jeudi 22 juin 2017

LOU MURAILLET C’EST LE MOINEAU... / L'été en Languedoc

« Mais c’est qu’il chante dans la pièce ! Je crois qu’il est entré ! »
Maman avait raison, un petit oiseau au bec encore jaune se retrouve sur le carrelage, un muraillet, un petit moineau. Bien lancé, le torchon des mains a suffi et quelques secondes plus tard voici l’oisillon à nouveau à réclamer sur sa branche... Chut, ça y est, ses parents l’ont retrouvé ! Je les entends, je les vois ! Joli tableau ! 


Des images et des sons reviennent des beaux étés passés, de la belle saison espérée sans que les canicules ne semblent point avoir été un souci alors... 
Un monde plein d’oiseaux qui finissaient souvent sous la dent, mentalité de sudistes aidant. Les paysans disaient « pillard » en parlant du moineau s’invitant à la mangeoire des poules et des pigeons.  


En 2008, j’écrivais (1) :
«... Et à Paris, alors que 500 000 oiseaux étaient comptabilisés en 1966, le recensement actuel laisse penser que la baisse des effectifs doit nous alarmer. Selon une source autorisée, l’essence sans plomb (2) serait tellement propre qu’elle tuerait les petites bestioles au menu des moineaux. pauvres muraillers (3), je viens vous demander pardon...
... Le tireur les a descendus, un, deux, puis trois, quatre. Facile. Ils ne l’ont pas vu, caché qu’il était sous les tôles. Et la mort silencieuse a fauché sans qu’ils comprennent. Incrédules, ils l’ont bien vu tomber celui d’à côté mais mourir est si naturel quand on ne naît pas homme qu’ils ont continué à sautiller, à piailler sur les pierres roses pour fêter le coucher du soleil, le bel été, le nid au fond du trou, la femelle à sa couvée. les innocents... Noces de sang !
Il est sorti, le garçon à la carabine, de sa cachette. il a ramassé les petits cadavres encore chauds, plutôt content. Mais pas cette satisfaction instinctive du paléolithique. Pour preuve : il a jeté sa chasse à quelque chat en maraude. Une pointe d’arrogance. la vanité rentrée de celui qui est en avance d’une arme quand les copains traquent encore avec la fronde à élastiques (4). juste un contentement teinté de mauvaise conscience. Ça ne valait pas la corvée de plumer, de vider. Et puis, les plumes fripées, collées d’hémoglobine...
... Quoi de plus commun qu’un moineau ! A la campagne, on ne se pose pas de questions. Rien à faire de l’esthétique, des couleurs. Rouge-queue (5), mésange bleue, verdier, jaune bergeronnette, tout fait ventre et commande les autres sens. rien n’est meilleur qu’une brochette fondante de petits oiseaux, voire de merles, faute de grives. Et si on épargne une nichée de chardonnerets, c’est pour les mettre en cage et les faire chanter. qu’y a-t-il de mal ? C’est la tradition (6) ! surtout depuis qu’on l’a arrachée, en 1789, aux nobles qui voulaient continuer à se l’accaparer, la tradition ! alors, ce passereau, ce commensal qu’ils disent, les scientifiques, ce pillard qui vole le bon grain à la volaille, qui s’en soucierait ?.. » 

    

Et dans l’article La Baptistino (3 décembre 2014).
« ... C’est indécent d’analyser et trop de mots corrompent le cœur, c’est sûr. Laissez-moi le serrer fort pour ces liens qu’on croirait lâches mais qui restent tendus à notre insu, entre camarades de jeunesse, parce que nous étions heureux comme la volée de moineaux racoleurs sur le haut mur derrière chez lui, dans une quiétude qui est déjà celle de la campagne, du temps des fleurs en grappes des faux acacias, parce que nous ne savions pas voir non plus la fatalité inéluctable telle celle du canon de la carabine pointé vers les innocents muraillers (3) en habits de fête... /... ils n’ont même pas remarqué que les petits moineaux se font rares, comme eux, sans voir la mort qui les emporte un à un, ils entonnent néanmoins « La Baptistino al peiroun... d'un monde beau et insouciant de la seconde fatale qui finira bien par arriver. »
A René...
https://dedieujeanfrancois.blogspot.fr/search?q=Baptistino

(1) « Le Carignan », Pages de vie à Fleury d’Aude (I), 2008.
(2) quant au plomb dans l’essence pour empêcher les moteurs de cliqueter, l’huile végétale eût fait l’affaire mais le lobby des industriels, quitte à polluer, à empoisonner la Terre entière l’a emporté ! Quand il n’y aura plus de rivière, plus d’arbre, d’oiseau, est-ce que le pognon ça se mange ?
(3) "murailler", "meuraillet", "muraillet" : nom donné dans le Sud au moineau qui niche surtout dans les trous des murs (passerat muralhièr en languedocien).
(4) Diana 27, la carabine à air. 
(5) au chant si gracieux dès potron-minet.
(6) Chasse, Pêche et Corrida ne sont que l’expression d’un anachronisme heureusement bien absent des dernières élections ! 

Crédit photos wikipedia et commons wikimedia.



mercredi 21 juin 2017

« JE SUIS TRISTE POUR MAYOTTE ! » / L'école à Mayotte


C’est au moins la deuxième fois que Nathalie Costantini, la vice-recteur s’exprime ainsi. Sauf que ces hauts-fonctionnaires plus enclins à conforter leur rang et leur avancement devraient au moins avoir la décence de se taire ! Quelle hypocrisie, quelle empathie affectée alors qu’on applique à la hussarde les oukases de Paris sans jamais faire remonter une réalité locale difficile, de crainte de compromettre la promotion en vue ! 

Ces beaux parleurs font comme si... Jamais ils n’exprimeront que l’éducation (solidarité obligée avec l’Intérieur, les Affaires Etrangères) se retrouve plombée par une surpopulation étrangère que l’État est incapable d’aider chez elle...
Un appareil d’État qui persiste à favoriser Moroni en corrompant, en enrichissant les nantis en place ! C’est ce qu’on appelle la coopération ! Un appareil d’État qui cantonne les migrants à Mayotte (La Réunion, la métropole leur sont interdits). 

Une autorité à la solde des gros intérêts qui ont coupé Mayotte des réseaux de proximité (pas de commerce avec les Comores, Madagascar ou le Mozambique mais une marge prise sur le transport depuis l’Europe !).
Et au vice-rectorat c’est plutôt la prétention du peu qui a été accompli et non l’humilité de l’immense tâche restant à accomplir.

S’il existait un territoire où la réforme des rythmes aurait dû s’appliquer de façon homéopathique, c’est bien Mayotte. Les enfants suivaient la semaine de cinq jours aussi naturellement que monsieur Jourdain pratiquait la prose. Et quand on travaille de sept heures en gros à midi, demie journée à rallonge ou double, les 24 heures obligatoires étaient assurées... avant que le gros de la chaleur ne les accable... 

C’était sans compter sur les fouteurs de merde, les missi dominici de la gouvernance jacobine, ceux qui portent une lourde responsabilité dans le long déclin continu du pays, et particulièrement dans le domaine éducatif, les évaluations Pisa et Pirls en témoignent. 


A Mayotte, en réponse à l’asservissement aveugle de fonctionnaires sommés de fonctionner sans discussion (on sait comment leur conformation de trépanés, leurs réflexes sectaires, leur obéissance aveugle les a rendus si zélés et dévoués, par le passé, au régime de Vichy), l’autoritarisme costantinoviste exprime, jusqu’à la caricature, le service de l’État qui a prévalu et s’est peu à peu substitué à celui des enfants et des citoyens. Ainsi on fait passer les réformes en force et la vice-recteur ose même dire que la gentillesse et la grande patience des écoliers des tropiques autorise la surcharge des divisions et la rotation de deux classes dans un même local... Mieux, que la réforme est réalisable là où elle n’a pas eu honte de l’imposer, la nomenklaturiste (3 heures de coupure dans la journée de l’écolier !)
Sur une île où les 24 heures hebdomadaires étaient assurées avec une semaine sur 5 jours, la vice-recteur alias Constance Cynique, Planchand, "M" le maudit forçant la main sous son chapeau et l’autre vieux schnok qui a dit que pour faire des murs (protection des intrusions dans les écoles et collèges) il n’était pas maçon mais responsable de l’éducation, en bons nervis qu’ils sont de l’autorité parisienne, ont démoli ce qui résistait (malgré les 80 % d'établissements hors normes ! MERCI QUI ?) en imposant les ordres de Paris tout en appâtant des maires, pourtant sous tutelle, avec des subventions... 


Inutile de dire qu’ils vont comme par hasard changer d’avis sous le règne de Macron. Encore des grands serviteurs de Mayotte ouverts à des promotions sous d’autres cieux et dont le dévouement aveugle fera finalement couler l’île mais pas seulement puisque le bateau France gîte déjà à cause d’eux.

Histoires de directeurs de l’enseignement puis de vices-recteurs : entre J.M. Perrin célèbre pour son évocation du vagin trop productif des Mahoraises (malgré les 80 % de naissances provenant des Comores), F. Coux fustigeant l’accent qui serait un handicap et N. Costantini qui, avec ses sbires, s’est comportée en ennemi du peuple, on ne peut pas dire que la France s’honore de rattraper ses enfants les plus nécessiteux... Pardon, il y en eut un en 1994, peut-être invité dans un vol bleu et qui n’obtint que la Lozère pour avoir certainement œuvré pour l’île, lui ! Ne certifions pas, pour autant, que l’époque du gouverneur est révolue à Mayotte ? 

Vivement qu’ils dégagent, nos grands serviteurs pas à plaindre, avec l’espoir que quelque chose change enfin dans nos institutions pour une gouvernance honorable ! Peut-être serons-nous moins TRISTES pour Mayotte, une terre ignorée sinon méprisée alors qu’elle ne représente que 0,7 % des dépenses de la France !