mercredi 3 mars 2021

JEAN-CLAUDE, il faut que je te dise... / A J-C Carrière, 1ère partie

Bonjour Jean-Claude. Écoute, durant des jours j’ai essayé de trouver l’info à ton sujet auprès de la mairie de Colombières. J’aurais tant aimé savoir pour ton petit trajet, allée des mimosas, entre ta maison et celle où tu pars rejoindre les tiens. Mais rien sinon la date de ton décès à Paris. Peu importe. Rien de frustrant. Finalement, il m’a suffi d’imaginer une lumière familière, un ciel ensoleillé pour t’accompagner... Et puis, en exprimant la volonté de fermer ta boucle là où elle a commencé, tu réponds définitivement à la question te taraudant, ainsi qu’à tant de semblables, obscurs ou célèbres dont nous aimons savoir ce qu’ils en pensent. Que disent-ils, du lien, des racines, de n’être de nulle part ou de naître quelque part ?  
 
Acacia_dealbata wikimedia commons Author Alberto Salguero Quiles

Je te signale que la musique d’accompagnement de la vidéo est celle de la Gloire de mon Père... Tiens, Pagnol, du Midi, monté à Paris lui aussi... Il serait intéressant de comparer votre attachement au Sud, terre de naissance, vous, partis chercher la gloire chez les Parisii... En avez-vous vendu votre âme ? Arêne, Bosco, Giono, Jean Carrière, Delteil, Valéry, Vilar, Lapointe, Poubelle, Trénet, pour ceux auxquels je pense, sont enterrés chez nous sans oublier Brassens pourtant claquemuré par ses imbéciles heureux nés quelque part... Et maintenant il y a toi, Et pour aller plus loin, comme l’écrivait César à son fils Marius concernant ses expériences bathymétriques sur la Malaisia « ... là où ça sera trop profond, laisse un peu mesurer les autres ». Alors, pour ceux forcément oubliés, que la communauté amicale soit mise à contribution.

Jean-Claude, je sais que tu n’es pas du genre prétentieux, que tu acceptes l’échange et le tutoiement si naturel en pays occitan. En vertu de quoi, un anonyme, l’obscur que je suis, se permet de t’aborder. En voici les raisons, enfin espérons qu’elles valent en tant que telles.

En premier lieu, parce que jusqu’au 20 décembre 2018, je te portais haut pour avoir su garder une jambe campée au pied du Caroux, pour n’avoir pas jusque là vendu ton âme. Cette estime a grippé lorsque, trop souvent sollicité par France Inter (4 fois entre septembre et décembre 2018 !), à force d’abonder dans leur sens, tu es même allé plus loin que ces journalistes fonctionnaires que nous payons et qui, en élites boboïsantes vont à l’encontre de ce que la majorité veut et pense. Pour moi qui suis à moitié tchèque je peux te confier qu’ils me rappellent vraiment en pire l’info propagandiste de Prague avant et après le printemps de Dubček. Oui en pire car au moins, les speakerines et speakers de la Československa Televize présentaient raides de leur personne et d’un ton sinistre de croque-mort... Bref, de toi l’écrivain-scénariste-metteur en scène-parolier-acteur traducteur-agriculteur à l’âge de la sagesse, je n’ai retenu que le ton posé de tes quatre-vingt-six printemps lorsque, à contre-courant de ta réserve habituelle tu fis chorus à la Salamé citant le reclus du Baïkal (Tesson fils) pour vilipender les Gilets Jaunes. Toi si prudent, diplomate, plutôt médiateur, si empathique habituellement et qui sauras exprimer par la suite un doute plus objectif, cette fois-là ce ne fut plus toi tant ton point de vue et tes mots furent durs, odieux, macroniens pour le dire net !

Je t’en ai voulu. Essayant de faire passer la rancœur d’abord avec humour « Jean-Claude des châtaignes et du vin bourru, tu me fends le cœur ! » j’ai dit que je t’estimais tant, que je t’aimais tant, mais au passé. Surtout que tu atteignis des sommets avec ton propos sur le référendum !

« Dès qu’il est question d’un référendum populaire Mussolini n’est pas loin. Ça a commencé comme ça, et Mussolini et Hitler. Dès que l’on fait appel au peuple, le peuple dirige vers la dictature tout un pays. Il faut se méfier de ça. C’est une chose qu’on n’a pas dite. Il faut avoir peur du référendum… »

Alors comme ça tu mettrais dans le même sac Mussolini, Hitler et De Gaulle car il l’a promu, le Général, le référendum de caractère républicain, en tant que voix de la Nation ! Tu aurais pu argumenter sur la différenciation impérative avec le plébiscite... Tu aurais pu laisser entendre que le problème n'est pas le référendum mais ceux qui n'en respectent pas le résultat parce que De Gaulle, lui, ne s'est pas assis sur le peuple ! Et toi tu t’es voulu sans nuance et cela ne t’honore pas ! (à suivre)

 

Colombières-sur-Orb Eglise St-Pierre wikimedia commons Auteur Fagairolles 34

JEAN-CLAUDE CARRIERE... il nous a tant aimés...


Tant de facettes à apprécier, à admirer chez cet homme... Internationalement reconnu mais pas cosmopolite, il s'inscrit parmi les rares qui, au lieu de rester confinés dans un cercle certes de culture mais aussi, le succès aidant, de quant-à-soi pour le moins pétant plus haut que... enfin, pédant pour le moins, choisissent de rester dans l'atmosphère et sur le plancher de toute la population plutôt que de ne plus la voir, depuis leur bulle élitiste. 
 
On pourrait y voir un lien entre "être de nulle part" et "naître quelque part". Le parcours de Jean-Claude Carrière, bien que louvoyant entre les deux, penche incontestablement pour la fidélité aux racines, au village natal, Colombières-sur-Orb. L'accent, l'occitan, le vin sont estampillés du Sud et comme pour chacun de nous, l'enfance est déterminante pour la suite. Jean-Claude n'a-t-il pas exprimé lui-même que le meilleur juge de ce que nous sommes devenus est l'enfant que l'on a été ? 
 
Alors j'ai été choqué par ce qu'il a laissé entendre sur les Gilets Jaunes et le désir populaire (quel gros mot !) de référendum (1), et je me méfie des projections de la bulle jusqu'en province, (l'organisatrice du festival de Nîmes ne nous apprend-elle pas que Carrière a dit "... madame Macron me récite parfois des passages de la controverse de Valladolid... " ? lui rend-elle service en dévoilant cela ?), donc attention à cette culture d’État propagandiste et à ses médailles élyséennes ! Faisons abstraction de ce clinquant ! 

Jean-Claude Carrière, enfant du pays revenu à des sources que tu as si bien honorées, nous te comprenons, nous t'acceptons sans aucune condition. Y aurait-il dans ces mots une définition au verbe aimer ? N'est-il pas plus important de dire que toi tu as offert à nos cœurs de quoi avancer sur le chemin, que toi tu nous a aimés ? 
 
(1) Cette fois-là, il était aiguillonné à France Inter par Salamé et Tesson fils, le Spiderman faillible des façades. Sauf que Carrière, inconsciemment, a finalement bien ébranlé le discours unique des voix de leur maître... deux ans après j'en suis à me demander s'il n'a pas fait exprès de déraisonner en parlant de la Pologne attaquant la Hongrie et que pour Napoléon c'était même allé jusque là, à émettre de faux roubles pour subvenir aux besoins de l'armée en Russie !?!? Les pros de la parole démagogique en restèrent cois de perplexité ! 

https://www.facebook.com/watch/?ref=search&v=119415970077524&external_log_id=973e580f-bb5c-4f4d-8f60-0622b908769d&q=France%20tv%20arts