnifiques, des ailes plus libres que pour nos pieds confinés... 


Rien à voir avec la grisaille accumulée hier qui ne donne pas envie de se tourner vers le levant. Tout à voir au contraire avec ce matin clair au-dessus de la ligne à contre-jour de la garrigue (la Clape). Au-delà, autant dans nos pensées qu'en réalité, notre Méditerranée toujours recommencée. 


Les toits du faubourg ouest, axé sur l'avenue de Salles. A gauche le houppier d'un pin parasol, arbre remarquable dépassant des faîtes. Au fond la colline de Montredon, celle du moulin qu'on ne voit plus depuis que les pins, ces envahisseurs en rangs serrés, le cachent.


La grande bâtisse rappelle aux locaux les dépendances d'un gros propriétaire d'antan. Elle a logé aussi, à gauche, une étude de notaire. Autre arbre d'autant plus remarquable en dehors des pins centenaires, trop anonymes et qui devraient bénéficier d'une protection spécifique. Au fond, à droite, une autre garrigue a pris la place des vignes qui s'étageaient sur le coteau de Fontlaurier, cadre aussi, à deux pas de la maison, de mes escapades d'enfant. 
  

Le soleil dépasse les hauteurs arasées du château. Dans ma rue, quatre des six portails fermant jadis sur des caves, des remises. Signe des temps, l'étage parfois rehaussé est rendu habitable. 


Vue sur la "nouvelle" place du ramonétage, prise sur un espace important, 3500 m2 avec le jardin public derrière. L'ancienne place dépendant directement du château, en bas de la rampe de la Terrasse et que les autos tamponneuses viennent toujours occuper pour la fête du village, à la date du 11 novembre, ne mesure que 800 m2. Cette belle étendue avec une paire de bâtisses était  jadis appelée "la Batteuse". Ce devait être un bien commun puisque monsieur Robert, le directeur de l'école, nous y emmenait sauter en hauteur et en longueur dans un bac à sable aménagé. Un symbole du grain récolté, sauf que la machine qui tourne peut tuer ou broyer une main... Respect pour ce monde paysan qui encore aujourd'hui a prioritairement en tête le travail et moins la sécurité...  Autre signe des temps, le nombre de véhicules sur la place du moins tant que les volées d'oiseaux ne souillent pas les carrosseries de leurs fientes. Un vrai refuge ces platanes bien taillés en gobelet... Nous parlions de la bourre fauve des bourgeons que le vent confine par endroits et douze jours plus tard, sans trop se faire remarquer, le feuillage vient marquer une nouvelle étape du printemps. 


Autre signe du printemps, ces faucons crécerellettes revenus dans les années 2000 après quarante ans d'absence. Il y en a bien six ou sept alentour. L'étourneau, sur l'antenne de télévision ne manifeste aucune crainte, le crécerellette étant essentiellement insectivore. En 2013, 8 couples se sont reproduits dans le village même, 30 petits sont nés mais seulement 1/3 survit à la première migration (source Midi Libre 24 février 2014). 
 
 
Faucon crécerellette falco naumanni Crau 13 Rémi Rufer Flickr
http://rapaces.lpo.fr/faucon-crecerellette/suivi-des-populations