Préambule : cette chronique concernant plus particulièrement notre Sud
est néanmoins liée aux articles plus généraux parus sur ma page :
1. Malraux et son mysticisme annoncé pour le XXIième
siècle.
2. Finkielkraut : immigration et islam.
3. Retour sur les mythes croisés du Moyen-Âge arriéré
et de l’Andalus éclairé.
Cavaliers arabes près du mausolée (1907) Musée de Narbonne . Wikimedia Commons. Artiste Henri Emilien Rousseau (1875 - 1933) |
C’est bien après les conquêtes (200 ans ?) que les Arabes eurent pour
dessein de faire de la Méditerranée une mer musulmane, la religion désormais
justifiant leurs succès. Dans le bassin occidental, cela correspondait à faire
de la « mare nostrum » une « mare mauri », une mer des
Maures.
En 711 le Berbère Tariq ibn Ziyad débarque dans le sud de l’Espagne pour
une occupation qui durera près de 800 ans avant le dernier épisode de la
Reconquista, le départ du roi Boabdil [1] laissant les clés de Grenade, sa capitale, aux
rois catholiques.
Leur présence en France et plus particulièrement dans le Midi a marqué la
période 718-973. Elle se caractérise par la volonté d’installer les
religionnaires de l’islam autour de la Méditerranée tout en menant des razzias
afin de s’emparer des trésors chrétiens. Leurs incursions, vers Tours par
l’Aquitaine ou Autun par la vallée du Rhône correspondaient à des raids pour
piller les richesses de l’Eglise.
Leur présence conduit parfois à des alliances opportunes avec les seigneurs
wisigoths ou provençaux, contre un autre chrétien, dans un contexte de
domination, de conquête de territoire. Cela peut se produire aussi dans le
cadre d’une sécession dans le camp arabe, comme celle de Munuza le Berbère,
gouverneur du Nord de l’Hispanie, basé à Llivia en Cerdagne, donnant sa fille
en mariage à Eudes d’Aquitaine et refusant dès lors de combattre les chrétiens.
Conquêtes et razzias des Sarrasins :
La Septimanie (Roussillon- Languedoc) attaquée 718.
Perte de Narbonne 719-721.
Bataille de Toulouse 721 (Eudes d’Aquitaine bat les Sarrasins).
Perte de Carcassonne 724-725.
Pillages monastère Lérins entre 728 et 739.
Perte de Bourges 731, pillage d’Autun, de Langres 731.
Pillage Lyon, Bataille de Bordeaux perdue par Eudes. Charles Martel gagne
la Bataille de Poitiers[2], plus célèbre pour honorer notre « roman
national » (porté par Ernest
Lavisse notamment) que pour la lutte contre les Infidèles 732.
Perte d’Avignon 735.
Bataille de la Berre, non loin de Sigean, plus significative que celle de
Poitiers, victoire de Charles Martel forçant les Sarrasins à se replier vers
l’Espagne 737.
Bataille de Poitiers 732 wikimedia commons Tableau (1837) de Charles de Steuben (1788-1856) |
[1] Le roi Boabdil passant le col se retourna, la
larme à l’œil, vers sa capitale perdue avant que le relief ne la cachât à
jamais. « Pleure comme une femme pour un royaume que tu n’as pas su défendre comme un homme » lui aurait dit
sa mère. Pour ces raisons, le col se nomme « El suspiro del Moro ».
Les élèves adoraient cette légende et le prof aimait d’autant mieux la raconter…
[2] « Ils furent arrêtés par Charles Martel,
près de Poitiers (732) » Malet et Isaac (ROME ET LE MOYEN-ÂGE / volume des
classes de cinquième et quatrième, édition 1958).