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lundi 1 avril 2024

QUAND TOUT S’ÉCROULE À L’AQUEDUC ! (5ème partie) 29 mars 2024.

“ Cassé ! ” qu’ils disent les “ djeuns ” (c'est être ringard, non, de le dire comme ça ?), un mot qui a d’autant plus de force en réponse à du péremptoire, du catégorique, du cassant n’admettant pas de réplique ! Et combien de fois ce penchant ne nous égare-t-il pas, tous, autant que nous sommes, dans une erreur à en perdre la face ! Et puis, mais non, ce n’est pas l’aqueduc qui s’effondre, les derniers à le visiter ont bien dit que même la partie la plus ancienne restait en bon état, ce qui s'écroule est tout ce que peut bien échafauder un esprit lambda qui croit avancer vers ce qui doit être, sans percevoir qu’il se fourvoie...    

Puits d'accès au souterrain dans le contournement du moulin (sur la colline derrière)... sachant que depuis la route de Marmorières, le relief a baissé de 58 cm sur 253,68 m., à quelle profondeur se trouve l'aqueduc ? 

Merci le Midi Libre avec son article de 2012 qui m’a mis la puce à l’oreille. Il était temps ; l’indice intègre le passage  “ partie qui date du XIIIè siècle est en bon état  et la plus récente en très bon état ” ! Étrange, les spécialistes ne mentionnent pas plus les Ligures que le travail de Romain évoqué par Joseph Campardou. Et si on devait l’aqueduc aux féodaux du Moyen-Âge, notre superbe dût-elle en encaisser le coup ?

Et si les Ligures sinon les Romains n’ont pas revendiqué les efforts faits, les archives du Moyen-Âge, elles, ne donneraient-elles pas le détail des travaux en amont ? Elles ne manquent pas, surtout à travers les actes, des documents de portée juridique, de renseigner sur les contrats datés sinon les recours en justice. À en prendre connaissance, à toujours croire à la rusticité de l’époque, nous ne pouvons qu’être étonnés d’une modernité bien plus proche de nous qu’imaginable. Un état de fait certainement lié à la civilisation occitane si avancée économiquement, culturellement et si héritière du Droit romain (n’y voyez de ma part, qu’un manque d’objectivité).

Les indices sûrs concernant notre aqueduc souterrain étant de la fin du XIIIe siècle, quelques dates afin de situer notre Sud par rapport à la France, marquée, aussi, depuis le XIe par une évolution positive  (dit ainsi c’est moins chauvin).

* 1205 : à Montpellier, marchands et artisans d’une même production ont obligation de s’installer dans la rue qui leur est assignée. 

Béziers Pont Vieux et Cathédrale St-Nazaire 2007 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Sanchezn

* 1209 : Suite à la croisade contre les Albigeois, les habitants de Béziers sont massacrés « Tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens » aurait dit le légat du pape.  

 À Montpellier, deux marchands de Cahors avancent de l’argent à Montfort qui en retour devra leur donner la seigneurie de Pézenas. 

Minerve,_Languedoc-Rousillon,_Southern_France 2012 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author Keg1036

* 1210 : à Minerve 140 Parfaits préfèrent se jeter dans le bûcher qu’abjurer.

* 1212 : à Pamiers, par une charte, Montfort confisque les biens des seigneurs du Midi. Le droit français et la coutume de Paris remplacent le droit occitan.

* 1213 : à Muret, suite à la mort au combat de Pierre II, roi d’Aragon, les Croisés du Nord écrasent le comte de Toulouse.

* 1216 : Raimond, fils du comte de Toulouse, reprend Beaucaire aux barons du Nord. Le Midi croit pouvoir espérer.

* 1218 : Toulouse est sauvée par ses femmes qui servent la catapulte d’où partira le bloc fatal pour Simon de Montfort.

* 1220 : l’université de médecine de Montpellier obtient son autonomie.

* 1224 : suite au soulèvement des seigneurs dépossédés, Amaury de Montfort, fils du chef des Croisés, doit abandonner le Languedoc. Les faidits récupèrent leurs biens.

* 1225 Raimond VII réintègre Toulouse, sa ville.  

Le poulain de Pézenas à Steeworde 2006 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author Daniel71953

* 1226 : en souvenir de la jument mal en point qu’il dut laisser en route contre les Albigeois (en fait, pleine et prête à pouliner, entre 1216 et 1219) Louis VIII le Lion offre un cheval de bois à la ville de Pézenas. Désormais le Poulain devra être de toutes les fêtes ! Si ce n’est qu’une légende, elle est jolie !

* 1230 Marseille reconnaît Raimond VII comme suzerain.

* 1235 : à Perpignan, Jacques, roi d’Aragon, épouse la princesse Violant de Hongrie. 

Châteaux_du_Pays_cathare_-_Château_de_Peyrepertuse 2019 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported  Author H. Zell

* 1240 : à Carcassonne, en août, Raimond Trencavel se soulève contre le roi. Louis IX prend la ville, en remonte les remparts et crée la ville neuve en bas de la Cité.
        novembre, ans les Corbières : la forteresse cathare de Peyrepertuse se rend. 

Sur son pog, le château de Montségur vu depuis l'Est 2008 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Jcb-caz-11

* 1244 reddition de Montségur : 200 hérétiques périssent dans les flammes.

* 1246 : Louis IX veut un port sur la Méditerranée, ce sera Aigues-Mortes.

* 1249 : Guillaume de Puilaurens écrit sa chronique sur la guerre albigeoise. 

Château de Quéribus 2013 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author BlueBreezeWiki

* 1255 : chute de Quéribus, ultime forteresse cathare.

* 1258 à Montpellier le concile décide qu’un chrétien ayant emprunté à un juif n’a pas à lui payer les intérêts.

* 1262 : le Comte de Provence met fin à une rébellion de Marseille.

* 1263 à Marseille une dizaine de meneurs sont décapités.

* 1265 : afin de faciliter les pèlerinages, sous la protection du Saint-Esprit, tant le fleuve est dangereux, les moines font édifier un second pont sur le Rhône (après celui d’Avignon).

* 1270 : Louis IX embarque à Aigues-Mortes pour l’Égypte au cours de la 9ème croisade, en comptant celle contre le Languedoc. Il meurt sous les murs de Tunis.

* 1272 à Narbonne, pose de la première pierre bénie à Rome, de la cathédrale.

* 1274 : le roi cède le Comtat Venaissin au pape (cette possession durera cinq siècles).
                Mort de Pierre Cardénal, un des derniers troubadours chantre de la lutte des Albigeois.

* 1276 Perpignan devient capitale du royaume de Majorque.

* 1282 à Albi, l’inquisiteur pose la première pierre de la cathédrale Sainte-Cécile.

* 1283 à Perpignan, Pierre III le Grand, roi d’Aragon, tente de s’imposer à Jacques, son frère, roi de Majorque (ils possèdent le Roussillon, la Cerdagne, Montpellier).  

* 1285 Septembre.  Pour venger les terribles Vêpres Siciliennes, Philippe III le Hardi prend Gérone. À la fin du mois, aux îles Formigas,  il est mis en déroute par le roi d’Aragon et doit battre en retraite. Après avoir ordonné la construction des remparts à Aigues-Mortes, il meurt du typhus à l’âge de 40 ans. Ses chairs sont inhumées à Narbonne.

* 1292 Philippe IV le Bel fait construire Villeneuve-les-Avignon en face de la ville des papes. 

samedi 20 avril 2019

L’AQUEDUC SOUTERRAIN DE FLEURY (4ème partie) / Fleury d'Aude en Languedoc.

Long de 1000 mètres a quicon proche, à quelque chose près, le tunnel évacue l’eau de l’étang. De l’entrée à la sortie, le dénivelé est de quatre mètres (entre 30 et 26 mètres d‘altitude). Contrairement à la direction générale, son parcours est plus sinueux. Le creusement s’est fait par tronçons raccordés depuis des puits verticaux au nombre de 20, inégalement répartis et paradoxalement moins nombreux au passage difficile : les plus profonds (11,5 m.) se trouvant dans le contournement du moulin, au lieu-dit “ Les Traoucats ”. 

Le Chemin des Arbres Blancs / Vue prise en direction du village / un regard en béton d'un des puits de l'aqueduc est reconnaissable au bord du chemin, à droite.
 
Ce même regard, vue prise vers le sud.


Au pied sud du moulin. A l'arrière-plan, le chemin dit "de Vinassan" avec l'entonnoir nécessaire au déblaiement de l'éboulement des années 1830. 

C’est la partie la plus délicate. Les Chroniques Pérignanaises relèvent que pour libérer le passage, suite à un éboulement causé par un trop fort débit, on dut creuser un entonnoir afin d’accéder à la partie bouchée (Conseil municipal de 1836).

En 2012, un article du Midi-Libre informe que la municipalité a confié la gestion du souterrain au Syndicat Mixte du Delta de l’Aude, l’entretien des fossés en amont et de l’aqueduc ne pouvant plus être assuré par l’association des propriétaires riverains. Une inspection de l’ouvrage a permis de dresser un état des lieux. Suite à la visite menée par trois courageux dont un hydrogéologue et un ingénieur, le constat est rassurant. Si le secteur des Traoucats (Troucats sur la carte IGN) doit être consolidé, la sédimentation qui a jointé et cimenté le conduit a joué ce rôle.
Concernant la construction à l’origine ou les réfections ultérieures, l’article précise que la „partie qui date du XIIIè siècle est en bon état“ et la plus récente „en très bon état“. Néanmoins des racines sont à éliminer et des puits et accès doivent être sécurisés.     

 https://www.midilibre.fr/2012/04/03/l-aqueduc-souterrain-de-fleury-est-il-en-bon-etat,480816.php

Sur le site de la mairie de Fleury on peut lire : Il faudra en effet attendre l’occupation romaine, dont témoignent l’immense aqueduc souterrain qui fournissait le village en eau potable (c’est la fontaine du Bouquet qui est évoquée, des escaliers permettaient d’y accéder encore à la fin des années 50, après le passage sous l’Avenue de Salles, le ruisseau se retrouvait à l’air libre, à partir de là. Mais à partir de quand a-t-il reçu les effluents de la Cave Coopérative, certes sains, puisque nous y cherchions les gros lombrics comme appâts, mais incompatibles avec une source d’eau potable ?). Au milieu d’indications historiques par ailleurs très intéressantes, de la part du rédacteur, le conditionnel “ témoignerait ”, eût été préférable.

http://www.communefleury.fr/decouvrir/un-peu-d%E2%80%99histoire/de-la-prehistoire-la-rome-antique

Visiblement tout n’est pas encore dit sur l’aqueduc souterrain de Fleury !

* Les Traoucats (les terrains troués) liés au volcanisme dans les on-dit du village, à rapprocher des apports plus scientifiques  :

« Lous veses lous Traoucats ? », « Tu les vois les Traoucats ? » disait l’oncle Noé à tante Céline alors que depuis la maison de mon père on ne peut que deviner l’endroit à droite du moulin. Le promeneur peut y remarquer un trou d’importance, en entonnoir, laissé en friche. Certains ont parlé de bombe, d’autres d’une bouche de volcan. L’oncle, lui, y faisait des trouvailles étonnantes (j'ai entendu parler d'une horloge qu'il sut remettre en état), le trou servant de destination à des escoubilles variées, moins volumineuses que nos encombrants et déchets d’aujourd’hui. 


L'aqueduc souterrain passe sous cette vigne aux abords du village, derrière l'Horte.

Après le puits n°20 qui s’ouvre dans une maison de l’avenue de Salles, l’aqueduc souterrain débouchait, nous l'avons dit, au niveau de la source du Bouquet, accessible par un escalier et offrant une eau appréciée. De nos jours, il faut rejoindre l’autre entrée discrète du jardin public, côté Salle des Fêtes, et chut, au fond d‘un regard fermé par une grille... “ L’entendez-vous, l’entendez-vous... ”, le gentil ruisseau dans son tunnel, cette eau qui nous vient des garrigues de la Clape et de ces terres gagnées sur ce qui fut un lac poissonneux ?

Et même s’il est utile de nuancer un historique trop monolithique car toujours écrit sans nuances aucunes par les dominants, libéré des contingences historiques (qui doivent donner à réfléchir et surtout pas à asséner des certitudes par essence doctrinaires), plutôt que d’ignorer, il est bon, en regardant le moulin, de savoir que dessous passe l’aqueduc souterrain de Fleury : une jolie histoire à raconter aux enfants après avoir tendu l’oreille, au fond du jardin public, sur  le babil mystérieux de l’eau qui court sous terre... Pour les pesticides et glyphosates, nous leur dirons une autre fois... plutôt que de gâcher une jolie histoire par des préoccupations inquiétantes      

PS : des photos manquent dans la rédaction de ces articles. Si quelqu'un veut bien mener une expédition au bout du monde pour des clichés sur le ruisseau du Bouquet, des garrigues de la Clape à la plaine de l'Aude... Avis aux explorateurs qui ne rêvent pas systématiquement de Grand Nord ou d'Amazonie...