mardi 14 septembre 2021

L'Île Saint-Martin à vélo (3) / Virée en terre moins connue.

 Pour arriver à Gruissan, la piste cyclable emprunte le tracé de l'ancienne route et longe l'étang... un pointu sur le miroir de l'eau, la tour Barberousse sur la presqu'île, le village qui "s'enroule autour comme un gros chat fatigué" (1), à l'arrière plan, les pins de Saint-Martin, une entrée magique tant pour les peintres que les photographes... 1968, j'ai promis aux camarades de classe de passer les voir ; ça n'a pas traîné en ce début d'été ; avec la motivation, je n'ai jamais l'impression de devoir forcer sur mon routier bleu. Quand ce n'est pas l'allant pour l'aventure, l'instinct pousserait aux aventures, cela devient sérieux quand on a dix-sept ans... pousser sur les pédales, je n'y pense même pas. "Les fleurs de mandarine... ne savent pas qu'on les aime déjà": je n'ai retenu que des brins de la chanson qui revient en boucle, celle avec les mots qui confortent ma psychologie du moment (2). Aussi, que la cave coopérative soit ou non sur ma gauche, je n'ai en tête que la digue donnant sur le village de chalets... 

Photos de l'étang avec ce pêcheur au lancer qui profite du flux entrant depuis le port. Photos de la tour en perspective depuis les rues et ruelles qui rayonnent. Sur cette rocade avec les véhicules à part, rayonnants aussi les gens aux petits ou gros chiens, les familles à pied ou à vélo sans la multitude de la pleine saison, avec un soleil plus convivial. 

Photos des salins et de la montagne de sel, la camelle. De nombreux visiteurs encore.

Photos de l'Ayrolle sans la bonne odeur iodée des posidonies que les locaux appréciaient jusque pour les matelas des petits... L'étang est-il, après les calanques de Marseille notamment, envahi par ces autres algues brunes, trop vivantes elles, arrivées du Japon avec les naissains d'huîtres du bassin de Thau (3) ?

Photos des cabanes de pêcheurs et de la cale avec les barques, les pieux et partègues ; les ganguis (4) et autres filets des petits métiers de l'étang. Justement un pêcheur, son placide korthal aux basques (il doit se faire vieux le pauvre), charge sa barque . 

"Pardon monsieur, est-ce que, par derrière, on peut rejoindre la route de l'Evêque ? 
- Et non il vous faut revenir jusqu'à l'embranchement... Oh ! mais vous êtes à vélo, alors suivez le canal, la route est au bout !" 
Oh qu'elles ont du chien, ces vieilles baraques, plus ou moins délabrées et pétassées ! Photos !
 
Un bon raccourci. L'Evêque ? Un domaine agricole au bout de l'île Saint-Martin. Un château peut-être... Son propriétaire est connu, Pierre Richard, parfois présent pour vendre son vin. Petite route bien fréquentée. Des tamaris, un salar blanchi par trop de soleil, contigu à l'étang. Photos. Mais vite des vignes, un cabanon ancestral, un grand parking (la célébrité sans doute). Des piétons dont un qui me demande si le bidon du vélo c'est pour du vin ! 
Oh, une deux-chevaux qui manœuvre et ronronne ! Photos ! 
La propriété de Richard ? une campagne, jolie, cachée par des ramures et les lauriers roses, pas prétentieuse. Modique, succinct, un portail bas de douelles de tonneau trop espacées. Photos ! 

Retour par l'intérieur de l'île. Depuis un site archéologique sans doute romain, une belle vue sur l'étang, Sainte Lucie et la voie ferrée sur la digue à droite ; au fond, les reliefs industriels de Port-la-Nouvelle. Photos !
Une combe, des crêtes blanches de calcaire, des pins plus nombreux, des vignes aujourd'hui sous perfusion, malgré cela et bien qu'un peu à l'écart du bleu de la mer, la palette rassurante de la garrigue audoise. Photos ! 
 
à suivre...  

(1) in "La Vigne de Jean" de Jean-Pierre Grotti, un écrivain romancier qui sait si bien parler du pays ! 

(2) de Michel Fugain (1967). 

(3) voir à ce propos la série d'articles (2014) sur les clovisses et palourdes : 
https://dedieujeanfrancois.blogspot.co/search?q=clovisses+palourdes 

(4) partègue : pieu planté dans la vase pour maintenir les filets en place ou la gaffe pour déplacer le pointu. 
gangui : filet à poches. 

PS : pour les photos personnelles il faudra revenir, elles sont indisponibles pour le moment... 

Gruissan wikimedia commons Author Raphael Frey

Gruissan-Étang_de_Gruissan_2010 wikimedia commons Author Wikinade

Gruissan_Village wikimedia commons Author Fabian Beck

Gruissan les salins wikimedia commons Author Herpoel

Gruissan Île_Saint-Martin wikimedia commons Author Christian Ferrer



lundi 13 septembre 2021

L'Île Saint-Martin à vélo (2) / Virée en terre plus ou moins connue.

Insolite : à l'entrée des bassins, malgré l'heure espagnole, du monde dans les restaurants. Une belle plage toujours aussi large sinon plus alors qu'elle disparaît aux Cabanes-de-Fleury... Les digues incurvées de l'embouchure de l'Aude seraient-elles en cause ? La fréquentation se fait tranquille au centre de la station... Auparavant, alors, au port, peut-être des pêcheurs et plaisanciers bouclant leurs sorties sans se soucier de l'heure légale et attablés encore ? Au bout d'un front de mer étiré (2.5 km env.) un parking terreux mais vaste avec une bordure pour privilégiés, les places sous l'ombre relative de tamaris plantés et prospérant dans ce but. Sinon, il y a même un fourgon de ces catégories, commerciale ou habitable, de véhicules honnis et rejetés par les municipalités qui multiplient illégalement, à l'entrée des parcs, les barrières limitant la hauteur... Ici, au bout de Narbonne-Plage, si la demi-barrière est ouverte, que se passera-t-il pour le fourgon, s'ils la referment ? Dire que c'est à Menton, en 1999, que j'ai vu fleurir, drôle de citronnier, le panneau interdisant le stationnement des campings-cars... Comment ne pas être solidaire des gens du voyage ? 
 

La piste, elle même bordée de lauriers roses et plus étonnant, d'arbousiers dont un au moins porte des fruits, suit la route. A bâbord, un large no man's land d'oyats et de joncs s'étend jusqu'au sable d'une plage qui accueillit les campeurs priés de plier à Saint-Pierre (1) pour une saison encore (début des années 70). En ce temps-là, depuis Narbonne-Plage, Gruissan n'était accessible que par la "route bleue" pourtant à peine plus large qu'un chemin vicinal, débutant étrangement au pied de "La femme morte", bordée des vestiges de blockhaus et casemates des occupants allemands et joignant ces domaines viticoles que nous appelons "campagnes", si bien exposés aux entrées maritimes comme Petite et Grande Rouquette, Pech-Rouge (INRA actuellement) et d'autres au-delà. A présent c'est la piste cyclable si bien adaptée aux promeneurs et amateurs qui néanmoins doivent anticiper le dépassement brutal des champions de la pédale. Les campings se succèdent autour de l'étang des Ayguades où un téleski aquatique n'a pas fait l'unanimité. Encore si le secteur de l’étang de Mateille reste préservé... sauf que la construction d'un écoquartier y est envisagée... Inutile d'employer un vocabulaire aguichant : il s'agit de construire un lotissement dans un secteur encore naturel ! Après les emplâtres de résidences de riches à Capitoul qui défigurent la Clape, ne servirait-il à rien de se targuer d'abriter un prétendu plus vaste espace naturel du Languedoc-Roussillon, classé par décret ?   

Pourtant, autour de l'étang de Mateille, le paysage rappelle ce que fut la côte avant les grands bouleversements, liés au plan Racine, de ce qui était appelé à devenir une "Nouvelle Floride" (1963). Et pas très loin à l'opposé, en haut du cimetière marin, la perle ocre de la Chapelle des Auzils rehaussée par le vert des pinèdes de la Clape, encore tendre, en totale contradiction avec la longue sécheresse actuelle (2). Au pied des garrigues, toujours la Route Bleue avec les "campagnes" de Tintaine (3) et du Bouis et, suite à l'évocation de L'Œil-Doux et après les "Yeux" des Exals, un mystérieux Œil-de-Pal indiquant une source ou un puits (4).  

Entrée de Gruissan : installation immédiate des piles achetées... Il m'est désormais possible de faire des photos !   

(1) Certains se réfugièrent aux Cabanes pour deux ou trois ans encore de camping "sauvage". 

(2) Début juillet, aux abords de la route Narbonne-Narbonne-Plage, la maîtrise d'un incendie sur des centaines d'hectares a nécessité d'importants moyens tant terrestres qu'aériens. 

(3)  TINTAINE, f. , c" de Gruissan. — Quintayne ou Saint-Félix, 1771 (comp. , p. i38). — Quintaine, 1781. (Dictionnaire topographique de l'Aude / Abbé Sabarthès). 

(4) Encore grâce à la participation du site ami "Ma Clape" : "Œil de Pal : exutoire, ouverture d'une résurgence, d'un puits, marais. Littéralement source du marais."
http://www.maclape.com/rubriques/fermes/filteringgruissan.html 
La carte de 1950 dit que ce sont des puits.