jeudi 11 décembre 2014

FLEURY en languedoc / ... « Ô moun païs » « E tu, moun vilatge... »

La topographie et surtout celle de Sabarthès qui n’a pas laissé transparaître la moindre faiblesse pour les lieux qui l’ont plus particulièrement connu (Azille son village natal, ensuite Narbonne en tant que vicaire, puis comme curé Grèzes, Cavanac, Leucate, Sigean), n’a que faire des états d’âme. Et moi, alors que je cherche une trame, un filtre pour considérer les entrées singulièrement fournies concernant notre commune, je ne peux m’empêcher de voir notre clocher et la Tour Balayard qui se découpent sur le soir lumineux et froid de décembre. Comme le poudaïre qui rentre, la fumée d’une cheminée dans l’air vif me réchauffe déjà le cœur... Et après les vers de Joachim du Bellay « Quand reverrai-je hélas, de mon petit village...», la voix chaude de Nougaro swingue dans l’atmosphère diaphane « Ô moun païs... » puis, quand Marti le rejoint au micro, je sais que ce n’est pas seulement le Cers glacé qui pique le visage et trouble les yeux... « E tu, moun vilatge, de vinha, d’oliu et de mèl...». Sans rien oublier, qui plus est à l’approche des fêtes et surtout Noël qui sait si bien resserrer les liens familiaux, après Armissan, Coursan, Cuxac, Gruissan, Salles et Vinassan, ajoutons Pérignan et Fleury aux boules et guirlandes de notre pin ! 

Dans le Trésor du Félibrige, pour Mistral, « Perigna » viendrait du bas latin « Perinhacum ». L’auteur précise « Pérignac » ou Fleury, ce qui nous laisse mi-figue mi-raisin... Quand Mistral préconise de voir l’entrée « flourido », la surprise s’ajoute à la curiosité sauf que cette piste n’apporte rien sinon la satisfaction d’être associés à une "fleuraison", une "quantité de plantes en fleur" .
Plus intéressante, la mention du sobriquet de l’ homme de Fleury traité de "sauto-roc", un cavaleur, un coureur... Peut-être remontait-il l’Aude vers Cuxac et Sallèles parce que la médisance régionale prêtait des mœurs légères aux filles de là-bas... Sinon, lou flouristo ou fluristo est bien l’habitant de Fleury... Après ce qui précède, le fait que le féminin ne soit pas mentionné exprime-t-il un réel machisme de la part de nos autochtones ?
Quant à Sabarthès, le sérieux de son étude ne saurait s’écarter en frivolités...

samedi 6 décembre 2014

VINASSAN / Aude, Languedoc : nos voisins


Ceux qui les traitent de pantigues ? Sûrement les reinarts ! Vous savez, les premiers habitants d’Armissan qui, comme les renards habitaient dans des grottes ! Et les pantigues sont ces sauterelles XXL qui dévorent les rameaux nouveaux puis les grappes en fleur des raisins languedociens. En français l’éphippigère, étymologiquement le porte-selle dont une espèce méditerranéenne : Ephippiger cruciger, l’éphippigère de Béziers. Ces bedonnantes qui ne peuvent pas voler font de la musique avec les moignons d’ailes, deux écailles en guise d’archet et de corde vibrante. Imaginez comme elles ont dû faire bombance lorsque la vigne a remplacé le blé. De quoi jouer ensuite du violon, avec les grillons, en attendant le concert des gragnotes, la nuit, dans la plaine.
Est-ce une erreur de voir le village plutôt tourné vers la plaine alors qu’une grande partie du territoire monte vers la garrigue ? Est-ce que la domination indécente de Narbonne dont les limites atteignent les portes de Cuxac, de Coursan, de Vinassan et d’Armissan, de Fleury même puisque, en pleine garrigue, en bas du Courtal Cremat, au ruisseau (plutôt un fossé à sec) de la Cave Maîtresse c’est déjà, c’est encore la limite avec Narbonne ! Fan cagar a la fin, sount pertout et fan pas rès ! Ah s’ils devaient nous rendre des terres comme ils ont dû rendre l’Aude, à force, vers son embouchure naturelle, notre canton ne s’en retrouverait pas coupé en deux ! Pas étonnant que nos pauvres villages en soient à se chamailler pour les quelques arpents qui restent. Encore heureux que les Coursanots et surtout les Vinassanots, rois de la braconne et de la maraude aient su historiquement leur soutirer des piboulades, des anguilles à la pelote et au parapluie et ces asperges géantes bien vertes des bords de canaux ! Bravo les Croquants, macarel !
Dans son Trésor du Félibrige, Mistral ne mentionne que le nom du village ... la fable de la pantigue et du reinart lui a échappé... et Sabarthès n’est guère plus bavard : 

« VINASSAN église dédiée à St-Martin / Fiscum Viniacum 899 / Vinasan 1595 / Binassà (vulg.)... Pas de date postérieure à 1595... et on reste d’autant plus sur notre faim que l’auteur en dit davantage sur Tarailhan et Marmorières 



Busquiers (chemin des) lieu dit terroir de Marmorières 1298 / carrière appellée des Busquiers 1606
La Fabrique écart
Font-de-Lègue lieu dit Vinassan ad fontem vocatum de la Leca 1322
Mader bergerie
Le Pradel anc fief au terroir de la Clape Narb et par extension Armissan et Vinassan 969
Saint-Félix ferme / saint-Martin ferme /

Tarailhan ferme / l'anc chapelle dépendait de la paroisse de Marmorières Ecclesia Sancti Stephani di Taralano 1324 / « la Bastida de Teralhan» 1495 / «Thérailhian 1807 / anc Etang de Tarailhan.

Marmorières Villa Marinorema = Marmoreria infra insula Lici 821
Parachol lieu dit Marmorières Vin 1293Marmorières Villa Marinorema = Marmoreria infra insula Lici 821
Parachol lieu dit Marmorières Vin 1293
Valmerdière lieu dit au terroir de Marmorières 1293  "Vallis Merderia" 1293"Vallis Merdaria" 1324

Etang Salin Vinassan et narbonne, restes du lacus Rubressus, desséché 1585 grâce au canal Ste Marie, salines mentionnées en 844 estang salin ou marais de la Clape 1680. Le canal de l’etang-Salin ou de Ste marie prend à Coursan le trop-plein de la riv Aude, arrose les bases plaines de Coursan (A l’estang 1768), Armissan (Tot lo lonc de l’Estanh 1537), Narb et se jette dans l’étang de campignol au roc de Conilhac (déjà mentionné pour Coursan et Armissan).
Au XVI ème, l’asséchement permit un gain de terres et l’accroissement de la population.


Vinassan n’en demeure pas moins un village attachant qui nous offre encore l’eau de son puits artésien (indispensable pour tremper les légumes secs!). Un clic sur le site très intéressant de la mairie (http://www.vinassan.fr/) permet d’en apprendre sur le peuplement du village, le docteur Montestruc, la glacière, la pompe du curé... peut-être le père Barbe connu pour ses préparations médicinales dont une fameuse potion pour les yeux. Dommage que la belle cave coopérative aujourd’hui disparue (pionnière du vin rosé dans les années 70 !) ne figure point sur la page de la commune...  

photos autorisées :
Cave coopérative de Vinassan crédit photo http://www.laregion-culture.fr/cultureetpatrimoine/cavescoop/cave-distillerie/cooperative-vinicole-vinassan-11