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samedi 19 mai 2018

LES CORBIÈRES (bis) / Fleury d'Aude en Languedoc.

Non, ce n'est ni une erreur ni une redite mais je me devais de revoir l'article sur les Corbières.  Bien sûr cela va plus loin que la méditation d'un pêcheur de tenilles solitaire, un matin d'été, au bord du Golfe clair... 
Les Corbières ? A petits pas, tirant son engin vers Les Cabanes, sur fond de Canigou resplendissant au soleil de juillet et annonçant un temps de mer, il voit, marraines de la falaise de Leucate[1], les croupes pelées de ces Corbières maritimes, trop blanches et déjà brouillées par ces mirages fantomatiques dus aux rayons implacables.

« …Cette région des Corbières rappelle étrangement la Grèce, ne fût-ce aussi que par ce soleil printanier en cette fin de novembre, et ces vents, tour à tour montagnards et marins, fous et forts, doux ou ambrés et qui affolent partout les sommets… »
Jacques Lacarrière (1925-2005) Chemin Faisant.

Elles affirment ainsi leur présence, éclaireuses des Pyrénées, sentinelles se gardant du littoral et de la menace des voiles à l’horizon, les Corbières. 
Pour l’amateur de géographie, un quadrilatère délimité à l'Ouest et au Nord par le cours de l'Aude descendant vers la mer. A l'Est, les lagunes bordant le Golfe. Au Sud, une formidable barrière rocheuse mise en relief par le synclinal du Fenouillèdes.
Les Corbières pour lui, une contrée qui se dérobe, qui se refuse au premier venu, lourde de secrets tant telluriques que temporels, embrouillée, enchevêtrée, apparemment inextricable. Pour les approcher la méditation ne suffit pas, il doit laisser sa pêche, ouvrir les cartes. Défilent des représentations d’ensemble, de l’Aude, du relief, de géologie, à différentes échelles… Mais c’est à peine s’il arrive à en démêler un fil, à entrevoir une piste. Comment déborder ce rempart de frustration ? Il y faut un secours occulte, une apparition remontée des tréfonds de sa mémoire. 

Un port de tête un peu raide, militaire, le cheveu noir, court mais dru, le nez droit, un peu aquilin peut-être. Sous des lunettes cerclées, un œil vif, incisif. Une voix chaude propre à élever. L'expertise valorisante d'un meneur d'hommes. Il est assis au bureau, penché sur la carte, détaillant le devoir qui a triomphé de l'ennui et de la procrastination ! Il siège en commandeur mais détaille avec appétit, avec l'humanité d'un qui a su donner envie.

Sa présence demeure, montrant le chemin, en complément des contours de la France, toujours sur un mur depuis la communale, 
grâce à Vidal-Lablache[2] ! 

France frontière Nord-Est et Alsace-Lorraine Vidal-Lablache Source gallica Bnf.

Une carte pour s’approprier un tant soit peu un espace ! Un dessin plutôt qu’un discours, une description avant l’analyse et ses prolongements. 
Ce magicien ? Monsieur Sinsollier, professeur de géographie à Narbonne, années 60, collège Victor Hugo... 

Fonds de cartes utilisés pour le dessin des Corbières : 
Le département de l'Aude, Roger Bells, instituteur, éditions MDI 1970. 
Geoportail, carte Michelin 1/200.000, carte IGN 1/100.000.

[1] Le nom de Leucate vient du grec ancien λευκός (leukós) qui signifie « blancheur », « blanc ». (Wikipedia). 


[2] Paul Marie Joseph Vidal de la Blache (Pézenas 1845- Tamaris-s-Mer 1918), promoteur de la géographie balbutiante à la fin du XIXème siècle. La particule lui venant d’ancêtres laboureurs au hameau de La Blache (non loin du Puy-en-Velay), on comprend mieux qu’il ait préféré signer « Vidal-Lablache ».

Son fils, Henri Joseph Casimir (Castres 1872- Vienne-le-Château 1915), également géographe, sera tué à l’ennemi en Argonne, le 29 janvier 1915.