Viens avec moi, petit... Viens, donne-moi la main
Nous allons parcourir le caillouteux chemin
Qui mène en serpentant aux Pins de la Mairie.
Là, tu découvriras la superbe prairie
Qui met son tapis vert aux pieds de Lespignan.
La vigne, un ceinturon aux reins de Pérignan.
Les sinueux cours d'eau qui sillonnent les plaines
Jusqu'aux flancs où se noient l'ombre de nos Cévennes ;
Le beau panorama, des monts pyrénéens
A l'écume des flots méditerranéens,
Là toute la splendeur de ton beau patrimoine
Aux champs couverts de blé, de luzerne, d'avoine,
De vignes cultivées, d'arbres abandonnés,
De jachères aux sols d'épines couronnés,
Témoignages meurtris du temps où la culture
Le disputait aux lois de la mère Nature.
Là-même, sous nos pieds, de multiples buissons
Qui semblent par le vent secoués de frissons.
Plus bas, le vieux clocher qui domine l'église,
La maison où je vis, place de la Remise,
Et là-haut, dans un ciel des approches de mars,
Des lambeaux déchirés de nuages épars...
Regarde bien, petit... remplis-en ta mémoire :
Un jour tu conteras une curieuse histoire,
L'histoire d'un enfant qui parcourut son bien
Et qui, depuis ce jour, ne reconnaît plus rien...
Car tout ce beau décor de garrigue et de vigne
Lentement disparaît, comme une chose indigne
Qui plie, tombe à genoux, par un plus fort vaincu,
Comme tout se déforme après avoir vécu...
Allons nous promener à travers la garrigue,
Jusqu'à ce que, fourbus d'une saine fatigue,
Nous allions nous asseoir sous un pin parasol,
Sur l'épais matelas qui recouvre le sol.
Là, tu contempleras le troupeau de Labade,
La chaîne des rochers qui domine la Prade,
Le reste des vieux murs lépreux de Tuffarel
Face au beau monument du Roc du Cascadel.
Là, tu seras conquis par le Mère Nature,
Par son festin d'amour pour chaque créature,
Par son élan du cœur, par le don qu'elle fait
Pour que tout soit plus beau, grandiose, parfait.
Là tu découvriras sa volonté sauvage
Telle qu'on la connaît depuis son premier âge,
Depuis le lointain où la première fleur
Créa le premier fruit et première couleur.
Là tu découvriras tout un monde nouveau,
Un monde varié de sensations, si beau !
Du Plateau des Seigneurs au Pech de la Pistole,
Du chemin de Besplats qui mène à Maribole,
Des restes délabrés des murs de Châteauroux
Jusqu'au miroir profond du gouffre de l'Œil Doux,
Jusqu'au bout du regard où porte la raison,
Jusqu'au bout de la mer, son lointain horizon,
Et jusqu'à l'infini du cosmos, du néant
Où s'égare l'esprit à grands pas de géant
Qui créent les sensations des vertiges de l'âme
Et dans ton cœur si pur la beauté d'une flamme.
Quand tu retourneras dans les rues du village
Où tu rencontreras des enfants de ton âge,
Dis-leur en souriant que la nature est belle,
Pour chaque être vivant qu'elle a une mamelle,
Pour les fleurs un parfum, un papillon, un temps
Que des êtres savants ont appelé Printemps ;
Qu'elle a pour les oiseaux des trésors de tendresse,
Et pour tout ce qui vit... au moins une caresse.
Pierre Bilbe.
Poème envoyé par mon père avec la note ci-dessous :
"Fleury-d'Aude, récupéré d'un texte polycopié (à la pâte, ancienne façon) devenu presque illisible, le mardi 11 novembre 2008." (note de François Dedieu).
"... Jusqu'aux flancs où se noient l'ombre de nos Cévennes..." |
Entre ciel et garrigue la Méditerranée |
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