jeudi 8 octobre 2020

LE CHEMIN DU PHARE / Fleury-d'Aude en Languedoc


Pour les Pérignanais-es (1) (habitants-tes de Fleury), "Derrière l'Horte", "Font-Laurier" en un ou deux mots, ou encore "Le chemin du phare", désignent un même secteur au-dessus de l'avenue en direction de Coursan jusqu'à hauteur de la coopérative "La Vendémiaire", si bien située pour la paix des villages puisqu'elle concerne aussi les viticulteurs de la commune attenante, Salles-d'Aude. 
 
Le phare se trouvait de l'autre côté de la route et de la croix, dans le prolongement de l'amandier.
 

Problème : on associe le mot "phare" à la mer sinon à un lac d'une certaine importance, or, par rapport à ce coteau, la mer se situe à l'opposé ; elle est visible au fond de l'échancrure ouverte par l'ultime relief de la Clape qui laisse enfin passer l'Aude au plus court de son cours  (vue au NE sur Vendres et Valras). Alors que venait faire un phare entre deux moulins plantés au milieu des vignes ? Etait-ce pour rassurer le marcheur perdu dans le brouillard ou la tourmente de neige ? Ne donnons pas dans l'excentricité puisque le brouillard et la neige nous concernent si peu autour du Golfe du Lion. Quoique, sur ce chemin du phare, par un de ces rares hasards qui nous offrait une magie blanche d'un ou deux jours, la Moustelle, ce camarade de toujours depuis la communale (n'est-ce pas Philippe ?), avait sorti les skis pour un petit plaisir de glisse sur une piste même pas verte, à 4,5 % de pente à peine mais à faire envie aux deux ou trois que nous étions à regarder ! La descente partait bien du phare de Fleury sauf que pour remettre ça, il fallait bien remonter pedibus ! 

 
Phare de l'Aéropostale Wikimedia Commons Author Michèle Sandré-Pradel, Commune de Montferrand

Un pylône rond de béton ; une échelle de fer n'arrivant pas jusqu'en bas pour une raison facile à comprendre ; à plus de dix mètres, une plate-forme carrée d'un mètre cinquante de côté avec, au centre, un dispositif digne de Star Wars non pour illuminer la cible avec son radar de tir (ce que, entre parenthèses, Erdogan nous fit en juin au large de la Libye) mais pour éclairer le chemin de l'avion qui passe, faute d'écho-radar à l'époque. Un phare aéronautique afin d'accompagner les premières lignes aériennes dont celle de l'aéropostale Toulouse-Maroc-Afrique-Brésil... jusqu'en Patagonie tout au bout de l'Amérique du Sud. Justement un fidèle correspondant relève un article de l'Indépendant qui, en ce début octobre, rappelle le centenaire de l'Aéropostale et, malheureusement, les nombreux accidents qui marquèrent les débuts du courrier par avion. 

 https://www.lindependant.fr/2020/09/28/2-octobre-1920-premier-accident-mortel-de-laeropostale-au-large-de-port-vendres-9103070.php

A Fleury, dans les années 20, un phare aéronautique fut construit pour guider les vols de nuit alors à vue. Il envoyait des signaux morse, deux brefs, un long correspondant à la lettre "U". Prévenu d'un passage par téléphone, Paul Huillet, électricien à Salles, parfois aidé par René Guillaumet (2), montait au phare pour actionner l'interrupteur du néon. Le phare de Fleury a été démoli vers 1980 (3). Un de ces phares existe encore à Sallèles, un autre encore dans le département, à Montferrand. 

Mais parce qu'on est riches des copains qui nous restent, l'amitié continue d'éclairer mon sujet avec Philippe tout schuss alors et Loulou qui, le jour des photos, promenait sa chienne, justement dans ce coin ! 

Le moulin dominant le passage du four à chaux, entre Salles et Fleury, surplombant, depuis les années 70 le ronflement de pollution continue de l'autoroute A9.
       

(1) Entre nous quelle lubie que de faire croire qu'un procédé orthographique suffirait à manifester un égalitarisme des sexes ! 

(2) homonyme de Guillaumet Henri (1902 - 1940), l'aviateur pour qui on a dû allumer le phare et dont un frère se prénommait René. 

(3) les détails techniques proviennent de l'ouvrage "De Pérignan à Fleury" (2009) des Chroniques Pérignanaises. Un grand merci.

mardi 6 octobre 2020

ARTE & acculturation ?



Prague skyline at dawn Wikimedia Commons Author Petar Milošević

La courte présentation du concert de dimanche "Concert de Prague avec Daniel Hope" a pourtant atteint un summum de bêtise. En si peu de mots !

Approximation d'abord quand la présentatrice au ton docte et ampoulé dit de Prague "la ville aux mille ponts" ! Ville aux cent tours et clochers plutôt comme l'appellation couramment admise le laisse entendre. D'où sortent ces ponts qui d'ailleurs ne seraient que dix-sept ? Pourquoi bâcler ? 

Faute grave ensuite et ce n'est pas parce qu'elle est trop bien partagée, encore par fainéantise et ignorance, qu'elle en est pardonnable ! Il existe un mot lourd de sens à bannir, le nom d'une rivière à qui on a volé le titre de fleuve qui plus est, un mot allemand pour "VLTAVA", un cours d'eau slave. Dire "MOLDAU" en effet ne peut qu'alimenter une vision malsaine de l'Histoire !

Le compositeur Bedřich Smetana a appelé "VLTAVA" et non "Moldau" le deuxième poème symphonique du cycle Má Vlast (ma patrie). Smetana l'a écrit en tant que patriote tchèque en écho à la révolte de 1849 contre l'occupant autrichien et sa langue allemande !  

Pourquoi alors abonder dans un contresens infâmant ? N'est-ce pas déjà donner dans un négationnisme ? N'est-ce pas, grâce au recul historique, interpréter à mal quand on sait qu'Hitler imposa à la Tchéquie et à la Moravie un protectorat allemand ?     

Dire "Moldau" n'est donc pas anodin, c'est rappeler une domination colonialiste sans la rejeter, persistance d'une faute grave et malsaine qui ne peut que salir Arte. 

Que ce soit par je-m’en-foutisme ou au nom d'une doxa prétentieuse, que penser de la présentatrice du concert, trissotine d'une fatuité emphatique crasse ?

 https://www.arte.tv/fr/videos/099088-000-A/concert-de-prague-avec-daniel-hope/ 

A voir et écouter mais pas chez Arte...