Encore à traîner en Provence, à reporter toujours le départ au jour d'après, cette fois c'est à cause du calendrier avec les trois jours gras précédant le mercredi des Cendres que nous ne remonterons pas encore le cours de la Durance.
Jusqu'au mardi gras en effet, essayant de sublimer la mangeaille parfois en dépit des réserves étiques à la fin de l'hiver, aurait-on fait subir son sort au cochon familial, nos gens festoyaient pour mieux accepter les quarante jours de privations précédant Pâques. Et pourtant le sens du mot carnaval parle d'enlever la viande... C'est aussi contradictoire que compliqué... Ultérieurement l'Église d'abord opposée à ces festivités par bien des aspects amorales les accepta de même que la contrainte de ne plus manger de viande pour finir par le jeûne de la Semaine sainte. Cette période festive païenne peut aussi associer ces réjouissances aux signes d'un renouveau, d'un printemps primesautier refoulant sans ménagement dans le passé la mauvaise saison d'hiver. La fête de carnaval autorisait de mettre à l'envers l'ordre établi, les servants se mettant à la place des maîtres, les pauvres des riches et les hommes se déguisant en femmes.
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En Provence, le village de Murs, contrairement à ceux phagocytés par des célébrités, est connu pour son carnaval. Ici ce ne sont pas les propriétés avec piscines qui forcent l'admiration mais les vergers de cerisiers, d'abricotiers et avant tout un alignement de chênes vénérables dont un, pluri-centenaire, de 6,80 mètres de tour et 24 de haut... Les Mursois ne sont pas 400 mais ce n'est pas le froid Mistral suivant de ses sursauts pénétrants les ruelles pentues du village perché qui va empêcher la fête (doit-on en parler au passé ?). Plus authentique que les touristiques et théâtraux carnavals des villes, celui des villages ruraux reste (restait ?) fidèle à des traditions remontant loin par le passé. Faut-il des anciens qui ne veulent pas laisser mourir leurs souvenirs ? ou bien des jeunes qui un jour ont à cœur de revivifier la coutume festive endormie ? Une maison bien achalandée en habits où des maquilleuses bénévoles opèrent est affectée aux déguisements. Pratiquement toute la population se retrouve fardée, déguisée, du mieux possible pour garder si possible son anonymat jusqu'au soir.