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mercredi 22 janvier 2020

LO PODAIRE, sermon de l'abbé Josep Salvat, 1927 / La taille de la vigne.

 
https://rivelpatrimoine.fr/liens/hebergement/


Abbat Josep SALVAT, felibre majoural

"LO PODAIRE

... Estropat, botonat, jol vent de Cèrs que fa blincar las pibolas e los sauzes de las randuras, lo vinhairon s’enva cap à sa vinha ont, i a dòs o tres mezes s’auzisiàn las cansons e los bascalals dels vendemiaires. Las vizes, acatadas, d’unis còps agafadas à la tèrra, pòrtan  encara, d’aqui entre aqui, qualquas fèlhas mièjas secas que ‘al mendre fregadis, tomban e van rejunhe las autras dejà gaireben poiridas. Lo vinhairon agaita son plantièr, pèi emponha los cisèus podaires, e, soca aprèp soca, fa tombar sens piétat aquelas vizes qu’èran, i a pas gaire, cargadas de bèlis razims. Qu’es trista a veze, la vinha, quand, pel sòl, sus la tèrra freda s’espandis un lèit d’iserments, e que las pauras socas, escapitadas, laisan veze lor pèd nozut e torsit. Lor demòra plus res de lor anciana vestidura. Lo podaire, sens se trebolar, sens se retirar, seguis la tièra.
Mèmes, se la soca se metià à li parlar, se trairià pas de son trabalh. A pas debrembat lo reproverbi que dis :
Se podas long
Beuràs un an
Se podas cort
Beuràs totjorn.
E el poda cort, poda ras. Lèu vendran las isermentairas que, amasant e torsisent las vizes copadas, ne faran de gabèls..."

La suite, le pendant de la parabole imagée du poudaïre tiennent d'une vision presque mortifère de la religion. Le croyant doit souffrir, la souffrance rapproche de Dieu ! Une vision qui nous ramène peut-être au temps de l'arc roman, de la nef obscure et de la foi soumise, menacée par les flammes de l'enfer pour l'être déjà coupable d'être né.
Pourtant l'abbé Salvat est notre contemporain, du moins de ceux de mon âge. Prêtre audois né à Rivel, le pays des comportes et des sonnailles, en 1889, il est décédé à Surba, presque dans le même coin (Ariège), en 1972. Il est surtout connu en tant que poète et défenseur de la langue occitane. Ce sermon de 1927 n'est pas, je l'espère, du même ton que les deux-cents autres dont il s'est fait une spécialité... Pardon de n'en rien savoir. Quoiqu'il en soit plutôt les grands vitraux gothiques ouverts sur la lumière de la Joie qui demeure qu'un ascétisme que même les Cathares n'encouragèrent pas. Quant au stoïcisme... 

Moines abbaye de Fontfroide Wikimedia Commons Auteur JPS68 via photoshop

Prolongements :

1. Ma proposition de traduction est disponible sauf que, ne voulant pas prêcher dans le désert, j'attendrai d'avoir un minimum de 20 lectures pour la livrer.

2. Sans que cela ne permît de spéculer sur mes croyances, ma perméabilité mystique, je me dois d'accepter l'enracinement des Européens dans un fond non seulement judéo-chrétien mais aussi antérieurement animiste. C'est dans ce cadre que le sermon du poudaïré est digne d'intérêt. L'effort de réflexion et de mémoire m'amène à le rapprocher avec d'autres sermons évoqués sur ce site :

Corbières Mystères (V) / le sermon d'un curé célèbre (8 mai 2014)... à savoir celui de Cucugnan. 
"Le sermon difficile" du curé de Melotte par Louis Pergaud (Les rustiques) (30 mai 2014). 
Encore un sermon qui vaut le déplacement, par le curé de Sorgeat sous le col du Chioula (Ariège) (12 mai 2014). 




lundi 4 février 2019

LO PODAIRE 2 / le terrible mois de février 1956

… A pas demembrat lo reproverbi que dis :

Se podes long
Beùras un an
Se podes cort
Beuràs totjorn.

E el poda cort, poda ras. Lèu, vendran las isermentaires que, amassant e torsisen las vizes copadas, ne faran de gabèls.
Nstra ama, mos caris fraires, a bezonh de sentir se pauzar subre ela lofièlaguzat de lapodadoira. La podadoira es l’esprba, es lo malur. A ! l’esprba, com la maldisèm ! nos figuran que Nstre-Senhe nos aima pas, nos delaisa. Comprenèm pasbrico l’bra salutaria de la dolor e nos revoltam contra dius. Paures malurozes que sèm ! Crezèts que la vinha, se podià parlar, se planhirià pas del vinhairon que la tortura ? E pr’aco, sabètz plan qu’aurià trt, d’abrd que, s’éra pas dodada, la vinha levarià res que d’aigras.

Abbat Josep Salvat, felibre majoural « L’ama crestiana e la Vinha (sermoun) Bezièrs, 1927). 


Equipe de poudaires d'un domaine de la plaine de l'Aude.

Février 1956.
C’était 63 ans en arrière. Après des mois de décembre et janvier plutôt aimables, en une nuit, celle du 31 janvier au 1er février, un froid glacial s’abattait sur le pays. Bloquée par un anticyclone fermant l'Atlantique Nord, l'humidité océanique a laissé le champ libre à un flux glacial venu de Sibérie ! 
Les basses pressions dues à la relative tiédeur de la Méditerranée, notamment du Golfe du Lion aspirent fortement l'express sibérien : le Mistral (160 km) et le Cers  se déchaînent. Parallèlement c'est une dépression qui se creuse sur la Méditerranée amenant de la neige de l'Italie aux Pyrénées, de cette neige lourde qui tombe avec le Grec, depuis la mer, et qui casse les branches et crève les toits. 
 La sève qui, suite aux mois précédents trop cléments, montait vers les extrémités, a gelé et fait éclater des millions d'oliviers et par endroits des vignes sans parler des pins de la garrigue qui déjà, en temps normal ne supportent pas les neiges du Grec... 
Sur le Canal du Midi, les péniches sont bloquées... Après avoir formé des convois pour casser la glace à tour de rôle, les mariniers stoppent et doivent encore libérer les coques de l'emprise des glaces. Ils ne pourront repartir que début mars.   
Les vagues de froid (deux sinon trois) se succèderont, en effet, du 31 janvier au 29 février 1956.

Le poudaire, parce que le fait de tailler les pieds qualifie comme s'agissant du vendemiaire, un travail spécifique apporté à la vigne. Cela a même donné l'expression "vestit coumo un poudaire" pour dire qu'il est très habillé pour résister aux assauts du Cers d'hiver si pénétrant. Le poudaire a subi ce mois de février 1956. La mémoire a retenu qu'en janvier il taillait en bras de chemise avant que l'express de Moscou ne vienne tout chambouler...