Aude, La Berre, seen from route D6009 bridge Author Maarten Sepp |
La Berre, un petit fleuve même pas côtier car n’atteignant pas la mer, se jetant dans le sud de l’Étang de Bages et de Sigean dont il faudrait, pour cette embouchure, inverser les termes. Comme tous les cours d’eau de notre pourtour maritime (nous venons tristement de le constater puisque les deux épisodes méditerranéens qui viennent, dans l’espace d’une semaine seulement, de toucher le Var et les Alpes Maritimes, ont causé plusieurs victimes) la Berre a connu, en novembre 1999, sa crue peut-être millénaire avec des dégâts inimaginables pour les habitants et l’histoire avec les ponts emportés dont celui du château de Cascastel pourtant vieux de 800 ans.
Cascastel Château et pont wikimedia commons Autor ArnoLarange |
Le temps et l’Histoire coulent avec la Berre. Pour preuve, l’oppidum
préromain de Pech Maho peut-être du peuple Elysique (700 av J.C., 120 av J.C.) ainsi
que le cadre injustement méconnu de la Bataille de la Berre, en 737, entre les
Sarrasins occupant Arbuna (Narbonne) depuis presque vingt ans et les Francs de
Charles Martel.
L’évocation des circonstances, après avoir défriché et éclairci le sujet
nous rapproche des faits.
Les Sarrasins, en effet, après une conquête éclair de l’Espagne
wisigothique sur 3-4 ans seulement, passent les Pyrénées et menacent l’Occident
Chrétien. Notre chronologie est non seulement marquée par la perte de Narbonne
mais aussi par celle de Carcassonne (725) et Nîmes malgré la victoire d’Eudes, duc
d’Aquitaine, à la Bataille de Toulouse (721). Les années qui suivent sont
marquées par leurs razzias et pillages (Lérins, Bourges, Autun, Langres, Lyon).
Plus grave est la menace d’une occupation plus vaste suite à la défaite d’Eudes
à Bordeaux (731). Le duc demande alors l’aide de son ancien ennemi, Charles
Martel, subregulus, roi en second des Francs, qui va les arrêter à Poitiers
(732). En Provence, un autre duc, Mauronte, lésé par rapport aux grandes
familles alliées à Charles Martel et bénéficiaires des confiscations
consécutives au succès des Francs depuis Lyon, se soumet au wali de Narbonne en
échange de son aide et lui livre Arles.
« … les anciens comtes
dépossédés et les grands propriétaires laïques se rallièrent aux Arabes contre
les Franks, leurs spoliateurs… »
A Avignon aussi, la garnison franque est chassée ou exterminée avec la
complicité des habitants. De là les Sarrasins remontent jusqu’à Lyon mais
Charles Martel fond sur eux et les fait refluer dans les murs d’Avignon où,
malgré les défenses, ils périssent « par le fer et la flamme ». De
là, plutôt que de libérer la Provence, Charles, en fort stratège, choisit
d’attaquer Narbonne, le cœur stratégique des possessions arabes au nord d’Al
Andalus.
« … il tenta une entreprise plus hardie et plus
décisive que la conquête de la Provence : il marcha par le pays des Goths droit
à Narbonne, et pressa avec une extrême vigueur le siège de ce chef-lieu des
établissements arabes en Gaule. Les walis musulmans n’avaient rien épargné pour
fortifier Narbonne et la mettre à l’abri de toutes les attaques… »
Citation ainsi que la précédente tirée de « Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1789 » Tome 2, Henri Martin, 1860.
Charles Martel lors de ce qui est aussi appelé "la bataille de Tours" puisque près de Poitiers, en 732, il arrêta les Sarrasins prêts à piller le riche sanctuaire dédié à Saint Martin. |
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