Alors qu'une vague de froid nous surprend après un mois d'octobre jusque là si chaud et que même lou razimage, le grappillage est compromis, revenons vite sur cette période bénie des vendanges et "l'exotisme espagnol" s'y attachant, dans ce Languedoc qui fut jadis le plus grand vignoble au monde !
LES ESPAGNOLS.
Longtemps
frontaliers et clandestins s’ils ne décidaient, à terme, de s’installer, forcés
et si mal accueillis lors de la Retirada (début 1939), la fuite des
Républicains devant les troupes franquistes, ensuite au gré des crises
économiques, du chômage, du niveau de vie même si l’Espagne s’est épanouie et
modernisée au sein de l’Europe, dans notre Midi viticole, les travailleurs
espagnols ont apporté à la population permanente et forment un contingent de
vendangeurs longtemps indispensables et toujours présents d’ailleurs à présent
que la récolte manuelle garantit un produit final de qualité.
COMMENT
VIENNENT-ILS ?
Ce flux de travailleurs s’est mis en place avec le temps.
Dans le Biterrois, des propriétaires ont envoyé un recruteur juste après la
frontière, dans l’Empurda. Par la suite c’est officiellement que ce flux de
travailleurs s’organise. L’employeur qui connait ses employés leur communique
la date des vendanges, l’Office d’Immigration espagnol à Figueras vérifie leur
santé et remet un bon de voyage (14 F pour l’Aude en 1961). Au niveau du
département d’accueil, les vendangeurs étaient enregistrés pour un mois mais pouvaient
prolonger même pour la cueillette d’autres fruits. S’ils changeaient de
département, un deuxième contrat était nécessaire.
C’est
aussi à Figueras que les trains spéciaux de vendangeurs sont formés. Les
travailleurs vont descendre tout au long du parcours, surtout dans les Pyrénées Orientales, l'Aude, l'Hérault, le Gard, attendus à la gare par le patron qui les amène à la propriété.
Il
existe aussi des impresarii chargés de former des colles, des équipes de
vendangeurs, des cuadrillas souvent issues d’un même village. Ils peuvent organiser
le transport par car.
Comme
pour tout, certains opèrent honnêtement d’autres abusent et appliquent des
frais abusifs de dossiers ou sur le transport.
En
2018, certains forment des groupes qui commencent dans les zones les plus
précoces et terminent là où les vendanges sont tardives et les vendangeurs
espagnols se font embaucher dans la France entière.
Nous devons les superbes photos à André Cros, photo-reporter au journal Sud-Ouest agence de Toulouse, jusqu'en 1988. Le journaliste a confié des milliers de photographies dont celles de ces vendangeurs dans les Corbières (si quelqu'un peut préciser à proximité de quel village sont ces moulins qu'on voit sur l'une d'elles) aux Archives Municipales de Toulouse qui les met gracieusement à la portée du grand public... Un grand merci à cet Internet du partage !