mercredi 15 septembre 2021

L'Île Saint-Martin à vélo (fin) / Virée en terre pas si inconnue.

 Une pinède, un site propice au défoulement des toutous, à la promenade, voire aux rendez-vous... Comme partout la colline devait être plus dénudée du temps des moutons, du temps de la masure en ruine jadis maison pour au moins un feu. Photos. Des murs plus ou moins éboulés, un clapas, des ceps anémiés sur les premiers rangs, à l'ombre et en concurrence avec des racines aussi voraces que crève-la-faim. Photos. Et ce figuier tel un banian qui accroche ses griffes dans le mur, à un bon mètre du sol... Les hommes ne sont plus... les figuiers sont immortels, dit-on... Bien sûr que cela la vaut la photo et plutôt deux qu'une ! 

Et là, parce que le soleil est moins fort et que je fais l'effort de lire même sans lunettes ce que l'écran se tue à dire depuis le début, depuis que j'ai changé les piles : "Pas de carte mémoire" !! A en tomber des nues : tout ce plaisir foutu en l'air, pire, le plaisir appliqué des vues qui voudraient fixer la beauté ondoyante inconsciemment ressentie. J'en reste abasourdi. La dernière fois, en 2017, par distraction coupable, les plus beaux amandiers en fleur des coteaux s'effacèrent de l'ordinateur, des amandiers paradoxalement si présents dans ma mémoire... Là, stupide, médusé, groggy, fragilisé comme quand une fille me trahissait, j'en ai perdu le chapeau sans m'en apercevoir. Refaire le tour, le reprendre dans l'autre sens... ah non ! ça suffit avec les photos ! Reprendre alors qu'il faut rentrer ; revoir enfin, à deux pas mais si bien camouflé, le chapeau dans les tons verts de la garrigue ! Mais l'amer de la trahison demeure...

Gruissan wikimedia commons Author Alex10081998
 

Gruissan, le vieux village et sa tour au bout de l'étang, sous la douce lumière du jour qui descend... encore une photo à faire. Devant moi deux vélos, de front, qui descendent aussi des pins de Saint-Martin ; un couple, la soixantaine. Ils ne m'entendent pas arriver. J'hésite à tintinnabuler de la sonnette quand il dit :

"On y va au petit coin tranquille ? Et la dame de répondre :
- On a le temps, tu crois ?"
 
Et moi de freiner en douceur, en longueur, de mettre pied à terre pour les laisser prendre de l'avance, de boire au bidon pour les laisser à leur intimité, en me disant qu'ils ont bien raison... 
 
Gruissan, le vieux village et sa tour qui écrase le clocher. Au plus court, par les petites rues. 
 
Gruissan plage des chalets wikimedia commons Author Ptitgonevx

Cette fois-là, les copines des chalets m'avaient indiqué la piste de sable pour éviter le détour par la digue. De les quitter, je n'avais plus pour compagnie que la chanson de Fugain "Les fleurs de mandarine... ne savent pas qu'on les aime déjà". Et comme à dix-sept ans, les pieds pédalent alors que la tête rêve encore d'elles, mais d'un rêve lesté de nostalgie (voir article précédent)... Que sont-elles devenues ? C'est si difficile de retrouver des filles qui ont sûrement dû laisser tomber leur nom pour celui du mari... L'Espagne, un pays machiste dit-on... sauf que tous, sans ségrégation de genre, y gardent leurs deux noms de naissance... Alors ? La France ?  
 
PS : pour les photos, il faudra revenir... y revenir...  

mardi 14 septembre 2021

L'Île Saint-Martin à vélo (3) / Virée en terre moins connue.

 Pour arriver à Gruissan, la piste cyclable emprunte le tracé de l'ancienne route et longe l'étang... un pointu sur le miroir de l'eau, la tour Barberousse sur la presqu'île, le village qui "s'enroule autour comme un gros chat fatigué" (1), à l'arrière plan, les pins de Saint-Martin, une entrée magique tant pour les peintres que les photographes... 1968, j'ai promis aux camarades de classe de passer les voir ; ça n'a pas traîné en ce début d'été ; avec la motivation, je n'ai jamais l'impression de devoir forcer sur mon routier bleu. Quand ce n'est pas l'allant pour l'aventure, l'instinct pousserait aux aventures, cela devient sérieux quand on a dix-sept ans... pousser sur les pédales, je n'y pense même pas. "Les fleurs de mandarine... ne savent pas qu'on les aime déjà": je n'ai retenu que des brins de la chanson qui revient en boucle, celle avec les mots qui confortent ma psychologie du moment (2). Aussi, que la cave coopérative soit ou non sur ma gauche, je n'ai en tête que la digue donnant sur le village de chalets... 

Photos de l'étang avec ce pêcheur au lancer qui profite du flux entrant depuis le port. Photos de la tour en perspective depuis les rues et ruelles qui rayonnent. Sur cette rocade avec les véhicules à part, rayonnants aussi les gens aux petits ou gros chiens, les familles à pied ou à vélo sans la multitude de la pleine saison, avec un soleil plus convivial. 

Photos des salins et de la montagne de sel, la camelle. De nombreux visiteurs encore.

Photos de l'Ayrolle sans la bonne odeur iodée des posidonies que les locaux appréciaient jusque pour les matelas des petits... L'étang est-il, après les calanques de Marseille notamment, envahi par ces autres algues brunes, trop vivantes elles, arrivées du Japon avec les naissains d'huîtres du bassin de Thau (3) ?

Photos des cabanes de pêcheurs et de la cale avec les barques, les pieux et partègues ; les ganguis (4) et autres filets des petits métiers de l'étang. Justement un pêcheur, son placide korthal aux basques (il doit se faire vieux le pauvre), charge sa barque . 

"Pardon monsieur, est-ce que, par derrière, on peut rejoindre la route de l'Evêque ? 
- Et non il vous faut revenir jusqu'à l'embranchement... Oh ! mais vous êtes à vélo, alors suivez le canal, la route est au bout !" 
Oh qu'elles ont du chien, ces vieilles baraques, plus ou moins délabrées et pétassées ! Photos !
 
Un bon raccourci. L'Evêque ? Un domaine agricole au bout de l'île Saint-Martin. Un château peut-être... Son propriétaire est connu, Pierre Richard, parfois présent pour vendre son vin. Petite route bien fréquentée. Des tamaris, un salar blanchi par trop de soleil, contigu à l'étang. Photos. Mais vite des vignes, un cabanon ancestral, un grand parking (la célébrité sans doute). Des piétons dont un qui me demande si le bidon du vélo c'est pour du vin ! 
Oh, une deux-chevaux qui manœuvre et ronronne ! Photos ! 
La propriété de Richard ? une campagne, jolie, cachée par des ramures et les lauriers roses, pas prétentieuse. Modique, succinct, un portail bas de douelles de tonneau trop espacées. Photos ! 

Retour par l'intérieur de l'île. Depuis un site archéologique sans doute romain, une belle vue sur l'étang, Sainte Lucie et la voie ferrée sur la digue à droite ; au fond, les reliefs industriels de Port-la-Nouvelle. Photos !
Une combe, des crêtes blanches de calcaire, des pins plus nombreux, des vignes aujourd'hui sous perfusion, malgré cela et bien qu'un peu à l'écart du bleu de la mer, la palette rassurante de la garrigue audoise. Photos ! 
 
à suivre...  

(1) in "La Vigne de Jean" de Jean-Pierre Grotti, un écrivain romancier qui sait si bien parler du pays ! 

(2) de Michel Fugain (1967). 

(3) voir à ce propos la série d'articles (2014) sur les clovisses et palourdes : 
https://dedieujeanfrancois.blogspot.co/search?q=clovisses+palourdes 

(4) partègue : pieu planté dans la vase pour maintenir les filets en place ou la gaffe pour déplacer le pointu. 
gangui : filet à poches. 

PS : pour les photos personnelles il faudra revenir, elles sont indisponibles pour le moment... 

Gruissan wikimedia commons Author Raphael Frey

Gruissan-Étang_de_Gruissan_2010 wikimedia commons Author Wikinade

Gruissan_Village wikimedia commons Author Fabian Beck

Gruissan les salins wikimedia commons Author Herpoel

Gruissan Île_Saint-Martin wikimedia commons Author Christian Ferrer