samedi 14 décembre 2019

BATAILLE DE LA BERRE / Pour aller plus loin, Gérard Ducruc, Henry Coulondou.

Pour aller plus loin, au plus près de la confrontation qui, en 737, voilà près de treize siècles, mit aux prises deux puissances aussi brutales et sanguinaires l'une que l'autre, le travail de Gérard  Ducruc mis en avant par Henry Coulondou lui même axé sur Thézan-des-Corbières. 

https://www.thezandescorbieres.com/berre/index.htm


Septimanie wikimedia commons Auteur Claude-Joseph Drioux (1820-1898) & Charles Leroy (1844-1895)

AVANT LA BATAILLE 

1. A NARBONNE.

Charles Martel anticipe afin de mettre toutes les chances de son côté. D'abord il va interdire l'accès à Narbonne par le fleuve. 

  "... pour empêcher toute arrivée de renforts par voie d'eau, il fait construire des tours de guet de part et d'autre du fleuve en aval de la ville et bloque ainsi toute possibilité de ravitaillement..."

Ces aménagements diffèrent où sont décrits plus précisément suivant les quelques relations de la bataille disponibles sur Internet : 

 "... Arrivés au port, ils remontent l'Aude mais les Francs ont garni ce fleuve d'estacades et de pieux, pour empêcher tout secours d'arriver à la ville assiégée..."
https://guyderambaud.wikia.org/fr/wiki/Bataille_de_la_Berre_(737

"... Arrivés au port, ils remontent l'Aude mais sont surpris par les fortifications de l'assiégeant..." 
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Berre 

"...   En 737, Charles assiège Narbonne, barre “le fleuve Aude par un ouvrage en forme de bélier”..."
http://archives-du-sensible.parc-naturel-narbonnaise.fr/sensible/site_portrait/site/2016/bataille-de-la-berre/bataille-de-la-berre.html

2. ALLER A L'ENNEMI plutôt que de le laisser attaquer ses arrières alors qu'il assiège Narbonne :

"... L'armée franque avait investi Narbonne au plus près des fortifications, interdisant tout mouvement aux assiégés. En plus, comme il est de règle en Campagne, toute armée se garde et, à cet effet, il existait autour de la ville, à une certaine distance commandée par des voies d'accès ou des points remarquables du terrain, des postes de surveillance, comparables à des sonnettes d'alarme, chargés de prévenir Charles de ce qui se passait dans son dos. L'une de ces sonnettes se trouvait obligatoirement au seuil de Prat-de-Cest, point de passage obligé, limite de compartiment de terrain dominant le pays vers le Sud et, donnée très importante, la menace venant de cette direction..." Gérard Ducruc.
https://www.thezandescorbieres.com/berre/ducruc.htm 

"... sa meilleure forme de défense était encore d'attaquer les troupes de cavalerie récemment arrivées, avant que les navires apportant le complément d'équipements ne fassent leur apparition et surtout dans l'hypothèse ou il avait connaissance de l'embarquement d'Omar ; il devait priver celui-ci à son arrivée de toute tête de pont et l'empêcher également d'arrondir ses forces. 
Déboucher avec ses troupes de Prat-de-Cest, pour se porter aux environs de la Berre, il n'y fallait pas penser : ce qui avait joué en sa faveur pour lui indiquer l'arrivée de la cavalerie maure aurait aussi joué contre lui. Il lui fallait donc se porter vers le Sud, en se défilant à l'abri des Corbières et quoi de plus normal que d'utiliser l'ancienne Voie Domitienne passant par Fontfroide qui ne devait pas être encore trop dégradée quoique moins utilisée que par le passé..."
Gérard Ducruc.


Nuance, au départ de Narbonne, la voie Domitienne passe au Sud par Prat-de-Cest pour se diriger vers le col de Sigean... Par Fontfroide où l'abbaye n'existait pas, il s'agit d'une traverse liant d'Ornaisons à Portel, la Via Aquitania à la Via Domitia. Les Franks vont donc surgir d'où on ne les attend pas pour culbuter la cavalerie arabe avant que le renfort et le matériel de guerre ne débarquent à Port Mahon !  
http://auderomaine.e-monsite.com/pages/cartes-croquis-voies-aude.html

Gérard Ducruc précise l'importance de l'eau pour les hommes et les chevaux : 

"... il (Le Marteau) disposait de quatre points d'eau : Fontfroide, l'Aragnon, Sainte-Eugénie et Portel. Par le chemin des Charbonniers il ne disposait que de Portel à l'arrivée et encore, si l'ennemi n'occupait pas ce village..."
 Et du côté arabe, l'eau de la rivière, la Berre. 

Portel-des-Corbières / Image autorisée
  3. POUR CONCLURE, quelques remarques dont vous pardonnerez et le hors-sujet et la subjectivité même s'il faut ancrer le propos dans un cadre plus général... 
D'abord, pour des raisons trop évidentes liées à la formation et au destin de la France, rien n'est dit des prédécesseurs or : 

"...  Les Wisigoths qui résistent toujours dans les environs de Narbonne (Minervois, Razès) indiquent aux troupes de Charles Martel comment couper en deux l'armée arabe en marche qui va se porter au secours de Narbonne assiégée, en empruntant le défilé de la Berre qui débouche des Corbières entre Portel et Sigean..." (Wikipedia)

Dans le même ordre d'idées, notons que certains historiens n'hésitent pas à tromper le public, toujours, certainement, en vertu du roman national, du rouleau-compresseur issu des Franks sur des provinces étranglées, les jacobins de la Révolution n'ayant rien changé à l'affaire... C'est le cas de Philippe Conrad, historien, rédacteur en chef de la Nouvelle Revue d'Histoire, qui, en 2002, ne cite même pas 737 et la bataille de la Berre pourtant considérée comme l'arrêt à la colonisation musulmane. 

Toujours dans le chapitre des identités régionales jugulées, dans l'actualité, en digne héritière des hussards noirs de la République, la dernière réforme des lycées réduisant le temps déjà réglementé alloué aux langues régionales. Merci Blanquer mais les profs sont en train de lui faire payer ses simagrées aussi malhonnêtes que macroniennes sur le projet de retraite les concernant !

Enfin, pour rejoindre une prévention d'actualité formant le fil conducteur de cette série d'articles sur l'islam et la colonisation, en partant de Malraux, Finkielkraut ainsi que la part trop belle faite à un Al Andalus "lumineux" : 

"... Il est difficile d'apprécier la réalité du peuplement musulman au nord des Pyrénées. Les musulmans se sont-ils établis comme en al-Andalus, avec un véritable projet de peuplement, qui devait continuer au-delà des Pyrénées ? L'historien Paul Diacre (VIIIe siècle) indique que les Sarrasins « ont pénétré dans la province aquitaine de Gaule accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants, comme pour l'habiter » . La volonté d'étendre le Dar al-Islam. La conquête des territoires au nord des Pyrénées était le but premier de la conquête musulmane, qui avait souhait d'intégrer le sud de la Gaule au territoire d'al-Andalus. [...]  Toutefois, d'un point de vue historique et militaire, on peut dire que Narbonne (et non Poitiers) fut le coup d'arrêt de la conquête musulmane en Occident chrétien, car Narbonne était la première base de peuplement et d'installation en Gaule. La victoire précoce des Francs sur la Berre a donc évité une trop longue installation musulmane, à l'inverse de ce qu'a connu l'Espagne. Ensuite, toutes les expéditions au nord de Narbonne furent des razzias sans lendemain et non des entreprises de soumission ou de peuplement..." (Wikipedia)

Massif_de_Fontfroide wikimedia commons Auteur Tybo2
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