vendredi 15 mars 2024

Aucun rapport avec l'amphi de Sciences Po !

Lyon_4e_-_Clos_Jouve,_en_travaux,_depuis_l'angle_du_boulevard_de_la_Croix-Rousse_et_de_la_rue_Marie-Anne_Leroudier juin 2019 Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication Auteur Romainbehar

Comment, déjà, le nom de cette salle ?  En dehors des bâtiments au cachet très IIIe République si bien organisés, pour le concours, le premier contact du postulant normalien se faisait avec la grande salle donnant sur la vaste cour arrière... 

Affolement, les noms échappent ! pourtant ce devait être quelqu'un de connu... Faut laisser distiller, ça pourrait revenir, goutte à goutte... essayer de se revoir pour les épreuves... oui je me retrouve à peu près au milieu... Les épreuves ? pfft, envolées, à force de déménager, du divorce surtout... sur deux jours il me semble mais seul le sujet de dessin me revient : " Le cycliste ”. Non pour ma prestation, minable, niveau cours élémentaire (alors que l'adaptation de la machine au physique humain coulait de source !) mais pour avoir réalisé par la suite combien le prof était tolérant, humain, ne voulant surtout pas barrer la route, si ouvert à ces futurs enseignants, à peine adultes, mal dégrossis... Monsieur Soyeux non ? Je demandais dernièrement... encore les noms qui échappent... c'est mauvais signe, ces années qui défilent...

Alors cette salle plus gymnase qu'amphi ? “ Ker ” querque chose, un nom à consonnance bretonne, pas plus Kervadec que Kerguelen ou Kersauson... Kergomar... Ouf ! Mais “ kergo “ ou “ kergau ” ? “ mar ” ou “ mard ” ? Alors le Web enfin l'Inter... pas toujours Net ? Ho, c'est une femme ! 

Pauline_Kergomard_circa_1900 Domaine public Auteur inconnu

Ce devrait être elle et non un renom local : Pauline Kergomard !  

Pauline Kergomard (1838-1925) ; à l'origine de la transformation des salles d'asile en écoles maternelles, elle est nommée par Jules Ferry, première Inspectrice Générale des écoles maternelles (1881-1917). Rompant avec l'éducation au coup de sifflet, l'apprentissage précoce et abêtissant, s'agissant sous Louis-Philippe et Napoléon III d'une formation à la dure prévu pour rendre honnête, poli et surtout docile ! 

Rue_Pauline_Kergomard_(Lyon)_-_panneau_de_rue 2019 Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication. Auteur Benoît Prieur (1975)
 

Elle a dit : 

« Il est contraire à la logique de forcer l'intelligence à accepter une nourriture qu'elle ne peut assimiler ; contraire à la logique d'apprendre à lire à des enfants qui ne savent pas parler » Pauline Kergomard.  

jeudi 29 février 2024

Mon cher Jo...

 Mon cher Jo, ne dis rien sur le 26 février dernier, pas plus que sur tout qui a pesé ces dernières années, j'aime trop l'été avec toi quand nous partions, dans le matin encore frais, pêcher à Aude, à bicyclette. Et oui, en même temps que Montand sauf que lui préférait taquiner Paulette et nous le poisson, avec la bande en aval du pont ou en amont, seuls tous deux, en toute amitié. De ta main sur mon bras, tu m'arrêtes... mais oui, tu fais bien de rappeler mais je n'ai pas oublié qu'on a eu taquiné les filles à Saint-Pierre... l'été, la plage aux amourettes, le monde, les touristes, les bals avec de sacrés orchestres dont René Coll (1941-2009). 

Que n'a-t-on pas fait ensemble ? Tu me plumais à la belote, tu étais mon champion en course à pied... dire que nous avions notre circuit personnel... Braconniers on a eu caché le canon “ cassé ”de nos Diana dans une manche d'hiver, afin de sortir du village... Ah ! les feuilles de mûrier pour les vers à soie, c'était avec toi aussi ! 

Avant que l'âge ne nous pousse dans la vie, disons, sociale, quand, le dimanche soir vers une heure du matin, tu me confiais la Simca 1000 en fin de perme pour que je t'accompagne au train de nuit vers Laval où tu étais bidasse... Puis il y a eu la douane, Vallorcine, Douvaine... Bien sûr, je me sens prétentieux de revivre ces pages d'avant, nos antécédents amicaux voués à muter, à muer pour cause de prénuptialité lorsque la nature intime à chacun de chercher sa chacune, sa complémentarité. Tu t'es marié à l'automne 73 ; depuis Lyon j'ai pu vous rejoindre à Mâcon, mais seul, venant d'être à nouveau papa de notre second, Olivier, le 27 sept, à Narbonne. 

C'est la vie, comme on dit commodément, pour éluder, ne pas s'étendre sur ces raisons idiotes qui font que cela se distend entre les êtres. Fermez le ban ! Vous avez eu beaucoup d'enfants (que des filles, je crois...), vous vous êtes installés dans la Drôme, tu continuais de courir, tu aimais jardiner et tout ce qui m'aura échappé, par ma faute, sûrement, parce que le temps nous pousse fort et trop vite... 

Depuis mardi, la vie ne tourne plus aussi rond ; pourtant, on dirait que oui concernant les occupations du quotidien sauf que tu fais irruption, tu les bouscules, sans avertir, donnant aux heures qui passent, un goût amer. Dans le film qui repasse, impossible encore de prendre du recul... ce doit être pour cette raison que ma pensée tente de compenser en s'accrochant aux vertes années, aux bons souvenirs... le bruit ambiant, la plaie ouverte de l'autoroute ne gâchaient rien ; dans la descente, le vent de la course nous donnait froid ; dans la plaine, les prés, la petite chapelle de Liesse restait sereine ; juste avant le pont, à gauche, nous remontions la rivière rive droite, vers le jardin de Cadène, l'horte d'Andréa, Maribole ; jusqu'à notre coin, après quelques rangs de vigne, sous les peupliers blancs, dans un taillis de guigniers à l'ombre, qui donnaient encore quelques fruits, malgré l'arrière-saison... les oiseaux, l'eau verte, lancer en visant la proximité du tronc qui dépasse, gage de succès, mouliner en paix sans trop parler, sans élever la voix, pleins de la candeur qu'offre l'amitié... heureux nous étions...  

Et ce matin tu es de retour au village. Les amandiers fleuris annoncent le printemps mais un Cerç établi pénètre : il avertit que l'hiver est encore là. Tu t'en fous sûrement ; tu vas sous nos vieux cyprès si dignes et vénérables... Avec tous ceux déjà partis, tu nous laisses un aigre-doux difficile à déglutir... je ne t'accompagne que de loin... 

Poutous mon Jo, mon vieux copain, toi du pays où l'on laisse ses os... 

José David (1949-2024).