samedi 6 juin 2020

PARTIR (5) / Vigo, Galicia.

Centro_e_porto_de_Vigo wikimedia commons Author  User Dantadd

"... Nous avons accosté à Vigo ce matin. Nous y étions à 7 heures, et, à 9 heures et demie, avec Georgette et Jean-François nous avons foulé le sol d'Espagne et visité la ville..." 

620 milles marins en 38 heures soit 16,3 nds à l'heure : la pointe de la Bretagne et le Golfe de Gascogne apparemment passés sans problème. 

"... Vigo, l'eau vert-bleu de sa baie splendide inondée de soleil. Les maisons accrochées à la montagne verte. De jolies choses dans cette ria de Galice : les boutiques ouvertes toutes grandes sur la rue, un beau parc non loin du port, femmes et filles portant un panier ou fardeau sur la tête, les maris à côté, bras ballants. A la banque, les employés avaient suspendu des cruchons à rafraîchir aux fenêtres. Une église au hasard de la promenade. Le marché aux vives couleurs, aux légumes variés, aux poissons d'un bleu miroitant, des fleurs aux cent nuances. Habits vaporeux des Espagnoles, taillole rouge des garçons. belles notes locales de Galice. Une pensée pour monsieur Fariña d'ici, mon professeur d'espagnol à Prague. Dommage la fumée noire de l'Alcantara quittant son mouillage..." 
François Dedieu / lettres et notes sur le voyage en bateau de 1953.    
Vigo_dende_o_monte_do_castro wikimedia commons Author Publicada por kai670

 

Entre ALEOUTIENNES et TCHOUKOTKA, la DEESSE ! Vitus Béring

Partir, partir pour les quelques uns qui osent, sans quoi le vulgum pecus qui reste, ver de terre regardant les étoiles n'aurait personne vers qui élever sa condition depuis son HLM dans l'aire d'attraction d'une grande ville régionale. 
S'évader sans risque en pensant aux explorateurs, aux comptoirs russes jusqu'en Californie, à Vitus Béring "redécouvreur" des confins de la Sibérie et de l'Alaska. Sur terre on est dans les tempêtes de neige, le gel extrême, sur mer, avec le froid, les tempêtes, le scorbut. Sinon la glace et le feu des Aléoutiennes, des cônes volcaniques parfaits en guise d'îles. Et dire que des peuples autochtones ont réussi à s'établir dans des coins aussi improbables ! 

Entre Aléoutiennes et Tchoukotka, un archipel perdu, celui des Pribilov. Vers l'Ile de la Déesse, Georges Blond m'a entraîné. Une brume givrée la cache souvent. Seule une colonie d'éléphants de mer l'occupe. Le récit, un documentaire très détaillé, les fait vivre, se reproduire et mourir. J'ai adoré ce monde peut-être imaginé et sans l'odeur ammoniaquée des déjections animales. J'ai même pensé retrouver le livre dans mes cartons, me replonger dans cet imaginaire glacial. 

Sauf que le net impitoyable m'éclaire sur l'auteur "... Frappé d'indignité nationale et mis au ban du Conseil National des Écrivains à la Libération, il est amnistié par la loi du ..."
Amnistier c'est oublier qu'il est pro-allemand dans les années 30, qu'il participe, en 1936, au premier voyage des intellectuels français en Allemagne, qu'il traduit "Mein Kampf" en 1938, qu'en 1942 il est du second voyage dans le Reich... 

Je n'irai plus dans l'Ile de la Déesse tout comme je n'admets pas qu'on puisse aller vers Céline en oubliant toutes les insanités racistes qu'il a proférées. Plutôt lire sur les crabes géants qui rapportent tant ou mieux, chercher un bouquin sur Vitus Béring qui tourna aussi autour de la déesse...