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La plaine de Vinassan commune aussi avec Coursan et Narbonne. Parcourue de canaux (de Ste-Marie, de Lastours, ici de Grand Vignes) partis de l'Aude et débouchant dans les marais en amont de l’Étang de Campignol, ils permettaient la submersion des vignes (avec la contrainte de drains devant être creusés et régulièrement renouvelés). Aujourd'hui des friches ont en partie remplacé ce vignoble à trop haut rendement. A droite, une vigne pourtant... (Photo de fin juin 2020).
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"...
Vous savez les Ariégeois qui descendaient de la montagne n'avaient pas
l'habitude de boire du vin. Et là, ils l'avaient à volonté. Ça chauffait
surtout après souper quand il faisait bien chaud. Le Parisien avait
acheté une maison en bas du village. Le soir il y
avait grand bal et on dansait avec les sabots... [...] Moi Clémentine,
j'ai dansé plus que mon compte [...] J'ai appris avec les vieux la
mazurka et la scottish avant de me lancer dans la valse et surtout le
tango... "
Témoignage de Clémentine Roques (Vinassan), Le Puits de Mémoire, Gilbert Gaudin, 2001.
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Caboujolette, quatrième de couverture.
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Fin de journée : "... A
l’époque des vendanges, un petit bal avait lieu tous les soirs au café.
L’animation du village était alors fort grande, les familles de
vendangeurs venus d’abord de l’Ariège, puis d’Espagne, non seulement de
Catalogne ou d’Aragon, mais aussi de la lointaine Andalousie, mettant
une note exotique où résonnaient différentes langues ou divers dialectes
et pidgins savoureux. Dès l’arrivée de la vigne, une toilette
s’imposait à la fontaine du coin de la rue, et on allait se promener,
puis danser un peu. Vers 22 heures, tout redevenait calme : la journée
du lendemain allait être encore rude à la vigne, et on serait heureux si
les nuées de moustiques voulaient bien se dissiper sous l’effet d’un
petit cers (1) salutaire ou d’un vent marin bienvenu sous un soleil
accablant..."
François Dedieu, Caboujolette Pages de vie à Fleury-d'Aude II, 2008, auto-édition.
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Vignobles du Beaujolais vers Avenas 2008 Wikimedia Commons Author Alainauzas |
"... La fête se prolongeait souvent tard [...] Il y avait d'abord le repas, puis souvent les chants, la danse. Les jeunes prolongeaient la
soirée [...] jusqu'à 2 heures du matin parfois.
Quand on avait
vingt ans [...] on avait la force de vendanger la journée, souvent de
travailler au cuvage le soir, et même de bonne heure le matin [...] On
avait vingt ans... Ça ne nous empêchait pas de participer aux chants et
aux danses. De ce côté-là, les vendanges avaient une certaine attirance
auprès des jeunes. [...] nous chantions des chansons [...] du folklore
du moment [...] "J'ai deux grands bœufs dans mon étable..." [...] aussi
des chansons patriotiques dans le genre Déroulède [...] Et puis l'on
proférait des malédictions envers les Prussiens [...] C'était avant 1914
[...]
Il y avait toujours, au moins, un battement de deux heures
au minimum avant d'aller dormir. Et l'on dansait, et l'on chantait [...]
Nous
dansions les danses de l'époque, bien entendu, les polkas, même les
mazurkas [...] Il n'y avait déjà plus, déjà, de danses paysannes [...]
Mais nous avions les quadrilles [...] La valse faisait figure de
nouveauté,quoiqu'elle eût sans doute non pas un siècle, mais peu s'en
fallait..."
"Papa Bréchard Vigneron du Beaujolais", Jean-Pierre Richardot, La France Retrouvée, Rombaldi Éditeur, 1980.
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Quatrième de couverture.
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"... Les vendangeurs, parfois logés à la rude, dans la paille, se lavent au puits ou à la fontaine. Ensuite, le village sort de sa léthargie, les rues s'animent, les épiceries, les boucheries, les boulangeries retrouvent l'affluence. les femmes font les commissions pour le repas du soir ; elles prévoient aussi la saquette du lendemain. Les groupes d'espagnols parcourent et remontent les avenues sur toute la largeur de la voie, filles et garçons séparés, recréant l'ambiance ibérique des paseos et ramblas, laissant dans le sillage, avec la bonne odeur du savon, des parfums de patchouli, d'eau de Cologne et de brillantine qui se croisent. Au crépuscule, pour éventuellement favoriser les échanges, las guapas dépassent la limite du dernier néon, ce qui permet aux muchachos de les rattraper pour un madrigal ou quelque flatterie intéressée qui fait rire le chœur des demoiselles sur la défensive..."Reprise d'un extrait du chapitre Les Vendanges, Le Carignan, Pages de vie à Fleury-d'Aude I, Jean-François Dedieu, auto-édition, 2008.
(1) le Cers, fort vent de terre local, apparenté au Mistral, soufflant entre Agde et La Franqui, malheureusement trop souvent assimilé à la tramontane...